vendredi 21 décembre 2012

De Katerina à Sandy

Nous y sommes ! C'est aujourd'hui "la fin du monde"... Encore quelques heures et nous saurons si nous sommes vivants ou morts.
Cette journée du "même pas peur" m'oblige à faire un rapprochement entre deux événements récents : le concert donné le 12 décembre au Madison Square Garden de New York en faveur des sinistrés de l'ouragan Sandy qui a en partie ravagé Manhattan en octobre dernier et le film "Les Bêtes du Sud sauvage".

Sandy a causé la mort d'un peu moins de cent personnes à New York et entraîné quelques milliards de dollars de dégâts. Une pléiade de stars -Bruce Springsteen,  Paul McCartney, Diana Krall, Bon Jovi, Dave Grohl, Krist Novoseli du groupe Nirvana, entre autres- ont offert cinq heures de spectacles au profit des sinistrés de Sandy, spectacle vu par deux milliards de spectateurs...
 L'ouragan Katerina qui, en 2005, dévasta La Nouvelle Orléans et une bonne partie de la Louisiane, entraînant la mort de milliers de pauvres gens laissés à l'abandon par les pouvoirs publics de l'administration Bush sert de toile de fond à ce film magnifique, "Les Bêtes du Sud sauvage", couronné par une pluie de récompenses internationales. Une petite merveille due à un jeune réalisateur américain qui nous offre une sorte de fable onirique à l'imaginaire flamboyant dont on ressort dopé à l'espérance. Comment, d'une tragédie naturelle, dévastatrice et mortelle, transformer ce malheur en une fête quotidienne où la fraternité, l'amour, le courage et l'intelligence peuvent redonner l'élan vital pour continuer sa route.
C'est tout bonnement superbe.
Un espoir : que les foules -pourquoi pas deux milliards de spectateurs...- se précipitent pour absorber cette goulée d'antidépresseur sans effets secondaires nocifs !
Un autre espoir encore : que les millions de dollars collectés au Madison Square Garden soient partagés entre toutes les victimes de Katerina et de Sandy : les New Yorkais mais aussi les habitants de la Louisiane... et les Haïtiens dont on a si peu parlé !
Un voeu de fin de ce monde.

Nanette

mardi 11 décembre 2012

Jeu divin

Juste comme çà pour rire un peu.
Demain, nous serons le 12, 12, 2012. A 12 h 12 à Rodez, Aveyron (département 12), une bande de joyeux drilles s'époumonera dans des trompettes et autres instruments à vent pour célébrer l'événement tandis qu'à La Douze, petit village de Dordogne, on en fera autant.
Et puis la semaine prochaine, on nous promet à grands renforts de délires cosmiques la fin du monde, rien que çà, pour le 21 décembre ainsi que le prévoit le calendrier maya... Seul sera épargné le petit village audois de Burgarah dominé par sa montagne magique qui devrait attirer une foule de journalistes et de personnages plus ou moins fondus...
Mais moi, celui que j'attends comme le Messie, c'est le jour précédent cette parousie : le "je dis vingt" ou bien le très lacanien ""jeu divin", mystérieux et fascinant.
Dieu doit bien avoir sa place dans tout ce grand chambardement interplanétaire... Sinon Il ne serait pas Dieu ! Et il faut bien qu'Il arrive avant tout le monde pour jouer au chef d'orchestre...
J'ai hâte !

Nanette

lundi 10 décembre 2012

Depardieu, DSK, Silvio... et "Amour"...

Dur, dur ce début de semaine...
Les infos pleuvent de tous côtés, plus chahuteuses les unes que les autres !
Gérard Depardieu, notre grand Gégé, l'acteur le plus doué de sa génération, celui qui a su incarner les plus beaux personnages de notre histoire et de notre littérature (souvenons-nous de lui dans "Germinal", "Le colonel Chabert", "Tous les matins du monde", "Le dernier métro", "Les valseuses", "Jean de Florette", "Sous le soleil de Satan" et tant d'autres chefs d'oeuvre...) s'en va derrière la frontière, juste derrière, à 300 mètres juste ce qu'il faut pour échapper au fisc français ! Quelle tristesse ! Il va rejoindre, dans "la rue des milliardaires" du petit village de Néchin en Belgique ses copains bourrés de fric comme lui. Il vient d'acheter, non pas une splendeur architecturale digne d'un Oscar Niemeyer ou d'un Le Corbusier, mais l'ancienne maison des Douanes... Tristesse ! Il a choisi, dit-il, la convivialité ; il a envie d'aller acheter sa viande chez le boucher du coin, a-t-il dit au maire du village... Et sans doute le verront-ils, tous ces anciens gars de Germinal, engloutir des moules-frites arrosées de bière à l'estaminet du coin.
En éprouvera-t-il du plaisir, de la joie peut-être ? Ou bien cette adresse belge ne sera-t-elle pour lui qu'une sorte de boîte aux lettres, une adresse quasi-fictive tandis qu'il naviguera en France et ailleurs, parmi ses vignobles et ses châteaux ?
Mais laissons Depardieu. Et gardons de lui ses prouesses d'acteur. (Je ne peux m'empêcher de penser à cet autre magnifique acteur qui, lui, demeura jusqu'au bout en France, dans la plus grande discrétion, Philippe Noiret, l'égal de Depardieu...)
Autre "artiste" sur la sellette aujourd'hui : DSK. Dans quelques heures nous saurons si le tribunal de New York clôt définitivement le dossier de son affaire avec la jeune femme de chambre du Sofitel. Nous ne connaîtrons pas officiellement le prix de la tractation entre les protagonistes mais déjà les medias avancent la somme fabuleuse de 6 millions de dollars... Et puis exit DSK ! Du moins pour cette affaire.
Pouah !
Le Prix Nobel de la Paix, attribué à l'Union Européenne, doit être remis aujourd'hui à Oslo. Et voilà que, là encore, la polémique fait rage.... Tristesse encore ! On avait évoqué la possibilité d'envoyer à Oslo quelques enfants, des petits-enfants de déportés des camps nazis, ce qui aurait été un beau symbole. Mais disparue, cette belle idée. Le Premier Ministre britannique, David Cameron, fulmine et refuse d'aller à Oslo. Notre François Hollande y sera mais ne recevra pas le prix, ce qui se comprend. On a désigné trois présidents, celui du Conseil de l'Europe, celui de l'Assemblée européenne et un troisième inconnu pour recevoir ce prestigieux encouragement à la paix. Comme si personne ne voulait prendre le risque de l'espérance...
Enfin, et pour clore en beauté, voici que surgit de l'horizon, non pas Zorro, mais l'inénarrable Silvio !!! Berlusconi himself, plus tiré, tendu, refait que jamais. La momie italienne sortie tout droit de ses somptueux palais transformés en lupanars pour vieillard libidineux.
Et voilà que c'est toute l'économie de l'Europe du Sud qui risque de chavirer à son tour, les hommes d'affaires et les banquiers craignant fort le retour de ce milliardaire prompt à détricoter ce que le Président du Conseil Monti  a si intelligemment réussi à mettre en place. Mais espérons que le peuple italien n'ira pas jusqu'à rendre son trône à ce sinistre personnage...
Reste alors un possible rayon de soleil dans toute cette grisaille : peut-être le film d'Haneke, "Amour" qui nous a tant touché et émerveillé, sera-t-il présenté aux Oscars d'Hollywood... Et s'il emportait la prestigieuse statuette dorée ? Quelle réponse à tous ces clapotis de cloaque... Un véritable arc-en-ciel dans un ciel d'orage.

Nanette

samedi 8 décembre 2012

Le pavé de Cécile Duflot (suite)

C'était à prévoir et c'est arrivé!
Le pavé dans la mare lancé cette semaine par Cécile Duflot, notre ministre Verte du logement (et non de l'écologie comme écrit par erreur !) a fait plus que des ronds dans l'eau. Un véritable tintamarre médiatique !
Et les premiers à pousser des cris d'orfraie furent, bien entendu, les responsables des institutions catholiques..."L'Eglise n'a pas attendu Cécile Duflot pour s'occuper des sans-abri" a-t-on entendu sur toutes les ondes, à travers toutes les interviewes télé, à longueur d'articles de journaux.
Certes, des milliers de bénévoles s'activent depuis des lustres, sous la houlette des autorités ecclésiastiques, pour venir en aide aux plus démunis et ce n'était pas le propos de la ministre de les fustiger.
Il est significatif, pourtant, que les représentants de l'Eglise aient réagi si vite et tellement sur la défensive alors qu'en fait Cécile Duflot s'était adressée à tous les propriétaires de locaux inoccupés : banques, compagnies d'assurances, armée, SNCF, Eglise. Une sorte d'appel au secours pour venir en aide à ces milliers de personnes en détresse, toujours plus nombreuses.
Pourquoi donc faut-il toujours que la plupart des medias soupçonnent ceux qui nous gouvernent, à quelque niveau que ce soit, d'intentions machiavéliques ? Pourquoi ne pas admettre la bonne foi, l'honnêteté, le désir de bien faire sans arrière pensée politicienne lorsqu'il s'agit de soulager le malheur des autres ?
Et pourquoi les medias n'ont-ils interrogé que les instances catholiques ? Pourquoi ne se sont-ils pas intéressé aux réactions des PDG de banques ou de compagnies d'assurances ? Ce qui aurait évité à Christine Boutin de monter une fois encore au créneau en parlant de "catholiphobie" !
De tout ce tohu-bohu, espérons en tout cas qu'il sortira quelque chose de positif ; que des hommes et des femmes de bonne volonté, toutes origines confondues, se mettront autour d'une table pour trouver ensemble des solutions à ce scandale de nos sociétés surprotégées.

Nanette

lundi 3 décembre 2012

Sans-abri : vas-y, Cécile Duflot !

Cécile Duflot, notre sympathique et fougueuse ministre de l'écologie, vient de lancer un pavé dans la mare qui, je l'espère, fera des ronds dans l'eau.
Elle vient d'écrire au P.D.G. de la SNCF et à l'archevêque de Paris, le cardinal Vingt-Trois, pour leur demander de mettre à la disposition des sans-abri quelques-uns des multiples locaux inoccupés qui leur appartiennent.
Enfin un ministre qui ose briser le tabou de la bien-pensance ! Quoi de plus scandaleux, en effet, que ces innombrables locaux vides, à travers tout le pays, alors que des centaines de milliers de pauvres hères grelottent et parfois meurent de froid dans un pays aussi privilégié que le nôtre ? A longueur de reportages, on nous parle de ces familles monoparentales, de ces mères de famille essayant de protéger leurs bébés, leurs enfants sous des portes cochères, sous des cartons, sous des ponts, dans des tentes enfouies au fond du bois de Vincennes ou d'ailleurs alors qu'en même temps des prélats se "prélassent" dans des évêchés, archevêchés, presbytères bien chauffés, bien nourris, bien proprets, où les meubles anciens fleurent bon la cire...Et que dire de ces locaux de congrégations religieuses, de ces monastères aux trois quarts vides, pour ne pas dire aux neuf-dizième où à longueur de journées, parfois de nuit même on chante les psaumes, on lit les plus beaux textes du monde écrits sous l'inspiration divine depuis des millénaires...
Où est la cohérence évangélique ?
Quelle image désastreuse offerte à tous ceux qui ne croient ni en Dieu ni au diable mais n'hésitent jamais à tirer à boulets rouges sur le christianisme, sur toutes les religions même. Ne vaudrait-il pas mieux que ces hommes et ces femmes qui ont fait don de leur personne au Christ et à son enseignement ouvrent toutes grandes les portes de leurs coeurs, de leurs maisons bien chauffées, de leurs cuisines bien fournies plutôt que de défiler dans les rues pour protester contre le mariage homosexuel qui ne concernera qu'une infime minorité de personnes. Oui, bien sûr, il convient de réfléchir à ce problème de société mais de grâce relisons les Evangiles : où et quand le Christ a-t-il condamné une personne pour ses choix de vie ? La femme adultère ? Jamais ! La pécheresse ? Pas davantage. Les seuls qui n'ont pas trouvé grâce à ses yeux, ce sont les marchands du temple de Jérusalem ; il les en a chassés très vigoureusement.
Où est-il, le nouvel abbé Pierre qui nous manque tant avec ses coups de gueule à faire soulever des montagnes d'indifférence ?
Allez, ma Cécile passionnée, mère de quatre enfants, vas-y, continue, secoue-les encore et toujours, sans penser à ton plan de carrière ou à ton élection à Paris en 2014 !
La France des pauvres, des mal logés, des mal nourris, des mal foutus t'accompagne.
Ils sont des millions...

