vendredi 26 août 2011

Petite chronique vestimentaire

Pour une fois, j'ai envie de pousser un (petit) coup de gueule : récemment, un court reportage aux informations télévisées montrait des touristes arpentant les travées de la basilique de Fourvière à Lyon ; shorts ultra-courts, dos nus et décolletés plongeants pour les dames et demoiselles; shorts, débardeurs et bras nus (sans parler des sandales, voire des tongs) pour ces messieurs. Le journaliste interroge : "çà ne vous dérange pas d'entrer habillés comme çà dans une église ?" Réponses de ces messieurs-dames : "Je ne suis pas croyant, alors pour moi c'est un monument comme un autre" ; "On est dans un état laïc, pour moi c'est comme si j'étais dans un musée" ; un jeune homme pourtant modère : "A la cathédrale de Milan, on ne les laisserait pas entrer habillés comme çà".
Il me revient en mémoire une anecdote : il y a quelque temps, j'étais à Notre-Dame de Paris, un monsieur portait un petit chien dans ses bras et voulait continuer à avancer dans la nef. Un prêtre l'aborde et lui demande gentiment mais fermement de bien vouloir sortir, les animaux n'étant pas admis dans la cathédrale. Réponse du monsieur-au-chien : "Je suis libre de faire ce que je veux, vous n'avez pas d'ordre à me donner !" Le prêtre insiste : "Nous avons reçu de la ville de Paris la mission de faire respecter la loi à l'intérieur de cet édifice" et de pousser fermement le monsieur et son chien-chien vers la sortie !
Ont-ils déjà essayé d'entrer "habillés comme çà", avec ou sans animal dans les bras, dans une mosquée ou une synagogue, ces messieurs-dames tellement mal élevés ?
Mais je dois être décidément très, très, très bégueule...

Nanette

dimanche 21 août 2011

De Madrid à New Delhi : l'espoir !

Beau dimanche ! Voilà que de Madrid à New Delhi se lève enfin un nouvel espoir ! Les peuples jeunes se mobilisent par millions pour résister, chacun à sa manière.
A Madrid, après une nuit d'orage, heureusement moins dramatique qu'en Belgique, près de 2 millions de jeunes venus de 193 pays, ont participé à la messe de clôture des JMJ. Et ce "monsieur tout blanc" comme le chantait Léo Ferré a su leur transmettre la gravité qui l'habite, transformant un enthousiasme souvent débordant en une intériorité quasi mystique. Oui, les choses changent dans l'Eglise catholique. Et Benoît XVI, ce grand intellectuel sensible et artiste, pénétré de son rôle de pasteur universel, fragile et malade, succédant à un Jean-Paul II en prise directe avec les jeunes du monde entier, a réussi ce tour de force de transformer les coeurs : d'une religion culturelle apprise de nos parents, nous sommes en train de passer à une foi personnelle, intériorisée, choisie. Tous ces jeunes, sur le tarmac de l'aéroport militaire de Madrid, en étaient la preuve éclatante. Nul débordement, aucune agitation, pas de cris îdolâtres. La gravité était palpable, enveloppait l'immense sanctuaire dressé en plein air. Pour la plupart, ces jeunes n'ont pas connu la religion culturelle de leurs ancêtres et sont confrontés à l'indifférence généralisée et au multiculturalisme ; ils cheminent avec le Christ parce qu'ils l'ont choisi.
Et puis à l'autre bout du monde, en Inde, voilà que par millions aussi des jeunes se soulèvent pour soutenir l'action d'un septuagénaire impétueux, celui qu'on appelle déjà "le nouveau Gandhi" : Anna Hazare, 74 ans, qui dénonce la corruption qui a envahi tous les rouages du pays. Le gouvernement s'inquiète, fait mettre l'homme en prison parcequ'il devient dangereux, avec sa volonté de faire la grève de la faim. L'arrête puis le relâche devant l'ampleur des manifestations !
Décidément, tout n'est pas perdu.L'espérance n'a pas dit son dernier mot.
Et "l'affaire DSK" qui refait surface, n'en devient que plus minable... et insignifiante !

Nanette

samedi 20 août 2011

Marciac blues...

Quelle étrange sensation...Chaque année, c'est la même chose mais cette fois-ci les langues se délient : la bouchère me dit être "perturbée", mon amie Maryse s'avoue toute barbouillée, sans énergie, toute flasque... Barbara-l'américaine pense que tout le village subit une déflation généralisée et que les énergies se sont enfuies en même temps que l'énorme chapiteau de 5 000 places!
Bref, le Marciac d'après festival se dégonfle comme une vieille baudruche ! Il paraît même qu'une jeune femme a préféré déménager, voici quelques années, tant cet après-festival la mettait dans un état schizophrénique.
A vrai dire, il y a de quoi : pendant 18 jours, cette année, la bastide gasconne passe de 1 200 âmes à 200 000, le quotidien est chamboulé, les relations de voisinage n'existent plus, le calme et le silence -qui sont la richesse du village- se sont volatilisés. On reçoit, on accueille, on partage ; les cousins, les amis, les enfants, petits-enfants se succèdent à la maison ; la vie entre à pleins poumons dans la bastide.
Et puis, oups, d'un coup de baguette magique, plus rien : les baraques, les stands, les chapiteaux, ont disparu dans la nuit. Ne subsistent que les containers débordant de bouteilles vides, de sacs poubelle autour desquels s'activent les employés municipaux.
Alors on se frotte les yeux : ce n'était qu'un rêve ?
Il y a de quoi en effet perdre la boule...
J'en parle d'autant plus facilement que j'ai retrouvé mon autre "chez moi", en ville cette fois.
Mais je comprends que pour ceux qui vivent à longueur d'année à Marciac, le réveil est rude et qu'il faut une bonne dose d'équilibre, d'intériorité pour vivre ces à-coups répétés sans subir le fameux "blues post-partum" bien connu des mères !
Il n'est pas si facile de vivre à la campagne, les premiers enthousiasmes passés. Celà demande qu'on puisse se suffire à soi-même, trouver en soi la nourriture nécessaire et suffisante pour ne pas dépendre de tous ces apports extérieurs que l'on nomme, à tort, "civilisation".
La vraie vie a repris à Marciac, comme dans toutes ces communes qui chaque année un peu partout en France accueillent des festivals en tout genre.
Maryse et Ingrid ont repris le chemin des "jardins partagés".
Barbara a retrouvé son énergie en cueillant ses pommes et ses tomates, qui l'attendaient en rougissant.
La bouchère continue de proposer des tranches de gigot d'agneau élevé à quelques kilomètres de là.
Le sommeil d'Alice ma voisine n'est plus interrompu par les vociférations bien arrosées d'adolescents découvrant les joies de la liberté... Et Josette n'en finit pas de ramasser ses haricots verts pléthoriques cette année, à tel point qu'elle les distribue à tout le monde : "C'est le resto du coeur ici, dit-elle ; je ne sais plus quoi en faire !"
"Dieu s'est arrêté à Marciac" écrivait joliment Christian Bobin dans son livre "Ressusciter".
Et s'il avait raison ? Peut-être f aut-il un temps entre parenthèses, comme celui du festival, pour en apprécier la saveur...