lundi 28 février 2011

Purges...

Des deux côtés de la Méditerranée, on purge !
A Tunis, sous la pression populaire, et après des manifestations ayant fait cinq morts, exit le premier ministre du gouvernement provisoire ! Trop proche de l'ancien président Ben Ali.
En France, exit MAM, alias Michèle Alliot-Marie, caution gaulliste d'une droite à la dérive, éphémère ministre des Affaires Etrangères, qu'on découvre bling-bling et menteuse comme un gosse de sept ans. Exit aussi l'ami de trente ans, Brice Hortefeux, deux fois condamné par la Justice et pourtant toujours ministre de l'Intérieur jusqu'à hier soir !
A la place, retour de deux autres condamnés par la Justice : Alain Juppé, que les Québécois le voyant arriver chez eux en exil après sa condamnation en France, n'hésitaient pas à traiter de "criminel" dans leurs journaux. Ce qui était très excessif puisqu'il ne s'agissait que d'un délit somme toute mineur ! Et puis Alain Juppé est tout de même l'un de nos rares hommes politiques actuels à avoir la stature d'un homme d'Etat. Autre nouvel arrivant à un poste ministériel important : Gérard Longuet, héros lui aussi d'une saga judicaire dans les années 90 qui défia la chronique !
Si on établissait un parallèle entre le pourcentage d'hommes et de femmes politiques ayant affaire avec la Justice ces 30 dernières années (sans oublier les Présidents de la République eux-mêmes ou leurs enfants) avec l'ensemble de la population française, ce ne sont pas des médecins ou des enseignants qu'il faudrait former en priorité mais des milliers de magistrats !
Décidément, le pouvoir sans l'éthique conduit à la république bananière.

Nanette

dimanche 27 février 2011

Risquer l'espérance...

Encore un petit bout de rêve...
Puisque l'Académie des Césars a couronné "Des hommes et des dieux" meilleur film de l'année 2010.
Puisque Michael Lonsdale a reçu le César du meilleur acteur dans un second rôle pour son interprétation de frère Luc dans ce même film.
Puisque tout ceci veut bien dire quelque chose -et même beaucoup !- pourquoi ne pas penser que l'esprit de Tibhirine puisse ensemencer les deux rives de la Méditerranée ?
Et si, ici en France, en Europe, on regardait différemment l'autre, celui qui récite d'autres prières, qui mange selon d'autres rites alimentaires, qui lit d'autres Ecritures toutes aussi saintes que les nôtres, qui parle d'autres langues...
Et si, de l'autre côté de la Méditerranée, là où depuis deux mois, on souffre et on meurt pour une liberté enfin trouvée après des décennies de dictature, on considérait cet Occident autrement qu'en terme d'horrible colonisateur donneur de leçon et pilleur de matières premières mais comme celui qui, tout de même, a aidé à accéder à la démocratie...
Alors tout serait possible, le printemps fleurirait pour de bon.
Pour une fois, risquons l'espérance. En ce dimanche matin.

Nanette

jeudi 24 février 2011

Plus belle la jeunesse !

Belle surprise hier soir : mon histoire de "croissants à l'eau de Javel" était reprise, du moins dans l'idée, par les protagonistes de "Plus belle la vie !", ce feuilleton regardé chaque soir sur France 3 par plus de 6 millions de téléspectateurs depuis des années...
Roland, le sympathique patron du bar "Le Mistral", se faisait sérieusement enguirlandé par le jeune... (voilà que j'ai oublié son prénom, merci M. Alzheimer !) enfin, bref par ce jeune garçon fraîchement converti à l'écologie pour tenter de séduire une belle, vraiment écolo celle-là ! Donc Roland jetait en toute bonhomie et sans l'ombred'une culpabilité, tous les sandwiches, baguettes et autres invendus périssables de la journée au titre du principe de précaution, non sans les avoir au préalable aspergés de détergent. Tiens, tiens ! Et le jeune écolo de se rebeller contre un tel gaspillage, assénant même au brave bonhomme, si sympathique et si représentatif du "Français moyen", que chaque Français jetait chaque année 40 kgs de nourriture... Décidément, j'avais comme l'impression du déjà vu, déjà entendu !
Alors, bien sûr, je suis heureuse que ces idées trouvent un écho considérable auprès du grand public, celui qui aime ce feuilleton si populaire, qui colle si parfaitement aux façons de penser du plus grand nombre. Mais quand même... Pour moi, la grande leçon, c'est que le "vieux" Roland, empêtré dans sa mentalité de nanti bien nourri, dans la société aisée des Trente Glorieuses, n'ait même plus le réflexe de s'indigner devant un tel gâchis. C'est comme çà parce que c'est comme çà ! Et c'est comme çà que naissent les dictatures...
Heureusement, nos deux jeunes écolos courageux allaient ensuite faire les poubelles d'un hypermarché pour "voler" cette nourriture encore bonne et en faire profiter des mal nourris.
Avec mon petit blog, tout modeste, je n'ai pas 6 millions de lecteurs quotidiens. Mais j'en ai partout dans le monde, na !
Et je constate que, décidément, de part et d'autre de la Méditerranée, c'est la jeunesse qui réveille nos coeurs somnolents.