Nanette

lundi 19 novembre 2012

Automne gascon...

Pour une fois...
Mon petit paradis perso... au plus secret de la Gascogne !
Ma thébaïde dans un éblouissement de couleurs automnales...
Pour vous, mes lecteurs inconnus, aux quatre coins du monde, et qui pourtant me sont  si chers.

Nanette

vendredi 16 novembre 2012

"Amour" : "tout est accompli"

Etonnant constat : "Amour", le film de Michael Haneke qui a obtenu la Palme d'Or à Cannes en 2012, n'a attiré que 120 000 spectateurs après un mois de diffusion sur les écrans.
On peut parler d'échec, d'autant que ce film, porté par deux acteurs au sommet de leur art, Emmanuelle Riva et Jean-Louis Trintignant, tous deux tellement justes dans leurs rôles, a bénéficié d'une publicité plus que massive dans les medias.
Comment alors expliquer un tel naufrage ?
Peut-être tout d'abord à cause justement de tout ce battage fait autour du film avant sa sortie. La plupart des critiques l'ont présenté comme tellement dur, tragique, dramatique, tout en parlant de chef d'oeuvre, qu'il n'est pas étonnant que le public ait fui ! Et puis le contexte actuel ne se prête guère à ce type de réflexion sur ce sujet ultime qui, de toutes façons, concerne tout un chacun. Dans quelques semaines,  les députés débattront à l'Assemblée Nationale d'un projet de loi concernant la fin de vie et déjà les journaux de toutes sensibilités  nous abreuvent d'articles sur l'euthanasie et tout ce qui s'y rapporte. La mort rôde à chaque page et on voudrait y échapper...
Alors, on comprend que certains éprouvent un sentiment de ras-le-bol devant cette évidence qu'ils ne pourront refuser et qu'ils se privent d'aller voir ce chef d'oeuvre !
Car c'est bien d'un chef d'oeuvre qu'il s'agit.
Présenter avec une telle justesse, une telle force et tant d'honnêteté cet accompagnement vers la mort d'un vieil époux envers sa vieille épouse est une véritable prouesse. Tout est délicat, sobre, rempli de tendresse et d'amour infini entre ces deux êtres que la vie a rapproché. Rien ne peut les séparer, pas le moindre geste de rejet, de retenue de la part de cet homme vieillissant lui aussi envers cette vieille femme qui, lentement, se délabre et descend vers la mort.Avec un tact infini, un respect mutuel, ces deux êtres acceptent l'inéluctable sans jamais sombrer dans le pathos ou la sensiblerie.
Mais peut-être faut-il avoir soi-même vécu de tels moments, de tels accompagnements de ses parents, d'un oncle, d'une tante, d'amis très chers pour pouvoir accepter de se laisser irriguer par tant d'amour, d'agapé offert sans rien en attendre en retour si ce n'est le sentiment que "tout est accompli".
Oui, tout est accompli, et bien accompli.
Tel était le sentiment qui m'habitait, lorsque la lumière s'est rallumée dans la salle, muette mais non terrorisée, à la fin du film.
Une sorte d'apaisement m'envahit, comme si peu à peu j'apprivoisais la camarde qui viendra un jour m'enlever à cette terre...
Alors, puisqu'il en est temps encore, courez voir "Amour", vous en sortirez grandi !

Nanette

dimanche 11 novembre 2012

Caroline et Charles, sous l'Arc de Triomphe

Longtemps ces deux enfants-là garderont au fond de leur coeur cette cérémonie du 11 novembre vécue aux côtés du président de la République, François Hollande, à l'Arc de Triomphe, à Paris.
La blonde et sensible Caroline, bien serrée dans son manteau bleu à carreaux et Charles, l'adolescent sombre et si triste vêtu d'un jean et d'un pull blanc, les dents serrées et le visage fermé, avaient été choisis pour cet hommage de la France à ses soldats tombés sur les champs de bataille parce que leurs pères ont été tués en Afghanistan ces derniers mois. Le père de Caroline, en janvier dernier, celui de Charles au mois d'août. Treize soldats français sont morts en Afghanistan ces douze derniers mois.
Beaucoup d'autres orphelins, d'épouses, de mères pleurent sous tous les cieux pour de semblables drames...

Cette année, plus que pendant le quinquennat précédent, la cérémonie du souvenir de la fin de la Grande Guerre puis de toutes celles qui lui ont succédé, sur tous les continents, faisant des millions de morts, s'est voulue d'une grande sobriété, d'un authentique recueillement. Pas de troupes actives mais seulement des élèves des différentes écoles militaires, rangées autour de la place Charles-de-Gaulle ; pas de discours officiel du Président de la République après avoir ranimé la flamme mais de longs échanges avec les familles des soldats tués et les représentants des nombreuses associations d'anciens combattants. Pas de bain de foule exubérant mais des rencontres multiples avec des gens venus de toute la France. Après le dépôt de gerbe au pied de la plaque rappelant l'appel à résister à l'occupant allemand, le 11 novembre 1940, lancé par les lycéens d'Henri IV, François Hollande s'entretint aussi avec des lycéens d'aujourd'hui.
Oui, ce fut une cérémonie digne et sereine. Comme si le temps des retrouvailles entre Européens était enfin venu, salué par le prix Nobel de la Paix décerné à l'Union Européenne.

Charles et Caroline -ces adolescents meurtris portant des prénoms de prince et de princesse- portent désormais en eux ces images inoubliables : leurs mains mêlées à celle du Président Hollande sur l'épée pour ranimer la flamme du soldat inconnu, leurs noms inscrits sous celui du Président sur le livre d'or de l'Arc de Triomphe, leurs visages graves disant leur émotion en écoutant la sonnerie aux morts... "Mon père, c'est mon héros, dit Caroline à une journaliste peu après ; mais tous, ce sont des héros !"

Nanette

mercredi 7 novembre 2012

Ouf !!!

Bonheur de la nuit...
Suivre minute après minute la fin de ce mano a mano américain, état après état, d'un océan à l'autre, l'oreille collée à la radio. Et puis enfin aux environs de 5 heures, le résultat tant attendu : Barack Obama reste à la Maison Blanche pour quatre années supplémentaires...
Certes, comme chez nous en France, il s'agit davantage d'un vote d'opposition à un Parti Républicain ayant trop tiré sur sa droite (Nicolas Sarkozy s'en mord encore les doigts !) mais surtout les électeurs américains ont prouvé au monde entier que, malgré la profondeur de la crise, malgré une société multicolore, multi-religieuse, malgré un taux de chômage avoisinant les 8%, le mot "espoir" demeurait l'un des plus beaux du dictionnaire.
"Nous sommes une grande famille américaine" a lancé Obama aux 15 000 volontaires survoltés venus l'applaudir à Chicago quelques heures après le résultat du vote. C'est la clé, sans doute, de la réussite de ce Président hors-normes : une capacité à trouver les mots justes pour souder une nation, comme savaient le faire ses grands ancêtres aux moments les plus sombres de l'Histoire. Et c'est bien ce qui nous manque, à nous Européens toujours prêts à nous critiquer, à nous dénigrer, à nous désespérer...
Oui, la journée est belle.
Et puis sur France Musique, "Don Juan" de Mozart...
Et puis cette information encore : dans un super-marché du nord de la France, une grande marque de viande pré-emballée n'a pas hésité à apposer un antivol sur ses paquets d'entrecôtes et de faux filet à 20 euros le kilo...
Malheur aux pauvres...

Nanette

mardi 6 novembre 2012

Bienfaisants ouragans...

Passionnante Amérique !
Deux cents millions d'Américains votent aujourd'hui pour élire leur nouveau Président et la planète retient son souffle : Romney ? Obama ? Deux conceptions de l'humanisme, deux visions du monde... Et voilà qu'un méchant ouragan, Sandy, bouleverse la donne. New York, la ville la plus high tech du monde, se retrouve plongée dans l'obscurité,  les inondations et la panique. On déplore la mort de près de cent personnes dont quarante à New York. Heureusement les services publics, l'armée viennent en renfort, ceux-là même que Romney veut réduire à la portion congrue. Bons points pour Obama qui, lui, favorise le maintien de solides services publics.
Un peu plus au nord, au Québec, nouveau coup de tabac : Gérald Tremblay, le maire de Montréal, est contraint de démissionner, emporté par le scandale de l'affaire Zambito, cette courroie de transmission de la mafia sicilienne qui, depuis des années, gangrène le monde de la promotion immobilière, tant au Québec que dans les hautes sphères politiques de Toronto. Peu à peu, à travers les interrogatoires des différents protagonistes de ce scandale diffusés en direct sur la chaîne de la télévision nationale canadienne, on découvre à quel point tout le monde a trempé dans les pots de vin ! Du plus petit ingénieur en poste dans l'administration au chef de service en passant par les élus au pouvoir, chacun a fait sa pelote et des millions de dollars se sont ainsi évaporés au détriment des finances publiques.
Après "l'affaire des commandites" qui, il y a quatre ans, avait déjà sérieusement ébranlé la confiance des Québécois envers leur classe politique, ce nouveau scandale de corruption ne peut qu'apporter de l'eau au moulin de Pauline Marois, la toute nouvelle "Première Ministre", membre du Parti Québécois séparatiste. Elle saura sans doute tirer parti de cet épisode de grand nettoyage ! Un grand coup de balai salutaire. Mais les hommes n'étant que des hommes...
Pendant ce temps-là, faut-il y voir un signe, des milliers de personnes, réunies par une même spiritualité "cosmique", étaient invitées à penser, prier, méditer à travers la planète entière toute la journée d'hier pour que la paix advienne, aux Etats-Unis pour l'élection du Président mais aussi ailleurs, sur tous les continents...Le vent Paraclet, sollicité par ces âmes de bonne volonté, sera-t-il assez puissant pour infléchir l'ordre des choses dans la bonne direction ?
Il faut y croire...

Nanette

mardi 16 octobre 2012

Bien cher bobo québécois...

Petite anecdote québécoise à l'attention des atrabilaires toujours mécontents de nos services de santé français...
Lors de mon séjour à Montréal, fin septembre, j'ai du avoir recours à un médecin pour une broutille qui aurait pu tourner. Je m'adresse donc à un hôpital public où on me réclame 600 dollars (soit 450 euros) pour une consultation sans rendez-vous et sans possibilité de choisir le médecin. Refus de ma part. Je me tourne alors vers une clinique privée : rendez-vous dans les heures qui suivent avec un médecin québécois.
En tant que "non résidente", j'ai payé : 125 dollars (100 euros) d'ouverture de dossier + 150 dollars de consultation (25 minutes), le tarif de base étant de 120 dollars pour 20 minutes. Soit 30 dollars pour 5 minutes supplémentaires.
Ma broutille m'a donc coûté 275 dollars. La moitié du prix du billet d'avion.
J'ignore combien nos cousins québécois devraient débourser en France pour une telle consultation. Sans doute beaucoup moins.
Vive la Sécu !

Nanette

lundi 15 octobre 2012

Quelques miettes du Nobel de la Paix...

Bien sûr que le Nobel de la Paix à l'Union Européenne est un merveilleux message d'espoir donné à tous les artisans de paix à travers le monde ! Et foin des grincheux qui, selon leur bonne habitude, dénigrent cette attribution et inventent toutes sortes de prétextes pour vider le fiel dont ils sont remplis.
Il paraît qu'il était question de donner ce prix à l'U.E. depuis longtemps déjà mais les jurés ont eu raison d'attendre que nous soyons au creux de la vague pour nous tendre la perche de l'espérance et du courage !
De tous côtés, le navire prend l'eau : les Flamands, les Catalans, les Ecossais veulent voguer de leurs propres ailes, réduire leur pays à un confetti, brandir des bannières et des oriflammes aux couleurs du "chacun pour soi". Et que dire des Québécois, chez qui je viens de passer 15 jours, qui ne jurent que souveraineté et séparatisme... du moins les francophones ! Tous n'ont qu'un mot à la bouche : ne rien partager, ne rien donner aux plus pauvres vivant près de nous. Les Wallons ? Qu'ils se débrouillent ! Les Espagnols du Sud ? Que nenni ! Les Anglais ? Nous voulons garder pour nous les bénéfices de nos ressources pétrolières...
Pendant ce temps, d'authentiques artisans de paix oeuvrent en silence et au péril de leur vie pour que fleurisse le "printemps arabe", pour que progresse la démocratie dans les coeurs et les esprits d'hommes et de femmes encore malhabiles en matière de droits de l 'homme, de justice sociale et de séparation des pouvoirs.
Mon amie Mérhézia, "femme de l'aurore" au grand coeur, s'attire bien des inimitiés. La voilà maintenant sous la protection de gardes du corps tant son courage pour faire progresser la démocratie en Tunisie en indispose certains...
Donnons-leur du temps, encore et encore pour faire cet apprentissage.
Et pourquoi pas aussi ce Nobel de la Paix à tous ces hommes et ces femmes qui n'hésitent pas, tel mon ami Bernard, à se donner corps et âme pour une cause perdue d'avance : faire éclater au grand jour le scandale de ces milliers de femmes, de fillettes violées, tuées, transformées en esclaves sexuelles dans le silence assourdissant des pays riches pillant les réserves africaines de minerais précieux ?
Ces exemples, on pourrait les multiplier à l'infini.
Alors, s'il vous plaît, messieurs-dames les jurés du Nobel de la Paix : gardez quelques petites miettes de votre belle couronne de lauriers pour ces inconnus qui ne feront jamais la "une" des journaux... Ils méritent notre admiration tout autant que les pionniers de l'Europe enfin en paix !

Nanette

vendredi 12 octobre 2012

Nobel de la Paix : courage, l'Europe !

Les jurés du Prix Nobel de la Paix ont donc choisi : l'Union Européenne rejoint les plus grands artisans de la paix que l'après guerre ait connu. Voilà l'U.E. compagne de Mère Teresa, Aung San Suu Kyi, le Dalaï Lama, Martin Luther King, Nelson Mandela, Albert Schweitzer, Yitzhak Rabin mais aussi Amnesty International ou Médecins sans Frontières... et tant d'autres phares de nos civilisations malmenées.
Quelle merveilleuse initiative ! Juste au moment où tant de pays européens cèdent aux sirènes du repli identitaire et de l'extrême droite, les Nobel ne pouvaient pas donner une plus belle leçon d'espérance qu'en décernant leur prestigieuse récompense à l'ensemble des peuples d'Europe. Voilà qui, espérons-le, va encourager chacun, des plus optimistes aux plus pessimistes, à se retrousser les manches pour participer à cette formidable aventure qu'est la construction européenne.

Evidemment, il faut avoir vécu la guerre ou ses conséquences immédiates pour savourer tout ce que représente cette décision. Plus jamais la guerre, semblent nous dire les Nobel, reconnaissant par là l'énorme avancée de l'oeuvre pacificatrice initiée par les pères de l'Europe dès les années 50. En accordant le Nobel de la Paix à l'Union Européenne, ce sont les Jean Monnet, les Robert Schuman, les Spaak, les Adenauer, les de Gaulle et tant d'autres hommes et femmes dont l'Histoire retiendra les noms qui reçoivent une part de cette récompense.
Mais peu importe que les plus jeunes ignorent les détails de cette construction européenne, si fragile aujourd'hui. L'avenir, ce sont eux qui le forgent. C'est à eux surtout que ce prix est attribué, à eux pour qu'ils le reçoivent comme un viatique leur donnant la force et le courage de poursuivre, contre vents et marées. Foin des agences de notation, des prévisions des économistes et des mauvais augures.
Avec l'attribution de ce prix, le jury du Nobel veut donner un message aux Européens : ayez confiance, vous avez déjà fait de si belles choses... Continuez ! Yallah ! dirait soeur Emmanuelle.
Quant à Jean Vanier, ce cher grand Jean Vanier qui, lui aussi, figurait parmi les 250 candidats au Prix Nobel, il doit être très heureux du choix des Nobel. Entre artisans de paix, on a l'âme grande...

Nanette

lundi 17 septembre 2012

Le Louvre comme antidote

Entrechocs de l'actualité : au moment où toutes les radios et télévisions du monde nous donnent à connaître des scènes de pillage, de mort et de destruction d'un bout à l'autre des pays musulmans pour un stupide petit film de quatorze minutes caricaturant le Prophète Mohamed, le tout expédié sur YouTube par un copte égyptien résidant en Califormie, voilà que le Louvre, ce musée accueillant chaque année à Paris neuf millions de visiteurs avides de connaissance et de civilité, ouvre un département des arts de l'islam...
Merveille !
Quel beau pied de nez à destination des barbares de tous poils, des incultes qui veulent voir se dresser les hommes les uns contre les autres au nom d'un fanatisme religieux d'un autre âge !
Ces merveilles d'une civilisation raffinée exhumées des réserves du plus grand musée du monde permettront de mieux comprendre comment, depuis le 7ème siècle et jusqu'au 20ème, de l'Espagne aux confins de l'Asie orientale des artistes sculpteurs, peintres, orfèvres et autres ont su exprimer, pour notre plus grand bonheur, toute la richesse d'esprits et d'âmes éduquées à la beauté et à la sensibilité.
Ces arts de l'islam nés dans des pays où vivaient en bonne intelligence musulmans, chrétiens, bouddhistes et autres religieux portent un témoignage d'espérance : toute vie est possible à qui accepte l'étranger tel qu'il est, avec ses différences et ses talents propres.
Auparavant, une poignée de fanatiques, réunis autour de drapeaux noirs, ont tenté vendredi de pénétrer dans l'ambassade des Etats-Unis à Paris, à deux pas de l'Elysée. Ils ont été durement et promptement évacués. Cent cinquante d'entre eux ont été interpellés par la police.
A deux encâblures de là, le Louvre s'apprêtait à ouvrir ses portes aux arts de l'islam...Comment imaginer plus bel antidote à la stupidité humaine ?
Quelle plus belle leçon de civilisation donner à ces hommes perdus dans leurs songes meurtriers !

Nanette

vendredi 14 septembre 2012

Quatorze petites minutes idiotes...

Difficile d'être plus stupide. Ou plus machiavéliquement provocateur. Cette nouvelle affaire qui embrase la planète entière par le truchement d'un petit film de quatorze minutes propagé sur le net par YouTube est bête à pleurer. Et pourrait interdire toute espérance en l'humanité !
Quelques crétins dont, pour l'instant, on peine à définir les identités se sont amusé à produire un film "satirique" hostile à l'islam, "L'innocence des musulmans" dans lequel on caricature le Prophète Mohamed et son entourage. C'est moche, idiot, même pas drôle mais c'est suffisant pour que, déjà, il y ait mort d'hommes dans divers pays arabes. Les salafistes du monde entier, toujours prêts à déchaîner la violence ont profité de cette belle occasion pour assaillir les représentations diplomatiques américaines dans les pays arabes, entraînant, entre autres,  la mort par asphyxie de l'ambassadeur américain en Libye. De très nombreuses manifestations vont se dérouler, ce vendredi jour de prière, dans la plupart des pays musulmans sans qu'il soit possible d'en prédire les conséquences.
Quant aux auteurs du film, on tente de les dévoiler : des chrétiens d'extrême-droite vivant aux Etats-Unis, un copte de Los Angeles, des Juifs américains se cachant sous le pseudo de Sam Bacile ? Les acteurs, quant à eux, se sont dit bernés, le doublage des textes en arabe ne correspondant aux textes dits par eux en anglais...
Bref, on est en plein chaos d'autant que la proximité de la date anniversaire des attentats du 11 septembre 2001 à New York échauffe les esprits !

A Tunis pourtant, Merhézia Labidi, première vice-présidente de l'Assemblée Constituante, a su, une nouvelle fois, réagir en femme de foi et de dialogue : elle est allée en personne à l'ambassade des Etats-Unis présenter les condoléances de son peuple au peuple américain tout en regrettant la façon dont était traité l'islam par certains.
"Femme de l'aurore" parmi d'autres femmes courageusement impliquées dans la reconstruction de la Tunisie, Merhézia nous montre à nous, occidentales, le chemin périlleux qu'il faut emprunter pour poursuivre cette lente montée vers une démocratie adaptée à l'hstoire d'un pays.

Nanette

dimanche 2 septembre 2012

Halte au feu !

Quand donc cette entreprise de démolition systématique va-t-elle cesser ?
Quand donc, enfin, les journalistes de tous poils auront-ils l'envie, le courage, l'intelligence ou la capacité de dire : "Halte au feu ! Ca suffit, stop, on arrête de détruire au lance-flammes et à la kalachnikov tout sur notre passage, dans les journaux, sur les ondes et à travers le petit écran ?
Le mois d'août n'était pas encore mort que déjà ce n'était plus que plaintes et lamentations du matin au soir : le prix de l'essence (on va bien nous le baisser de quelques centimes d'euro !), celui des fournitures scolaires, l'augmentation des impôts pour les plus riches, la réduction des niches fiscales pour tout le monde, la mollesse du Président Hollande comparée à l'hyperactivité de son prédécesseur, l'appel au secours d'une poignée de militantes ennamourées réclamant de façon hystérique le retour de leur superman Sarkozy lors d'une université d'été dans le Var, le crêpage de chignon entre Copé, Fillon, et tutti quanti pour obtenir les rênes de l'UMP... Catastrophique, affligeant...
Et, ô bonheur, la parution du dernier livre de Jean-Claude Guillebaud qui, d'un coup de baguette magique, vient redonner le moral : un petit livre pas cher, 14 euros, publié dans une toute petite maison d'édition, L'Iconoclaste. Ca s'appelle "Une autre vie est possible". Et c'est tout bonnement enthousiasmant, revigorant, intelligent et honnête ! On n'a plus mal à la tête à force d'acédie, de chagrin à l'âme. On se dit que la résistance  proclamée par Stéphane Hessel et Edgar Morin, deux nonagénaires, est devenue une obligation.
Les Pères du désert, explique Jean-Claude Guillebaud, retranchés dans leurs ermitages aux IVè et Vè siècles, redoutaient l'acédie, un péché capital plus grave que la luxure ou la violence. L'acédie, ce renoncement à l'espérance, les guettait au coin de l'âme. Nous aussi, nous sommes guettés par cet "inexprimable chagrin, cet affaissement de l'espérance..."
Mais je ne veux pas dévoiler plus avant toutes les richesses contenues dans ce petit joyau écrit d'une plume alerte et éclairée par un journaliste qui a couvert pendant plus de 20 ans toutes les catastrophes du monde... Devenu essayiste, il nous fait profiter de sa grande culture humaniste et de son expérience inestimable.
Alors, de grâce, halte au feu médiatique !
Intéressons-nous à ce nouveau monde qui s'en vient, participons à son advenir, à notre niveau et dans notre entourage. Regardons autour de nous qui est prêt à collaborer à cette marche en avant, à cette éclosion d'une société ancrée dans l'Histoire et féconde en richesses nouvelles. Quittons nos oripeaux étriqués pour respirer plus large, osons le grand vent du futur.
Prenons à notre compte cette phrase du Deutéronome paraphrasée par J.C. Guillebaud : "Se rappeler le futur, c'est ne pas oublier que nous sommes en chemin vers lui, en marche vers un avenir dont nous pensons qu'il sera meilleur."

Un beau programme de rentrée...

Nanette

lundi 27 août 2012

Marions-les, marions-les !

Cette information entendue ce matin sur France Inter : "les évêques réfléchissent à l'éventualité de procéder au mariage religieux avant le mariage civil". Poisson d'avril ? Que nenni ! Tentative de séduction en direction des intégristes de tout poil...
On le sait en France la loi prévoit que le mariage civil doit précéder le mariage religieux. Une garantie républicaine solide contre toute tentative d'endoctrinement ou de soumission. Or certains "religieux" estiment qu'en légalisant le mariage homosexuel, le mariage perd son essence originelle. Donc s'extrait de la légalité. Rien n'interdirait alors de se marier religieusement avant de passer devant M. le Maire. A chacun ses hors-la-loi !
Du coup, on suppose déjà qu'une telle mesure réjouirait les protestants évangéliques et les musulmans radicaux. Les troupes traditionnalistes grossiraient à vue d'oeil, toutes croyances confondues. Et la laïcité aurait du plomb dans l'aile, une fois encore...
Les défenseurs de la laïcité ne vont pas manquer de monter au créneau pour défendre cet acquis fondamental de notre démocratie républicaine. Quant aux Eglises, quelles qu'elles soient, espérons qu'elles trouveront en leur sein des représentants soucieux de distinguer le spirituel du temporel et de défendre un vivre ensemble bien malmené en ces temps de grandes turbulences culturelles...