Nanette

mardi 22 février 2011

Peuples en marche

J'ai fait un rêve...
Et si toutes ces révolutions dans les pays arabes ouvraient les yeux et les coeurs des islamophobes de tous pays ?
Et si en France, en particulier, on changeait son regard sur les femmes voilées, les "délinquants" à la casquette à l'envers, les cités crasseuses, les dealers et les rues encombrées de musulmans priant le vendredi ?
Et si on acceptait que les musulmans, comme les chrétiens, les juifs, les bouddhistes et autres, avaient le droit de construire des mosquées chez nous pour pratiquer dignement leur religion, au nom de la loi de 1905 ?
Et si on découvrait que là-bas, de l'autre côté de la Méditerranée mais aussi ailleurs, des hommes et des femmes aiment follement la démocratie au point de mourir pour elle, qu'ils sont musulmans, pratiquants ou non, qu'ils ont fait des études comme nous, qu'ils sont cultivés comme nous, qu'ils sont au chômage comme nous, qu'ils veulent vivre pleinement leur vie d'homme comme nous, qu'ils aspirent à la liberté comme nous...
Miracle des images relayées par les satellites, qui filent à travers les nuages sans pouvoir être censurées, qui nous disent les souffrances et la détermination de peuples entiers.
L'Histoire, la grande, s'écrit heure par heure sur les écrans du monde et nous en sommes les témoins éblouis !
Je fais un rêve : nous sommes au début d'une ère nouvelle que nous décidons de partager avec ces peuples en marche.

Nanette

lundi 21 février 2011

Pleines de grâce...

Dans mon jeune temps, nous nous régalions des aventures de Delphine et Marinette, grâce à Marcel Aymé et à ses Contes du Chat Perché.
Eh bien maintenant, je me régale de ma rencontre avec Delphine et Elisabeth. Pas des héroïnes de roman, celles-là ! Des jeunes femme bien vivantes, en chair et en os, avec de beaux regards et des sourires à décrocher la lune.
Delphine et Elisabeth -ou bien Elisabeth et Delphine- je les ai rencontrées ce week-end à Lyon. Nous étions inscrites au même colloque, sur la fragilité. Deux journées passionnantes organisées par l'Arche et en présence de Jean Vanier, l'éternel jeune homme aux allures de bucheron canadien. Un couple ami de l'Arche nous accueillait toutes les trois dans sa grande maison. Personne ne se connaissait. Et ce fut magique...
Delphine et Elisabeth -décidément je peine à les séparer- m'ont apporté ce que la jeunesse a de meilleur. 22 ans, étudiantes à l'université Dauphine à Paris, en master de gestion de... je ne sais trop quoi mais qui leur permettra d'exprimer leurs talents à la fois humains et intellectuels. Immédiatement, un flux magique a circulé entre nous, non pas comme si nous nous connaissions depuis toujours (ce qui arrive avec des personnes de sa génération) mais grâce à une communion profonde de reconnaissance mutuelle. Pourtant, manifestement il ne s'agissait pas de classe sociale semblable, ni d'épaisseur de portefeuille. Pas non plus de "relations" communes qui, si souvent, servent de sésame entre gens de bonne compagnie.
Non, là il s'agissait tout bonnement de ce que je nommerais la "grâce", d'une sorte de moments hors du temps où bat à l'unisson ce que les uns et les autres ont de meilleur en eux, qui les unit momentanément et donne envie de ne pas se séparer...
De Delphine et Elisabeth, je n'ai pas voulu connaître les noms de famille. Nous avons correspondu par sms avec légèreté et douceur.
L'avenir ?
Confiance...
Plus que jamais, l'intitulé de ce blog me semble bienvenu : vieillir vivante !