Nanette

dimanche 26 août 2012

Mon Neil Armstrong à moi

Bonheur de retrouver mon écran après plus d'un mois de séparation... Terrible dépendance !
Ce retour parmi les drogués de la communication planétaire, je veux le fêter par un grand coup de chapeau à un authentique héros des temps modernes : Neil Armstrong qui, justement, vient de s'envoler vers d'autres planètes dans le monde intersidéral... Et qui conservera toujours au fond de mon coeur une place à part : je lui dois le plus cadeau qui soit.
Comme tout un chacun, je me souviens parfaitement de ces instants historiques, de cette fameuse nuit du  21 juillet 1969 où Neil Armstrong posa patte de velours dans la poussière lunaire. Moments d'une force inoubliable !
Sachant depuis quelques jours que j'étais enceinte, je décidai d'aller annoncer la bonne nouvelle à mes parents, en vacances dans la Bretagne profonde, au coeur de l'Argoat, dans une ferme perdue au milieu des champs et d'un élevage de cochons ! Fort miraculeusement, les agriculteurs possédaient un poste de télévision, en noir et blanc soit mais doté d'une image !
A 2 h 30 du matin, le réveil sonnait et nous descendions tous dans la salle à manger, le coeur battant et la prunelle vive. La suite, tout le monde l'a vécue. Un demi milliard de coeurs battaient à l'unisson sur la planète. Une ère nouvelle s'ouvrait, le rêve entrait dans chaque maison par le truchement de ces "étranges lucarnes" devenues si familières depuis. Jamais un être humain n'avait foulé le sol d'une autre planète. Fantastique rêve... Et pour moi fantastique cadeau que ce premier bébé qui participait à de tels instants de bonheur collectif.
Ma fille est née le 7 février suivant. Totalement passionnée par le vol des oiseaux, elle est instructeur planeur, brevetée pilote amateur et travaille chez le grand constructeur européen d'avions... Quant à moi, il paraît que je dois la vie à une belle histoire d'amour vécue par mes parents au "Bar de l'Escadrille" du Bourget pendant une permission de mon père, aérostier pendant la "drôle guerre"...
Qui donc, après çà, oserait parler de liberté ?
On n'échappe pas à son destin !

Nanette

vendredi 6 juillet 2012

La vieille culturée

ça y est : ils sont en vacances ! Ce soir, c'est la grande débandade chez les pitchouns et jusqu'aux ados. "les cahiers au feu, la maîtresse au milieu !"
Seulement, les papas-mamans, eux, avaient encore, dans le meilleur des cas, une journée de travail à assurer avant les grands départs.
Alors bienvenue, les grand'mères...
Donc j'étais "de garde" aujourd'hui, pour mon plus grand plaisir... Antoine, fier de ses 10 ans et de son passage au collège à la rentrée, et Wilfried, son copain allemand, pas encore 10 ans et débarquant lui aussi au collège.
Grandes parties de ping-pong, quelques jeux vidéo, un gratouillis de guitare pour Antoine, des goûters plus que copieux et beaucoup de bonne humeur.
Wilfried ira au Portugal en caravane avec ses parents. J'entame la conversation : "Tu as de la chance, c'est très sympa, le Portugal, et les gens sont très chaleureux".
-Tu connais le Portugal ?
- Oui, j'y suis allée.
- Je m'en doutais !
- Pourquoi ?
- Parce que tu es vieille !"
Je m'en étrangle en hurlant de rire...
- Tu sais, ne dis pas çà à n'importe qui !
- Toi, tu es une vieille culturée !"

Quel beau cadeau, cher Wilfried...La vieille culturée te remercie bien bas...

Voilà, moi aussi je pars en vacances. Pas au Portugal mais pour un bon bout de temps...
Alors bonnes retrouvailles automnales et surtout : où que vous viviez, qui que vous soyiez, ne vous abandonnez pas à la sinistrose et à toutes ces balivernes !
Laissez-vous traverser par la vie.

Nanette

dimanche 17 juin 2012

Que de bonnes nouvelles !

Bonheur dès potron-minet : les bonnes nouvelles tombent en rafale...
D'abord cette victoire sans conteste : le Parti socialiste a la majorité absolue à l'Assemblée Nationale ; donc le gouvernement n'aura pas besoin des Verts, intransigeants sur l'anti-nucléaire, ni du Front de Gauche, intransigeant sur l'anti-capitalisme, pour gouverner et légiférer. Ensuite le Front National ne parvient pas à faire entrer sa "chef" pleine de haine à l'Assemblée. On n'entendra pas la carnassière Marine hurler à partir des bancs des parlementaires ; par contre son homme-lige, Gilbert Collard, élu dans le Sud, s'annonce déjà comme "le casse-couilles" de la démocratie. On retrouve bien dans ces propos toute la délicatesse des membres du FN !
Autre leçon d'équilibre : les parachutés sont restés au tapis. Ségolène Royal, Jack Lang pour la gauche, Claude Guéant pour la droite.
François Bayrou a réussi son suicide politique : battu dans les Pyrénées-Atlantiques après avoir choisi de voter pour François Hollande au second tour des présidentielles. A force de jouer à l'âne de Buridan, il a fini par boire le bouillon. Son suicide ne manquait pas de panache, cher à Henri IV son héros béarnais.
Autre bonne nouvelle pour nous les femmes : 155 femmes sont élues, soit 45 de plus que dans l'assemblée précédente. Pas encore la parité mais fichetrement mieux quand même !
Enfin, cerise sur le gâteau : la Grèce a voté pour la droite favorable à l'Europe ! Les Grecs resteront donc dans la zone euro. La droite alliée aux socialistes ont la majorité.
Le berceau de la démocratie nous offre une belle leçon !

Nanette

mercredi 13 juin 2012

Sangs mêlés

Demain, 14 juin, se déroulera la "Journée mondiale du don du sang".
Merveilleuse initiative en ces temps de guerres civiles et de massacres sans répit. Je ne peux que frémir d'inquiétude face à la situation tunisienne ; depuis hier le couvre-feu a été instauré à Tunis et dans les principales villes de Tunisie face à la recrudescence des actions ultra violentes des salafistes extrêmistes téléguidés par Alqmi depuis Le Caire. Un homme a été tué ce matin à Sousse. Du sang a coulé. Et je ne parlerai même pas des atrocités quotidiennes perpétrées en Syrie, en Irak, en Afghanistan, autant de terres gorgées du sang d'innocentes victimes.
En cette veille d'une journée consacrée aux dons généreux de cette sève primordiale et vitale, je veux donner un grand coup de chapeau aux jeunes de l'association Coexister ; une association née à Paris voici déjà quatre ans, à l'initiative d'enfants dont les parents sont eux-mêmes impliqués dans le dialogue interreligieux, regroupant des jeunes musulmans,  chrétiens, juifs, athées et agnostiques, étudiants la plupart du temps. Ces jeunes de Coexister ont choisi d'organiser dimanche prochain, 17 juin à Paris, une journée de solidarité interreligieuse autour du don du sang. Ils l'ont baptisée "Ensemble à sang %". Quelle trouvaille ! Leur slogan : "Faire couler le sang pour la paix et plus pour la guerre". Au cours de tables rondes, de rencontres et de débats, les jeunes de Coexister -qui ont participé aux dernières JMJ de Madrid- inviteront les participants à parler fraternité et laïcité, devise républicaine et dialogue interreligieux, le tout dans une ambiance festive animée par des scouts de toutes obédiences.
Qu'il leur en faut, de l'énergie et de l'espérance, à tous ces jeunes épris de liberté et de goût des autres pour mener à bien de telles intiatives...
Pour ceux et celles qui auraient envie de mieux connaître ces prophètes des temps futurs, voici l'adresse de leur site : http://www.coexister.fr/

Nanette

lundi 4 juin 2012

La confiance sinon rien...

Quoi d'autre que la confiance ?
Depuis quelques jours, repassant dans ma tête les différents événements du monde auxquels je m'intéresse ces jours-ci, je ne trouve aucun autre remède que la confiance. Un remède qui s'apparente peut-être à un placebo, diront certains sceptiques ! Tant pis.
Les manifestations québecoises s'enlisent dans d'étranges négociations, les deux parties jouant au dialogue de sourds. Le gouvernement de Jean Charest fait semblant de croire que les prochaines élections règleront le problème tandis que les étudiants continuent à taper, mollement, sur leurs casseroles, sachant très bien que d'autres problèmes -bien plus fondamentaux que le prix des inscriptions dans les facultés- couvent sous la cendre
En Egypte, des milliers de manifestants se sont retrouvés place Tahrir, au Caire, pour protester contre le verdict d'acquittement de généraux proches de l'ancien président et de ses deux fils. Du coup, les Frères Musulmans jouent sur du velours pour remporter les élections du 17 juin prochain. L'ombre de Moubarak, condamné à la prison à vie, envahit encore les prétoires et les révolutionnaires le crient haut et fort.
En Syrie, on n'en finit plus de compter chaque jour des dizaines de nouveaux morts, malgré les protestations internationales, malgré la contamination de la guerre civile vers le Liban mais... personne n'y peut rien !
En Tunisie, les islamistes modérés d'Ennahdha font le gros dos pour tenter de maintenir le calme tant que la rédaction de la Constitution n'est pas terminée et que les élections législatives, prévues pour mars 2013, se préparent.
En Italie, les journaux distillent quotidiennement à petit feu de nouveaux documents enfonçant le clou sur l'incapacité du pape à tenir la boutique du Vatican comme ce serait nécessaire... Les corbeaux s'en donnent à coeur joie et le travail de sappe, peut-être salutaire, poursuit son oeuvre....
Devant ces imbroglios multiples, ces murs contre lesquels des peuples entiers se fracassent, comment se positionner ? Comment réagir ?
Deux seules attitudes possibles, du moins pour moi : d'abord laisser du temps au temps, se répéter que l'Histoire a besoin de patience pour s'écrire dans la durée, que nulle part on ne peut faire l'économie de soubresauts dramatiques ; ensuite laisser monter en soi ce beau sentiment de confiance envers l'humanité, quoi qu'il arrive. Et aussi admettre que chaque peuple écrit sa propre histoire, hors de toute influence extérieure.
Alors tout de même : une belle révérence admirative à celle qui incarne cette solidité granitique depuis soixante ans, malgré les tempêtes et les coups de tabac de toutes sortes, la reine Elisabeth II d'Angleterre...
Chapeau, Majesté !

Nanette

lundi 28 mai 2012

Les corbeaux du Vatican

La colombe de l'Esprit-Saint a du plomb dans l'aile. Alors que partout dans le monde, l'Eglise catholique célèbre la fête de la Pentecôte symbolisée par la descente de l'Esprit sur les apôtres sous la forme de ce volatile pacifique, voilà que le Vatican est secoué par un nouveau scandale : la mise en prison du majordome du pape Benoît XVI accusé d'être le "corbeau" déstabilisateur du plus petit état du monde.
Cette fois, l'affaire est grave. Ce monsieur, que Jean-Paul II appelait affectueusement "Paoleto", officiait près du pape quasiment 24 heures sur 24, assistant à son lever et à son coucher, lui prêtant aide et assistance  pour le moindre de ses gestes, assis à ses côtés dans la "papamobile", l'entourant de sa prévenance en toutes occasions. Comme quoi on n'est jamais trahi que par les siens. Liliane Bettencourt, la propriétaire milliardaire de l'Oréal, elle aussi trahie par son majordome, en sait quelque chose...
Ce Paoleto donc, si l'on en croit le journal catholique La Croix du lundi 21 mai (déjà !) aurait tout bonnement subtilisé des documents confidentiels dans les tiroirs personnels du pape pour les photocopier chez lui et les envoyer à un journaliste ami qui a publié toute cette manne bénie dans un livre aussitôt publié : "Sa Sainteté : les papiers secrets de Benoît XVI". Pour la modique somme de 16 euros, on peut tout savoir du numéro du compte bancaire du pape sur la banque vaticane, de notes confidentielles sur les uns ou les autres, sur les moeurs homosexuelles de tel autre, sur les Légionnaires du Christ ou les intégristes, sur la paternité de tel cardinal.etc.. Un déballage médiatique impensable qui va, une fois de plus, entacher l'image d'une Eglise déjà secouée par de multiples scandales.
Ce corbeau bien peu charitable serait loin d'être unique. Et la police italienne, appelée à se pencher sur ces actes criminels, va sans doute dans les jours à venir déloger bien d'autres corbeaux de leurs nids douillets.
En fait, pour les experts vaticanesques, tout ceci s'apparente à "un coup d'Etat" destiné à préparer la succession de Benoît XVI, vénérable vieillard si peu porté sur les affaires de ce monde... Théologien estimé et reconnu pour la profondeur et la force de ses écrits, Benoît XVI n'a rien d'un homme d'affaires ou d'un chef d'entreprise comme pouvait l'être son prédécesseur. Excellent pianiste, homme de grande culture et de réflexion, il a voulu faire de son pontificat une oeuvre de purification ; il s'est attaqué aux écuries d'Augias de l'Eglise (affaire des Légionnaires du Christ, transparence financière et lutte contre le blanchiment d'argent, scandales pédophiles etc). Il semblerait qu'au sein de la Curie et de bien d'autres instances vaticanes, on n'apprécie que très moyennement ces pratiques éthiques papales et que la résistance se soit installée au sein même de la sainte maison...Les luttes intestines entre tendances idéologiques opposées font rage sous les ors des palais pontificaux et l'on attend, tapis dans l'ombre, le déclin -pour ne pas dire la disparition- de cet homme pieux et timide qu'est le pape actuel.
Le corbeau Paoleto est le premier à tomber. D'autres suivront sans doute. La pure colombe de la paix, dans sa blancheur virginale, s'est envolée de la place Saint-Pierre...
Bon courage, Monsieur-tout-Blanc, comme le chantait le sulfureux et si talentueux Léo Ferré.

Nanette

vendredi 25 mai 2012

Les casseroles québécoises

Nos cousins québécois découvrent... l'Amérique ! Ou plutôt le charme puissant de la grève et des manifestations de rues; Mais ils savent aussi conserver ce qui fait leur charme à eux : une certaine bonhomie...

Depuis plus de cent jours maintenant, ils sont des dizaines de milliers d'étudiants à se retrouver chaque soir dans les rues de Montréal pour protester contre l'augmentation exorbitante des frais d'inscriptions dans les universités. Le gouvernement Charest a fait voter une loi prévoyant d'augmenter de 80 % sur cinq ans le montant des frais de scolarité, provoquant ainsi un beau tumulte parmi les étudiants. Et puis, pour ajouter de l'huile sur le feu, le même gouvernement de centre droit a voté la semaine dernière une loi spéciale aussitôt baptisée par les étudiants "de la matraque" prévoyant d'administrer des amendes monstrueuses à qui participerait à ces manifestations non autorisées puisque non annoncées au moins 8 heueres à l'avance. Et voici quelques soirs, ce sont 700 étudiants qui ont été appréhendés par la police et emmenés au poste...
Diable ! Ce "printemps érable" si joliment baptisé tournerait-il à la poutine rance ?
On voit bien ce qui se joue dans cette confrontation : deux styles de société. D'une part une société ultralibérale à l'américaine où tout se paie au prix fort, qu'il s'agisse de l'éducation ou de la santé et d'autre part une société à l'européenne, et particulièrement à la française, où l'on joue la carte de l'égalité des chances en ce qui concerne l'éducation et de la répartition concernant les retraites ou la santé. Bref, c'est un combat idéologique.
Par nature, le Québécois "pure laine" est pacifique, tolérant et bon enfant. Il suffit de voir comment se règlent les conflits de société, par le biais des "accommodements raisonnables" variant selon les tribunaux devant lesquels paraissent les plaignants.
Dans le conflit actuel, les manifestants font preuve d'une grande modération : plutôt que de tout casser, comme nous savons si bien le faire en France, ils se livrent à d'énormes concerts de casseroles, chaque soir dans les rues du centre de Montréal. Du coup, le reste de la population les suit, toutes générations confondues, dans une joyeuse ambiance de désobéissance civile.
Mais sera-ce suffisant pour obtenir gain de cause ? Pour l'instant le Premier Ministre Jean Charest ne semble pas prêt à lâcher du lest. Tout juste parle-t-on de négociation mais sans proposer de dates.
Au pays de l' érable et de la douceur de vivre, le vacarme des casseroles suffira-t-il à faire plier un Premier Ministre bientôt confronté à de nouvelles élections et qui a sans doute tout intérêt à montrer ses muscles ?

Ce serait bien dommage qu'on en arrive à des débordements tels qu'en ont connu les pays arabes pour faire progresser la démocratie dans la Belle Province, la bien nommée...

Nanette

jeudi 17 mai 2012

Moteur !

Etrange coïncidence. Tandis que Bérénice Béjo, l'héroïne muette du film "The Artist" ouvrait hier soir au Palais des Festivals à Cannes le 65 ème Festival de cinéma, le secrétaire général de l'Elysée annonçait sur le perron d'un autre palais les noms des  ministres du premier gouvernement Ayrault. Images contre images...
La grande surprise, du côté de l'Elysée : l'absence de Martine Aubry. Alors les gazetiers de supputer sur cette disparition des écrans politiques. Caprice d'ambitieuse frustrée de rater Matignon ? Calcul finement stratégique de se garder pour mener les troupes socialistes à la bataille des législatives ? Mise en veille pour pallier des lendemains laborieux de l'équipe dirigeante ?
L'un de ces fins observateurs politiques, journaliste au Figaro, émit une autre hypothèse : très proche de son père Jacques Delors depuis toujours, Martine Aubry qui a été profondément bouleversée par la mort d'une leucémie de son frère Jean-Paul en 1982, vivrait très mal la grande proximité de François Hollande avec son père. Formé par lui, François Hollande est présenté très souvent comme "le fils spirituel de Jacques Delors", ce qui serait à l'origine de l'inimitié de Martine pour le nouveau président de la République...
Cette hypothèse psychologique paraît plausible quand on sait à quel point les sentiments humains guident nos actes.
Il faut souvent chercher la faille originelle pour découvrir les motivations d'un engagement. Ainsi l'énergie phénoménale de Nicolas Sarkozy s'expliquerait-elle par les moqueries endurées pendant l'enfance de ses deux frères plus grands que lui ! La douleur de Martine Aubry expliquerait son peu d'amitié envers celui qui aurait supplanté son frère auprès de son père. Son avenir politique brillera à nouveau, j'en suis convaincue.
Voilà de beaux sujets de films. La tragédie grecque n'est jamais loin de l'actualité. Et comment oublier que le président du Festival de Cannes, Nanni Moretti, avait reçu la palme d'or il y a quelques années, pour un film magnifique, "La chambre du fils", qui racontait la mort d'un enfant...
Moteur !

Nanette

mardi 15 mai 2012

Foudroyant !

Incroyable ! A peine avait-il décollé, à 17 h 17 très précises, que l'avion transportant le président de la République nouvellement investi, François Hollande, était frappé par la foudre et contraint de rentrer à Villacoublay. On emprunte alors l'avion de secours et on redécolle vers Berlin où la chancelière Angela Merkel attendait le nouveau président français.
Au  moins François Hollande aura-t-il eu une excuse pour son retard... Car, si l'on en croit les gazettes, notre président "normal" est fâché avec les montres... Et aujourd'hui, visiblement, il s'est offert de multiples bains de foule, aussi bien à l'Elysée qu'à l'Arc de Triomphe ou à l'hôtel de ville de Paris, tout entier emprunt d'une émotion très palpable. Les minutes filaient, le retard s'accumulait... Et Angela allait s'impatienter ! Alors ?
Tout de même : comment se peut-il qu'un équipage de pilotes ultra confirmés, seul maître à bord, conscient de surcroit qu'il transportait le président de la République et sa compagne au terme d'une journée historique d'un tel retentissement, ait pu à ce point soit méconnaître les conditions météorologiques soit vouloir forcer cette réalité météo et s'enfoncer dans un orage pour rattraper le retard ? Car avant de décoller, les pilotes connaissaient forcément ces conditions détestables. Déjà au départ de Villacoublay, on voyait bien que la tempête sévissait : les cheveux de François Hollande étaient dressés sur sa tête, ses vêtements battaient dans le vent tandis que le ciel était d'un noir inquiétant...
Décidément, rude journée pour ce nouveau "roi" : déjà le matin il remontait les Champs-Elysées sous une pluie battante et c'est le costume luisant et la chemise rendue transparente par l'averse qu'il ranima la flamme du soldat inconnu... De quoi attraper une pneumonie.
Et voilà que quelques heures plus tard, son avion était frappé par la foudre...
Sombre présage ?
Non ! Surtout pas de ces mauvaises pensées en cette journée pleine d'espérance...

Nanette

Foudroyant !

mercredi 9 mai 2012

Ségolène-la-douce

Que lui est-il arrivé, à Ségolène Royal, l'icône de la gauche à l'élection présidentielle de 2007 ? Celle qui, au fil des mois et des sondages, était devenue l'archétype de la femme idéale, de plus en plus désincarnée et portée à l'incandescence par des foules en délire, vient de vivre une véritable métamorphose...
Tout a commencé, me semble-t-il, au soir de l'élection de son ex-compagnon François Hollande à la primaire socialiste. On a vu la dure Ségolène lâcher les vannes ; ses pleurs ont ému jusqu'à ses détracteurs... Enfin elle devenait humaine, à croire même, à bien scruter ses regards, qu'elle était toujours amoureuse de son François.... Son visage s'est adouci, ses joues se sont arrondies, sa voix s'est posée, son regard s'est fait attentif à l'autre... Elle semble avoir pris la mesure de bien des choses. Elle a trouvé sa vraie place, à la fois au sein du parti socialiste et devant les Français.
Du coup, la voilà devenue sympathique ! Son horrible voix de crécelle s'est envolée, son timbre est devenu juste. Quand elle sourit, elle est vraiment belle. Belle de l'intérieur et non plus par des artifices.
Pendant toute cette campagne présidentielle, faite d'outrances et de violence, Ségolène Royal a parfaitement été loyale ; elle a joué le jeu de l'équipe qui doit gagner : elle s'est coltiné des milliers de porte-à-porte, sachant que son charisme ferait merveille auprès des électeurs, n'a pas bronché lors des retrouvailles avec Martine Aubry qui lui avait joué un mauvais tour lors du dernier congrès du PS à Reims et s'est effacée sans donner l'impression de souffrir lorsque François Hollande et sa compagne Valérie se sont présentés devant les caméras du monde entier, dimanche soir à Tulle puis place de la Bastille à Paris. Ségolène a trouvé sa place au sein de l'équipe socialiste, sa juste place.
Une fois de plus, on constate que c'est dans les épreuves que se forge le caractère. Mme Royal vient de gagner ses galons de femme d'Etat !

Nanette

lundi 7 mai 2012

François-le-Bienveillant

La France a besoin de bienveillance, de sérénité, d'apaisement. Elle n'a pas besoin de protection ; les Français sont un peuple majeur. Ils ont besoin de reprendre leurs esprits, de considérer les choses "normalement", sans haine ni stigmatisation de toute sorte. Ils ont envie de s'investir dans la solidarité, la fraternité, la tolérance, autant de mots entendus hier soir dans la bouche de tous ces jeunes qui, pour la plupart, n'ont jamais connu de gouvernement de gauche.
C'est ce qu'ils ont dit en élisant François Hollande hier soir, à une courte majorité -ce qui est encore une preuve d'équilibre. François Hollande apparaît comme l'homme de la situation. Non pas "l'homme providentiel" comme un De Gaulle. Ces temps-là sont heureusement révolus. Les guerres ne menacent plus nos frontières. Le nouveau président se présente comme celui qui connaît parfaitement les forces et les faiblesses du pays dans sa totalité, de la France la plus profonde à celle des banlieues les plus chaudes. Il connaît la situation plus que précaire de nos finances, de notre endettement. Il n'a pas promis "de la sueur et des larmes", pas plus qu'un tapis de roses mais il a su trouver les mots et les accents pour redonner l'espoir, même semé d'embûches, à toute une génération qui l'a acclamé hier soir place de la Bastille à Paris et dans toutes les grandes villes.
François Hollande se présente dans sa simplicité, sa réserve naturelle, son empathie pour son prochain, quel qu'il soit, sa modestie aussi devant l'ampleur de la tâche qui l'attend. Il ne promet ni le grand soir, ni des lendemains radieux. D'une grande intelligence, il me fait plutôt penser à Henri IV, ce grand roi de France qui su réconcilier catholiques et protestants qui s'entredéchiraient, donner "la poule au pot tous les dimanches" à chaque foyer familial. Et puis souvenons-nous aussi du "bon pape" Jean XXIII qu'on disait falot et inconsistant et qui lança le concile Vatican  II qui révolutionna l'Eglise...
Alors "gentillet", François Hollande comme le disent ses détracteurs ?
Méfiance...
Pour ma part, je suivrais plutôt l'avis du chroniqueur de France Inter Bernard Guetta qui voit en lui "le fils spirituel de Jacques Delors", ce grand constructeur de l'Europe. François-le-Bienveillant n'a pas fini de nous étonner...