Nanette

mardi 15 février 2011

Tel Louis XVI...

Ce soir, je m'identifie à Louis XVI : au soir du 14 juillet 1789,  après la prise de la Bastille, il écrivit dans son journal : "Rien à signaler". Ce qui s'appelle avoir du flair politique !
Ce soir donc, rien à signaler ? Apparemment, rien de bien saillant : une réunion ce matin dans un organisme où je suis bénévole depuis 5 ans. En surface, la routine. En souterrain, un tsunami en préparation... Avec l'illustration de toutes les petites mesquineries humaines.
Cet après-midi : quelques belles heures d'amitié passées à aider une amie à repeindre sa cuisine. En apparence, rien que de très banal. En vérité, la fin d'une histoire douloureuse et le début d'une nouvelle page de vie à écrire, plus riche et plus lumineuse. La dernière fois qu'elle repeignait sa cuisine, c'était il y a 20 ans, avec son mari. Depuis, il y a eu divorce, souffrances et tutti quanti. Cette fois, les copines font la noria et se relaient pour manier rouleaux et pinceaux pour que la vie rentre à flots...
Et puis encore, aux informations : ces milliers de Tunisiens fraîchement libérés de la dictature qui s'embarquent vers l'Eldorado européen, échouent sur l'île italienne de Lampedusa, en quête de travail, de liberté, de vie rêvée... Quelles désillusions les attendent sur le vieux continent, eux qui viennent à peine de découvrir la saveur du mot "liberté" ?
Alors, vraiment, R.A.S. en cette fin de journée du 15 février ?

Nanette

dimanche 13 février 2011

Les arbres de la fraternité

Par quelle force intérieure étaient-ils poussés, tous ces gens qui cet après-midi maniaient la pelle et le rateau, bottes aux pieds, dans ce futur verger de la future communauté de l'Arche qui, dans un an, accueillera 44 handicapés mentaux adultes dans la banlieue toulousaine ? On a creusé 44 trous pour accueillir 44 arbres fruitiers, autant que de futurs pensionnaires, prémices de récoltes à venir qui mettront en relation le monde du dedans et le monde du dehors.
Outre ce verger qui s'étoffera au fil des ans, on verra aussi surgir un potager où l'on cultivera tous ces délicieux légumes qu'on s'arrache maintenant hors supermarchés ; il y aura également une exploitation agricole et un restaurant ouvert à tous.
Voilà ce qui s'appelle de la véritable intégration dans la ville ! Mais il en faut, du courage et de l'amour, pour mettre sur pied et pour mener à bien un projet aussi intelligent, viable et prenant en compte toutes les dimensions du handicap.
Il y a là comme un îlot de paix et de fraternité qui réchauffe bien des coeurs...

Nanette

vendredi 11 février 2011

Sphinx racornis

Pourquoi faut-il qu'ils aient tous des têtes de vieux sphinx racornis ?
Tous ces dictateurs qui tiennent le haut du pavé médiatique ces jours-ci ont des "tronches" impossibles : entre Ben Ali, Moubarak, Berlusconi, lequel tient le pompon du grotesque ? Tous ont les cheveux teints de vieux beaux, tous présentent des façades tellement refaites, tirées jusqu'à en craquer,  qu'ils ne peuvent même plus sourire, ou, comme l'inénarrable Berlusconi, sont contraints à un sourire éternel...Comme la pauvre Sheila en d'autres temps ! Ah ! j'allais oublier le plus croquignolet de tous : le Lybien Khadafi qui n'a pas encore fait parler de lui...
L'un s'enfuit, terrorisé, sans même prendre le temps de remplir une valise. L'autre, après s'être vainement cramponné à son fauteuil, se réfugie quelque part aux portes du désert. Quant au troisième, il se barricade derrière son immense fortune et ses pleins pouvoirs médiatiques pour défier tout son peuple.
Et ce sont ces hommes-là qui ébranlent la planète toute entière !
Quelle peur les tenaille ?
Quelle volonté de domination les habite ?
Quelles puissances occultes les maintiennent sur leurs trônes vacillants ?
Tyrans au pied d'argile, ils peuvent s'écrouler d'une heure à l'autre, sous la pression du peuple. On déboulonnera des statues, on brûlera des effigies, on arrachera des affiches...
L'Histoire est un mouvement perpétuel.