Nanette

samedi 5 mai 2012

La fête ou la défaite ?

Vite tant qu'il en est temps encore ! Demain soir il sera trop tard...
Mon petit-fils qui aime la politique (il a 13 ans !) s'amuse à jongler avec ces deux mots : fête ou défaite. Un bon exercice d'orthographe qui ouvre le champ à tous les possibles selon qu'on préfère l'un ou l'autre !
Comme dit l'un sans jamais nommer l'autre : "le candidat président". Comme dit l'autre sans jamais nommer l'un : "le candidat de gauche". Qu'en termes élégants, ces choses-là sont dites !
Comment s'étonner que les étrangers, les vrais, ceux qui vivent hors de nos frontières, ne comprennent pas grand'chose à nos arguties ? Depuis des mois nous voguons sur les flots plus ou moins tumultueux d'un océan de propositions, promesses, contre-propositions, utopies, rêveries, "menteries", calomnies, approximations, révélations etc, etc. C'est à en perdre la boule !
 Mais comme c'est excitant, un pays où règne une telle liberté ! Comme c'est bon, un territoire où on ne risque ni la prison, ni la pendaison, ni la main coupée, ni la lapidation pour avoir prononcé telle ou telle parole jugée blasphématoire ou contraire à une certaine loi ! Comme c'est précieux, un pays où l'Etat aide les plus démunis, les plus pauvres, les plus cabossés par la vie même si ces aides sont insuffisantes et permettent bien souvent la seule survie ! Comme il fait bon vivre dans ce pays où l'on prend soin de l'autre seulement parce qu'il est humain !
Il y a tant de pain sur la planche...
Alors dimanche à 20 heures : fête ou défaite ?
Dommage qu'il faille encore attendre cinq ans pour connaître pareille... fête !

Nanette

vendredi 27 avril 2012

Catharsis nationale

Finalement, elle aura eu du bon, cette interminable campagne électorale présidentielle ! Elle nous permet d'ouvrir les vannes, de faire le point entre nous, de voir où nous en sommes en matière de choix politiques, économiques, sociaux, d'évolution de notre société.  Nous nous livrons à une sorte de formation continue accélérée, bousculante, éprouvante. A une catharsis nationale dans laquelle chacun peut mettre à jour ses connaissances, ses points de vue, confronter ses idées avec celles de son voisin, de ses amis, de sa famille... C'est souvent douloureux surtout quand on s'aperçoit que le fossé idéologique se creuse entre nous-même et ceux qu'on croyait proches.
Par contre, il y a aussi des divines surprises ! Des rapprochements, des découvertes de points communs qui laissent envisager de possibles futurs combats à mener ensemble, des conversions inéluctables au lendemain du 6 mai, la situation économique de l'Europe ne se redressant pas d'un coup de baguette magique.
D'ailleurs tous les prévisionnistes, politologues, économistes et experts de tout poil nous le rappellent à longueur de journée : jusqu'au 6 mai, les marchés financiers font le gros dos, jouent les Raminagrobis, les oiseaux de mauvais augure se mettent en veilleuse... mais dès le 7 mai, vous allez voir ce que vous allez voir !!! Ce sera la Grèce, l'Espagne, au mieux l'Italie !!!
Bon, d'accord, on est prêts à se serrer la ceinture d'un cran. La campagne nous aura au moins servi à çà : nous préparer à accepter de commencer notre propre révolution intérieure. En toute connaissance de cause. Ce n'est déjà pas si mal comme résultat !
Ah ! ces maudits Français, comme disent les Québécois, comme ils ont la nuque raide ! Il leur faut un bon électrochoc à date régulière, maintenant tous les cinq ans, pour comprendre que le monde bouge et qu'ils doivent s'adapter aux nouvelles réalités. Qui, soit dit en passant, ne sont pas toutes négatives. Il suffit de constater les médiocres résultats obtenus par le Front National dans les banlieues pour s'apercevoir que le vivre ensemble apaisé y progresse alors que c'est plutôt dans les campagnes, où les immigrés ne sont pas légion, que Marine Le Pen obtient ses meilleurs résultats. C'est donc le fantasme plus que la réalité qui l'emporte dans le monde rural. Très réconfortant aussi de constater que dans l'échelle des préoccupations des Français l'immigration n'atteint que 3 % tandis que le chômage caracole en tête avec 54 %.
Allons, il y a encore du pain sur la planche...

Nanette


 

lundi 23 avril 2012

Marine-la-peur

Marine-la-peur a gagné : 6 421 773 Français ont voté pour elle, ce dimanche 22 avril. Soit 17,90 % des électeurs. Dans le bassin houiller de Moselle, là où Nicolas Sarkozy était venu promettre que les usines ne fermeraient pas et qui se sont tues, elle atteint le score de 40 %. Dans certains départements comme le Gard, elle arrive en tête des candidats avec plus de 25 % des voix. En 2002, son père, Jean-Marie Le Pen, n'avait fait que 16,86 % des voix avec 4 804 713 bulletins en sa faveur. En en 2007, Sarkozy avait "siphoné" les voix du Front National en promettant de "gagner plus en travaillant plus", de réduire le chômage à 3 %, d'atteindre le zéro SDF pendant son quinquennat etc. Autant de promesses non tenues qui expliquent partiellement les résultats d'hier soir.
Marine Le Pen, dont le nouveau slogan "Bleu Marine" va désormais submerger la France, s'est transformée en véritable idole pour un Français sur dix, tous âges confondus. Ses propositions électorales ont été avalées comme du petit lait par ses admirateurs : rétablissement de la peine de mort, limitation à 10 000 du nombre d'immigrés par an contre 200 000 aujourd'hui, réforme du code de la nationalité, l'école rendue aux parents et non aux syndicats, combat contre l'islam radical sous toutes ses formes, sortie de la zone euro et protectionnisme économique, tolérance zéro pour les délinquants etc...
Marine-la-peur prétend aimer LA FRANCE, défendre les valeurs de LA FRANCE, incarner LA FRANCE !
Etonnament, j'ai la même prétention mais pas les mêmes arguments. J'aime aussi l'Europe et les Européens, le monde et ses habitants, les valeurs universelles et toutes les couleurs de peau.
Heureusement, au soir du 6 mai on découvrira qu'une fois encore les Français se seront partagés en deux camps presque égaux : entre 45 et 55 %, les uns votant à gauche, les autres à droite ou réciproquement !!!
Comme quoi la France est avant tout, et depuis très longtemps, une merveilleuse terre d'équilibre.
Mais, et chacun le sait, l'équilibre est chose fragile...

Nanette

lundi 16 avril 2012

Invasion barbare

L'actualité nous jette aujourd'hui  en pâture trois portraits de "tueurs en série" : le Norvégien Breivik dont le procès s'est ouvert ce matin à Oslo et qui a froidement abattu cet été 77 personnes dont 70 jeunes militants socialistes réunis sur une île ; Mohamed Merah dont on ne connaîtra jamais les véritables raisons qui l'ont poussé à tuer trois parachutistes, un professeur et trois jeunes enfants juifs dans une école de Toulouse ; enfin un "tueur présumé" en cours d'interrogatoire dans la région parisienne où il a massacré quatre personnes dont un vieillard.
Crimes, meurtres, assassinats : peu importe la qualification juridique. Un point commun semble réunir ces trois meurtriers : la déraison. Pour le Norvégien de 33 ans, cette folie trouve sa racine dans sa haine de l'autre, du multiculturalisme, des musulmans ; pour le jeune toulousain Merah de 23 ans, ce sera au contraire son antisémitisme -pour autant qu'on puisse en juger alors qu'il a été tué par les policiers ; pour celui de l'Essonne enfin il semblerait qu'il s'agisse d'un jeune passablement "dérangé".
Chaque fois, on les présente comme des personnalités "fragiles", malmenées par la vie. N'empêche ; cette sinistre succession de meurtres fait froid dans le dos. Et que dire de ces trois adolescents normands, de bons "gaulois" vivant paisiblement dans des familles sans histoire à la campagne et qui ont abattu un de leur camarade de classe de 17 ans sans raison apparente puis l'ont aspergé d'essence pour tenter de faire disparaître leur crime ?
Prémonitoire, le film québécois "Les invasions barbares" traçait de notre société, voici quelques années,  un portrait glaçant où l'argent avait tout envahi, où ne subsistait que ce monstre hideux , véritable Moloch dévorant tout sentiment, toute humanité. Un film plus ancien, "Soleil vert", nous laissait pantelant également devant la destruction programmée de l'humanité, transformée en comprimés alimentaires...
Où court-elle, notre humanité, sinon à sa perte quand on est confronté à de telles atrocités ?
Le procès d'Oslo ne doit pas nous laisser indifférents. Le cas de ce Breivik est sans doute extrême mais ne baissons pas la garde ; restons vigilants pour ne pas laisser se déployer les ailes de "la bête immonde" sur nos sociétés si fragiles, elles aussi !

Nanette.

jeudi 12 avril 2012

Hors champ

Coucou, me revoilà !
Après une semaine "hors champ", loin de la turbulence du monde et de ses écrans de toutes dimensions, plats ou bombés, j'ai l'impression de reprendre le cours des choses là où je les avais joyeusement abandonnées avant Pâques...
Hors du champ de la vie courante, des travaux dans ma rue, des bourgeons qui peinent à éclore après cet hiver sibérien, des oiseaux qui gazouillent à nouveau dans mes acacias, des petits-enfants partis au ski, je me sentais toute neuve, le coeur et la tête disponibles pour toute aventure intérieure. Voilà qui est fait !
Avec délices, je me suis levée tôt pour aller aux laudes alors que le soleil pointait derrière les collines vertes, une :maison blanche se découpant dans le ciel après la pluie ; nous nous sommes retrouvés entre amis, comme chaque année, pour vivre ensemble ces jours uniques, comme suspendus dans le temps. Des journées rythmées par les psaumes chantés par des voix vieillissantes, parfois teintées de fêlures mélancoliques mais toujours fidèles. Eblouissement de textes multimillénaires et pourtant tellement proches de nos préoccupations quotidiennes, de nos faiblesses et de nos grandeurs. Joie de partager ces chants grégoriens qui nous ramènent toujours à l'essentiel, au dépouillement.
Ici, nous sommes au coeur du monde tout en abandonnant ses scories au pied de la colline. La beauté du monde nous environne mais nous n'oublions pas les souffrances des hommes. Pour nous y aider, une soeur musicienne au talent impétueux et torrentiel, à la fois organiste, chef de choeur, compositeur. Tous les talents réunis en une seule personne, moniale contemplative, débordant de joie de vivre et d'envie de partager ce grand bonheur...
Oui, ce hors champ-là est porteur d' une belle fécondité.
Le retour pourrait être rude entre une campagne électorale qui s'éternise et s'avachit dans les redites et les médiocrités et des réactions de plus en plus xénophobes émanant d'une opinion saoûlée de propos haineux, violents assénés en permanence par la plupart des medias relayant certains candidats.
Mais non. A dose homéopathique, je continuerai à regarder, écouter, lire ce qui concerne l'avenir de mon pays, en choisissant mes sources pour ne pas polluer ma source d'eau vive.

Nanette

lundi 26 mars 2012

Passion écarlate

Le plan Vigipirate écarlate est levé. La "ville rose" reprend ses couleurs favorites : celle de la violette qui embaume les sous-bois, celle du lilas en boutons dans tous les jardins, celle des fleurs de tulipier aux formes parfaites...
L'écarlate de la Passion, celle que nous nous apprêtons à vivre la semaine prochaine, occupe nos esprits et nos coeurs. Nous venons de vivre l'horreur indicible : l'assassinat d'enfants innocents, de militaires désarmés, d'un père accompagnant ses fils à l'école...
Ici à Toulouse, l'onde de choc n'en finit pas de se propager, sans doute pour longtemps encore. Nous avons été touchés dans nos repères les plus fondamentaux, dans nos valeurs travaillées seul ou collectivement depuis des décennies, dans nos modes de vie quotidiens. Notre regard sur l'autre a brusquement changé ; notre inquiétude latente a soudainement pris corps face à ce déferlement d'images télévisuelles plus violentes les unes que les autres. Nos jugements a priori, sans fondement ni début de preuve, nous ont envahis comme aux pires jours de notre Histoire.
Bien sûr cette folie meurtrière aurait tout aussi bien pu s'exprimer à Lyon, Bordeaux ou Strasbourg. Toulouse ne présente aucun risque particulier tant il est vrai que Mohamed Merah n'est que le produit d'un faisceau de "problèmes" accumulés dès l'enfance et dont les medias ont abondamment rendu compte.
J'ai accompagné, tout au long de ces cinq journées de chaos, une jeune amie journaliste parisienne venue "couvrir l'événement" comme on dit.. Ensemble nous avons vécu tous ces temps forts sur les divers lieux du drame : l'école juive criblée de balles, la grande synagogue pleine à ras bord lundi en fin d'après-midi et d'où personne ne souhaitait partir, la cité des Izards où nous avons rencontré des dizaines de personnes connaissant parfaitement l'assassin depuis toujours, la place du Capitole en état de sidération, mardi matin, avant le dénouement final, les petites rues du quartier de la Côte Pavée remplies de caméras et de journalistes du monde entier, 24 heures sur 24, la caserne Pérignon servant de Q.G. aux autorités pour les conférences de presse, la rue du Sergent Vigné où se terrait le tueur. Comment réagiront-ils au souvenir de l'incroyable fusillade entendue par tous, journalistes et habitants du quartier, qui en ce jeudi 22 mars 2012 à 11 h 17, mit fin au carnage ? De vieux souvenirs vont resurgir pour certains, d'autres auront recours aux antidépresseurs, à la cellule psychologique mise en place à la préfecture "le temps qu'il faudra". D'autres encore préfèreront se murer dans un silence réparateur.
Pour ma part, je reste profondément troublée. Avoir vécu deux semaines auparavant seulement le fol espoir de voir une démocratie apaisée s'installer en Tunisie, en terre musulmane modérée, fière de retrouver son identité et travaillant courageusement à panser ses blessures, m'inspirait une belle espérance en l'humanité. Les événements tragiques de Montauban et de Toulouse renforcent en moi l'impérieuse nécessité, pour l'ensemble des habitants de ce pays, de poursuivre une tâche éducative, politique, sociale, spirituelle.
Le risque zéro n'existe pas dans une démocratie. Faisons en sorte qu'il soit le plus infime possible...

Nanette

lundi 12 mars 2012

TUNISIE 2012 : 6 - Sur le fil du rasoir

Quatre petits jours, seulement ! Aucune prétention à "avoir tout compris", "tout analysé" ; à donner des leçons à des spécialistes, des experts en tout genre...
Non, seulement ce besoin urgent d'écrire au retour ce que j'ai vu, entendu, écouté, ressenti auprès de personnes très variées, de femmes surtout, engagées dans leur foi musulmane, dans leurs convictions spirituelles, humaines et politiques, dans leur désir de participer à ce grand remue-ménage qui, depuis un peu plus d'un an, bouleverse le peuple tunisien et lui fait espérer des lendemains meilleurs.

Mais que de fragilité dans tout celà ! Que de possibles explosions, à la fois idéologiques et bien réelles ! Que de désillusions potentielles... Peut-être dans quelques semaines ce gouvernement provisoire aura-t-il vécu, peut-être l'opposition de gauche qui tente aujourd'hui de se coaliser pour faire barrage à la troïka au pouvoir aura-t-elle gagné ? Cette troïka, majoritaire à l'Assemblée Constituante, qui regroupe le parti Ennahdha, le CPR (Congrès pour la République) de centre gauche et Ettakatol, de centre droit.
Tout est possible et Tunis vit sur un volcan. La ville est calme mais la police veille; dans le quartier des grands hôtels, le long des grandes artères, devant les bâtiments officiels. Il y a des rouleaux de grillage par-ci par-là, des semblants de chevaux de frise pour ralentir les automobilistes. On se sent en sécurité mais le soir mieux vaut ne pas être seule. L'ordre est précaire.
Après les années Ben Ali, le besoin est immense de libérer la parole confisquée par la peur. Partout, parmi les milliers de femmes -et d'hommes- venus au Palais des Congrès de Tunis,  chez les bourgeoises de Gammarth autant que chez les femmes -et les hommes- de Tataouine, les questions sont les mêmes : qu'en sera-t-il du code du statut personnel, de l'application de la charia, de l'égalité hommes-femmes, de l'adoption, de l'héritage, de la modernisation de l'islam, de tel ou tel article de la nouvelle constitution, de la solidarité familiale ? Comment faire vivre ensemble laïcité et foi musulmane ?

La Tunisie est devenue la championne des pays arabes en matière de divorce : 12 000 en 2010. Les valeurs traditionnelles de l'islam ont été mises à mal par la période Ben Ali. La corruption, le népotisme ont engendré beaucoup de frustrations, de destruction d'identité, sans parler des tortures endurées. Le pays est à la fois en ébulltion et en grande instabilité.
Les salafistes font peur quand ils provoquent de très graves incidents à l'université de la Manouba pour imposer le port du niqab aux étudiantes : "Il y a trois types de salafistes, me dit-on : les scientifiques, majoritaires,  qui sont proches d'Ennahdha ; les religieux qui sont enfermés sur eux-mêmes et ne participent pas à la vie politique ; les djihadistes, une vingtaine, proches d'Al Qaïda et très visibles dans les medias".
Parmi les intellectuelles rencontrées à Gammarth, toutes les catégories sociales et politiques étaient représentées : des laïques de l'Association Tunisienne, des islamiques de l'Association des Femmes Tunisiennes, d'autres d'une association d'entraide, des enseignantes, des juristes, une journaliste, des femmes d'affaires, une femme de ministre, des représentantes de la société civile dans toute sa diversité.Les débats furent passionnés, exaltés, sans fin... Certaines, laïques et islamiques, ont l'habitude de travailler ensemble. Une soirée chaleureuse et drôle comme seules les femmes savent en créer quand il s'agit de discuter de ce qui constitue le noyau de leur vie : leur relation à l'autre, à l'homme en particulier !

Mais la situation économique plombe complètement l'avenir : le salaire mensuel moyen est de 300 dinars  (150 euros) ; un jeune diplômé sans emploi touchera 200 dinars (100 euros) par mois pendant un an. Les non diplômés ne perçoivent rien. La précarité a gagné énormément de terrain, principalement dans les villes.
Pour les "gens de gauche", la religion est souvent présentée comme un épouvantail, un outil de régression, d'obscurantisme. Pour les islamiques modérés d'Ennahdha, la foi musulmane constitue le socle de leur existence. Pour nous, Occidentaux, nous ne devons pas confondre "islamique" et "islamiste", conservateur et intégriste radical. Il y a là la source  de bien des incompréhensions, d'interprétations erronées. Nous ne devons pas penser "laïcité" en pays musulman comme en France. Là encore que d'incompréhension !

De l'autre côté du Magrheb aussi on travaille à moderniser l'islam. Une délégation marocaine du mouvement "Justice et Spiritualité" était invitée pour la première fois à rencontrer des membres d'Ennahdha pour un échange d'expériences. Mal vu du gouvernement marocain, ce mouvement pratique une nouvelle exégèse du Coran qui ne contredit pas la modernité : "Nous sommes d'obédience soufie, précise Merieme Yafout, responsable de la Section Féminine, et notre fondateur Abdessalam Yassine appartient aux nouveaux penseurs de l'islam. Nous militons pour un renouveau de l'islam en tenant compte de la modernité. Les principes de fond de l'islam ne sont pas contradictoires avec la modernité et nous n'abandonnons pas la présence auprès du peuple."

Instabilité. Sur le fil du rasoir. Sur un volcan. Mais aussi réconciliation. Libération de la parole.
Formidable espérance...
Autant d'impressions qui se bousculent en moi au terme de ce voyage...

Annette BRIERRE



                                     fin.
 

dimanche 11 mars 2012

TUNISIE 2012 : -5- Rached GHANNOUCHI, l'homme de "La Renaissance"

Lundi. Quartier Monplaisir à Tunis. Siège du mouvement islamique Ennahdah.Un immeuble modeste sur 6 étages. Une fourmillière bruissante de bénévoles, hommes et femmes, de députés venus d'un peu partout..
A l'exception d'une inscription sur les extincteurs, pas un mot de français. Tout est écrit en arabe. Rached Ghannouchi, fondateur du mouvement Ennahdah en 1981 et aujourd'hui président du parti, est rentré d'un long exil de 22 ans à Londres il y a un peu plus d'un an.
Agé de 70 ans, c'est un homme tout en retenue, maître de ses paroles et très écouté, spirituellement, par les sunnites malékites, originaires de Kairouan, majoritaires à Ennahdah. Un cheik respecté et vénéré.
Ennahdah signifie "Renaissance". "Liberté, justice, développement" : trois mots inscrits sur le logo du parti illustré par une colombe déployant ses ailes autour du globe terrestre, l'étoile rouge symbolisant les 5 piliers de l'islam en son centre.