Nanette

mercredi 9 février 2011

Coeur de brioche

Me voilà toute ragaillardie ! Après ma boulangère qui asperge ses croissants d'eau de Javel pour que les SDF ne puissent pas les manger, le soir à la fermeture de sa boutique (voir une précédente "petite ânerie), je découvre grâce à l'émission "C dans l'air" de ce jour une association qui a tout compris, elle !
Cette association nantaise accomplit quotidiennement un travail tout simple : récupérer le pain chez les boulangers de la ville pour en faire autre chose que des déchets de poubelle. Des équipes de bénévoles collectent chaque jour 2,5 tonnes de pain, soit 870 tonnes en 2010, et les transforment en aliment pour le bétail. Ce qui, en plus,  fournit du travail à 32 personnes en réinsertion ! Donc tout le monde y trouve son compte. L'atelier fonctionne à plein pour le bonheur de tous.
Quelques informations encore glanées au cours de cette émission : chaque Français jette à la poubelle 20 kgs de denrées alimentaires par an... 3 millions de Français perçoivent l'aide alimentaire. Et encore ce chiffre, terrifiant : 40% de la nourriture produite sur la planète est jetée...Une manne pour ceux qu'on appelle joliment "les glaneurs urbains". Autrement dit : les pauvres qui font les poubelles des villes. Des jeunes sans boulot, des vieux aux retraites indignes, des femmes seules avec enfants etc, etc. Toute la misère de notre société moderne.
Heureusement, il existe encore des boulangers au coeur fondant comme de la brioche !

Nanette

lundi 7 février 2011

Musulmans, mes frères

Le monde arabe est en ébullition. Partout, les peuples se posent la question de la démocratie. Après la Tunisie et sa révolution du jasmin, c'est l'Egypte qui se cherche. Après les quelques jours de grandes manifestations sur la place Tahrir, au Caire, la raison semble l'emporter chez ce grand peuple millénaire qui a tant apporté à l'Histoire du monde. Un gouvernement de transition se met en place et les Frères Musulmans feront vraisemblablement partie de ce gouvernement, portés par l'opinion publique.
Les Frères Musulmans : la seule évocation de leur nom et de leur histoire provoque une réaction islamophobe dans la majorité de l'opinion publique française et déclenche les fantasmes les plus irraisonnés. Et ce n'est pas Tariq Ramadan, petit-fils du fondateur des Frères Musulmans, brillantissime débateur et idole des jeunes des banlieues, qui rassurera la société française, bien souvent frileuse et ignorante en ces domaines.
Alors quand j'entends pour la seconde fois un prêtre africain s'élever avec véhémence, dans son homéliede la messe du dimanche, contre la démolition de 3 000 églises en France "laissant la place aux Musulmans pour construire des mosquées", je suis révoltée !
Honnêtement on ne peut comparer la situation de l'Eglise en Afrique et en France. Mais établir un parallèle entre la suppression de 3 000 églises sans intérêt architectural, sur un total de plus de 100 000 et dont l'entretien revient à l'Etat -du moins pour celles construites avant la loi de 1905- avec la construction de quelques mosquées permettant aux Musulmans de France de pratiquer dignement leur religion, me semble relever de la pire mauvaise foi.
Certes, il ne faut pas être naïf en cette matière délicate mais la paix ne pourra s'établir durablement qu'à la condition que chacun respecte l'autre dans toute son humanité, religion comprise.
Plutôt que des acteurs de guerre, soyons des "fontaines de bonne nouvelle" comme disait Jean Vanier, mercredi dernier à l'UNESCO devant plus d'un millier de personnes.

Nanette

dimanche 6 février 2011

Balade à Montparnasse

J'aime les cimetières. J'y éprouve comme une grande complicité avec ses habitants. Une sorte d'intimité à laquelle, le plus souvent, je n'aurais pas eu accès de leur vivant.
L'autre jour à Paris, l'envie m'est venue d'arpenter les allées du cimetière du Montparnasse. Un froid sec, un soleil d'hiver, un silence bienvenu dans cette ville jamais silencieuse...
Au gré des allées, des "divisions", j'ai ainsi pu saluer parmi une foule d'anonymes quelques personnalités qui m'évoquent des souvenirs, me rappellent des anecdotes, qui m'émeuvent ou me bouleversent : Maurice Couve de Murville, ancien Premier Ministre, Charles Baudelaire, le sulfureux poète des "Fleurs du mal", Maryse Bastié, la pionnière qui n'a pas terminé son vol dans l'océan ou sur une montagne, Serge Gainsbourg, l'homme à la tête de chou, Jean Sablon, chanteur pour dames, Simone de Beauvoir, la grande prêtresse du féminisme, Chapour Bakhtiar, Premier Ministre du Shah d'Iran assassiné à Paris voilà tout juste 20 ans ; et puis Nicole Louvier, mon amie, sorte de page venu d'ailleurs, des temps futurs, qui connut une gloire éphémère dans les années 50 à La Rose Rouge et ailleurs en chantant "Mon p'tit copain perdu" ou "Qui me délivrera ?" trop en avance sur son temps...
Aucune nostalgie dans ces rendez-vous. Au contraire. Un sentiment de plénitude m'envahit, comme une sorte de boucle bouclée.

Nanette

samedi 5 février 2011

Foudroyant...

Coucou, me revoilà !
Une petite semaine d'escapade normande et parisienne recharge ma pile à "petites âneries".
Et d'abord cette visite à La Foudre, ce haut-lieu dont j'ai tant entendu parler chez mes grands parents maternels et par ma mère. La Foudre, une filature de coton  dirigée par mon grand père à la fin des années 20. Des photos, des cartes postales montraient une belle grande propriété dans un parc, à Petit-Quevilly, banlieue de Rouen, pour moi synonyme de bonheur cossu, de vie aisée...
Nous voilà donc devant La Foudre, en ce dimanche matin plus que frisquet : la belle maison a disparu mais l'usine est intacte, majestueuse, invincible... Une batisse de 150 mètres de long, en briques rouges. "La Foudre a vraisemblalement constitué la plus grande unité textile réalisée en France et sans doute la plus moderne dans les années 1865. Sa taille exceptionnelle et la hardiesse de sa conception ont frappé les contemporains et en font un élément phare du patrimoine industriel français" rapporte une notice. Me voilà foudroyée !
Mon grand père a dirigé cette usine... J'ai si mal connu mon grand père, un Flamand austère et secret, d'une intégrité totale qui, jusqu'au jour de sa retraite, à 82 ans, attendait les ouvriers à la porte de l'usine à 6 h 55 tous les matins, le chapeau sur la tête, non pour les surveiller mais pour montrer l'exemple. A cette époque il dirigeait une autre filature de coton, mais à Roubaix.
Pourquoi à Roubaix ? Parce que la filature de La Foudre, comme tant d'autres usines, fit faillite en 1932, en cette terrible époque de la grande crise économique. La Foudre employait 700 personnes.
700 familles qui du jour au lendemain se retrouvèrent sans travail ni ressources. Il n'y avait ni allocations de chômage ni syndicat -ou si peu !- en ce temps-là où l'on sortait tout juste de la Grande Guerre.
Comme j'aurais voulu entendre mon grand père raconter ses souvenirs...
La Foudre est ensuite devenue une caserne.
Et dans quelques mois sera inauguré "Seine Innopolis", un site "dédié aux technologies de l'information et de la communication"...
Mon cher grand père, n'écoute pas ! Ce n'est pas pour les grandes personnes, ce machin-là !

Nanette