- Je ne vois rien écrit en français dans votre siège. Est-ce vrai ?
- Voyez-vous une autre langue ?
- Non.
- Votre langue française est l'unique dans les administrations françaises. C'est la même chose pour la langue arabe dans les administrations. Ici, vous êtes dans des locaux administratifs.
- J'ai le sentiment que dans toute la Tunisie vous êtes entrés dans l'ère de la réconciliation. Comment pensez-vous réussir cette réconciliation alors qu'il y a tant de courants politiques différents, tant de tensions parfois très explosives ?
- Notre société est en phase de changement. Elle s'est libérée de la dictature. Elle est en train d'exercer sa liberté, très souvent de façon exagérée comme si elle voulait se prouver qu'elle est libre. Notre problème actuel : comment réunir la liberté et l'ordre ? Il faut réunir un peu les deux. Sinon ce sera le retour de la dictature ou bien l'anarchie. Nous misons sur la conscience du peuple. L'idée de l'Etat, en Tunisie, est profonde. Les Tunisiens sont un peuple civilisé, majoritairement. Ils vivent principalement dans des villes. C'est pour celà qu'ils commencent à en avoir assez du désordre, de la multiplication des grèves, des manifestations. L'Etat commence à répondre à cette demande. A la tête du Ministère de l'Intérieur, il y a un homme sage, savant, qui a fait 20 ans de prison. Il a porté le costume orange des condamnés à mort. Nous avons confiance en lui ; il trouvera l'équation entre la liberté et l'ordre. Nous sommes très sévères envers les salafistes qui ont essayé d'utiliser des armes. Récemment, deux salafistes ont été tués par des policiers parce qu'ils essayaient d'importer des armes de Libye. Les autres salafistes n'utilisent pas la violence ; nous dialoguons avec eux et essayons de les convaincre. Nous nous sommes attaqués aux responsables, il n'y a pas eu de punition collective. Ce n'est pas comme sous Ben Ali. Il n'y a pas eu de tortures.
- Les medias vous reprochent de ne pas être assez vigoureux, d'être trop passifs.
- C'est vrai. Mais nous pouvons considérer que c'est une bonne chose. Le gouvernement tunisien précédent a toujours été accusé du contraire.
- Avez-vous des problèmes de drogue ?
- Oui. C'est comme pour les armes ; elle vient de Libye. La police y veille, aidée par le peuple. Les chauffeurs de taxis nous alertent.
- On pourrait parler de délation !
- Le peuple a fait la révolution ; il la protège. Il a élu ce gouvernement pour qu'il protège la révolution. J'ai vécu 22 ans en Angleterre ; là-bas les personnes âgées, installées sur leurs terrasses, veillent sur la sécurité et chaque année le Ministre de l'Intérieur en choisit une pour la décorer. Ils sentent que la police est la leur, que la sécurité est la leur. Il faut un bon système de sécurité.
- Qu'en est-il du redémarrage économique ?
- La situation économique est difficile. Nous avons un taux de chômage de 18%, la moitié héritée de Ben Ali, l'autre moitié après la révolution. Le taux de corruption est très élevé. Le ménage vient juste de commencer ! Il y a à peu près 500 hommes d'affaires complices de Ben Ali ; leur argent est bloqué en attendant que la justice fasse son travail. Un seul est en prison, les autres ont l'interdiction de quitter le pays. C'est une grande perte pour le pays ; nous voulons régler rapidement ce dossier pour rendre ses droits au peuple, lui restituer cet argent.
- Envisagez-vous des nationalisations ?
- Dans le budget complémentaire en cours de débat, nous aurons un milliard de dinars provenant de la récupération. Cet argent servira à la formation des chômeurs, pour leur donner du travail.
- Où en est le projet d'exploitation du gaz naturel dans la région de Tataouine ?
- Le ministre du Développement a annoncé des projets de développement dans toutes les régions de la Tunisie. Il s'agit de projets concrets d'infrastructures : la construction de routes, d'hôpitaux, dans l'industrie. L'argent existe. Ces projets seront réalisés cette année. Une partie du financement proviendra de l'argent récupéré, une autre partie de crédits et enfin une troisième partie par des économies réalisées sur le budget tunisien. Quelques sociétés seront vendues.
- Qu'en est-il de la coopération de la Tunisie avec le Qatar ?
- Le Qatar est l'un des pays à avoir déclaré vouloir aider la Tunisie. Mais il y a aussi l'Arabie Saoudite, les Etats-Unis, l'Union Européenne qui ont annoncé vouloir participer à nos projets de développement. Nous allons essayer de les faire réussir.
- Dans la crise syrienne, la Tunisie s'est positionnée comme le leader du monde arabe en prenant l'initiative d'une conférence réunissant plus de 60 pays.
- Oui, nous avons été les premiers à expulser l'ambassadeur de Syrie. Il est très normal que la première révolution dans le Printemps Arabe appuie la révolution syrienne malgré le problème avec la coalition Syrie/Iran et l'opposition de gauche du nationalisme arabe tunisien.
- Qu'y a-t-il à négocier entre vous et les partis d'opposition ?
- Nous n'avons rien devant nous. Nous pouvons seulement établir le dialogue ; nous cherchons ce qui est commun. Je viens de donner une conférence sur la cohérence entre laïcité et islam.
- C'est possible ?
- Toute ma pensée repose sur islam et modernité, démocratie, droits de l'homme, égalité des sexes.
- Dans le parti et hors du parti Ennahdah ?
- Oui, ces idées ont beaucoup d'influence dans le monde arabe, surtout après la révolution. Mes livres sont traduits en turc, en kurde, en ourdou, en persan.
- Il me semble que les journalistes ne vous sont guère favorables si j'en crois les articles parus ces jours-ci !
- Un grand nombre ne sont pas vraiment des journalistes mais des combattants d'une idéologie marxiste contre l'islam. Ou bien ce sont des partisans de l'ancien régime, ou bien ils exercent une sorte de revanche contre Ennahdha qu'ils accusent d'avoir pris le pouvoir. Certains sont utilisés par des hommes d'affaires corrompus de l'ancien régime de Ben Ali. L'opinion publique est très fâchée contre ces journalistes qui monopolisent les medias. Mais cela ne durera pas toujours.Il y aura d'autres courants journalistiques ; la compétition mettra chacun à sa vraie place".

Annette BRIERRE

samedi 10 mars 2012

TUNISIE 2012 : 4 - Merhézia-la-Réconciliatrice

Mardi matin. Rendez-vous au Bardo, ancien Palais du Bey, magnifique ensemble architectural du XIXe siècle, classé monument historique, aujourd'hui siège de l'Assemblée Constituante.Avec une grande fierté, Merhézia Labidi m'indique au détour d'un couloir un cadre au mur portant un texte en arabe : "C'est la première Constitution tunisienne, elle date de 1861, me dit-elle ; déjà on y parlait des droits de l'homme, de la liberté de conscience, du libre exercice des cultes, de l'égalité entre  tous les hommes !".Ce texte historique fut la première constitution du monde musulman.
C'est là que se trouve le bureau de Mme la Première vice-présidente de l'Assemblée Constituante. Les téléphones sonnent sans arrêt, un secrétaire apporte des parapheurs gonflés de lettres à signer, sa jeune attachée parlementaire griffonne quelque chose sur un coin du bureau. Le temps presse, chaque minute compte...

Au terme de ces quatre jours d'une belle intensité, j'essaye de comprendre : pourquoi toutes les personnes rencontrées, au Palais des Congrès de Tunis où elles étaient 2 000, à Tataouine où 800 environ l'écouteront pendant 3 heures dans la ferveur, samedi soir à Gammarth parmi les Tunisoises privilégiées, mais aussi aux guichets des aéroports, dans les bus, auprès des personnes qui travaillent avec elle, auprès des journalistes très présents, pourquoi Merhézia Labidi provoque-t-elle une telle réaction d'enthousiasme, d'attente passionnée ? Que représente-t-elle et comment s'y prend-elle pour répondre à cette aspiration si puissante ?

En la suivant en des lieux si divers, si contrastés, passant de la capitale tunisienne moderne et électrisée par la "Révolution du jasmin" toujours prête à exploser, à cette ville de Tataouine située aux confins du désert où l'on rencontre des dromadaires dans les cours des maisons, comme des chiens domestiques chez nous, sans oublier ce délicieux déjeuner chez le Gouverneur de Tataouine, dans l'ancienne résidence de Bourguiba, je me suis sentie prise de vertige : comment résiste-t-elle à tant de pressions contradictoires ? Où puise-t-elle la force de ne pas dévier de sa trajectoire ? Comment ne s'écroule-t-elle pas le soir, ivre de fatigue, loin de sa famille restée à Paris, après 10 ou 12 heures de travail,  comme le font aussi la plupart des responsables politiques de cette Tunisie nouvelle ?
"Elle représente la pièce manquante du puzzle, confie une jeune militante d'Ennahdha qui la connaît bien ; elle est la porte-parole du meilleur de l'âme tunisienne, son identité est intacte parce qu'elle n'a pas vécu la prison et les tortures mais qu'elle est sensible à la douleur des autres. Elle peut défendre cette douleur, la calmer, pousser les femmes à avancer dans la réconciliation avec elles-mêmes."
Merhézia m'apparaît comme "the right woman in the right place". Sans doute le mot de "résilience" peut-il s'appliquer à ce qui se passe aujourd'hui entre le peuple tunisien bafoué dans son identité, massacré dans ses valeurs fondamentales et cette jeune femme venue d'ailleurs mais si semblable à eux tous ! Il y a du Nelson Mandela, du Martin Luther King dans cette femme portée par sa foi musulmane travaillée, éduquée, modeernisée depuis toujours ; d'abord auprès de son père, imam et puis en France depuis une trentaine d'années auprès d'amis si divers et authentiques dans leurs fois respectives avec lesquels elle partage l'essentiel de sa vie :
"C'est vous qui m'avait dit : quand la parole se libère, la violence recule, me rappelle Merhézia ; vous tous, les femmes protestantes du Groupe Orsay, Jacqueline Rougé la présidente honoraire de la Conférence Mondiale des Religions pour la Paix, Geneviève Comeau, théologienne catholique, vous du groupe de nos rencontres interreligieuses de l'abbaye de Belloc. Mon pays a besoin de moi aujourd'hui mais je ne suis pas indispensable ! Je suis sûre que demain il aura besoin de quelqu'un d'autre !"
Comment voit-elle son avenir ?
"D'abord ici en Tunisie : j'aurai réussi si je donne envie aux femmes tunisiennes de faire de la politique maintenant qu'elles ont arraché leur place. Ensuite en France, où j'ai beaucoup d'autres choses à faire, ce qui me ferait plaisir, c'est que le gouvernement français -Roselyne Bachelot m'a invitée pour la Journée Internationale des Femmes- me permette de faire ce lien avec les femmes émigrées, qu'elles disent "nous avons notre place en France, on peut nous aussi faire quelque chose !"
Parfois, Merhézia Labidi vacille sous le poids de l'énorme responsabilité qui l'assaille. Trop de gens la sollicitent pour être leur médiatrice, ce rôle qui lui va à merveille. Elle entrevoit avec lucidité les limites de l'exercice qu'on lui a confié : "Ces femmes sont très puissantes dans leur domaine, dit-elle ; mais on leur a confisqué la parole si longtemps ! J'ai peur qu'on pense que je veuille la leur confisquer encore une fois..."
On a l'impression que tout le pays vit une sorte de thérapie collective ; la parole jaillit de partout, parfois excessive, parfois discrète comme à Tataouine où les femmes du désert ne sont pas habituées à se révéler. Mais la rage est profonde, enkystée ; elle doit jaillir pour que naissent à la lumière toutes ces femmes de l'aurore dont Merhézia est le révélateur.

Annette BRIERRE

vendredi 9 mars 2012

TUNISIE 2012 : 3 - Ebullition

Emportée par mon élan, je n'ai pas vérifié, hier, l'authenticité des informations concernant l'hymne national tunisien ! Un clic, et hop ! c'était parti... Or il me semble que cet hymne si puissamment porteur ne s'appelle pas exactement "La volonté de vivre" et que son auteur ne soit pas exactement celui que j'ai désigné...Qu'importe : son pouvoir de rassembler tout un peuple avide de démocratie demeure !
Un peuple en ébullition : voilà l'impression générale qui me poursuit. Un peuple en quête d'identité, de dignité. Un peuple asservi par un dictateur et plus encore, peut-être, par sa seconde épouse, Leila Trabelsi, la mauvaise fée du pays. Insidieusement, elle a réussi à tuer l'âme de ce peuple pacifique et attaché aux valeurs familiales : par le biais de séries télévisées médiocres, par la corruption tapie dans les moindres interstices administratifs, par la dégradation des moeurs.
 Aujourd'hui, les Tunisiens ont perdu leurs boussoles traditionnelles. Ballottés entre un laïcisme occidental mal digéré et ne correspondant pas aux valeurs de leur culture traditionnelle et un fanatisme islamiste véhiculé par une poignée de salafistes proches d'Al Quaïda fort bruyants et occupant l'espace public, les Tunisiens dans leur grande majorité sont dans l'attente d'un avenir qu'ils souhaitent démocrate et compatible avec l'islam, la religion du pays inscrite dans la Constitution.
Les années Ben Ali ont laissé béantes des plaies inoubliables : 30 000 personnes dont 500 femmes ont été emprisonnées, torturées, parfois violées, anéanties. Des souffrances non dites, cachées aujourd'hui encore et que la pudeur musulmane n'autorise pas à dévoiler. Chez beaucoup, et notamment chez les femmes, le traumatisme s'apparente aux horreurs subies par les femmes en Bosnie, en Afrique du Sud, en République Démocratique du Congo, au cours de la Shoah aussi. Partout dans le monde. L'heure de la réconciliation est venue, celle de la résilience aussi qui seule permettra de prendre un nouveau départ.
 Parmi les responsables politiques, les élus à l'Assemblée Constituante (sur 89 députés d'Ennahdah, 42 sont des femmes), on sent ce désir profond de sortir de cet enfer destructeur, de revenir à la pureté originelle de l'islam tout en l'adaptant à la modernité et aux principes démocratiques. "Nous vivons nos premiers pas dans tout, vous comprenez ?" m'interroge Fatima, une jeune bénévole d'Ennahdah, ingénieur en informatique et doctorante en robotique dont le père, psychiatre, a passé 17 ans en prison. Pour Monia, une combattante très engagée dans la vie politique, députée, le temps est venu de tourner la page : emprisonnée, torturée, elle a trouvé sa force intérieure dans ces années de souffrances.Mona, elle, la quarantaine, divorcée, ancienne hôtesse de l'air et aujourd'hui chef d'une entreprise de bâtiment qu'elle a créée et qui n'emploie que des hommes, elle prône la sagesse et l'équilibre : "Ni diabolisation, ni angélisme" dit-elle, elle dont le père, journaliste, fit ses études à la Sorbonne en même temps que Jean-Pierre Elkhabach.
Aujourd'hui, la¨Tunisie mérite bien son nom de "mosaïque".
Une mosaïque qui ne demande qu'à se cimenter.

Annette BRIERRE

jeudi 8 mars 2012

TUNISIE 2012 : 2 - "La volonté de vivre"

La grande salle du Palais des Congrès de Tunis est archi-comble : 2 000 personnes au moins dont les deux tiers sont des femmes portant le voile. En cet après-midi de samedi, le mouvement Ennahdha démontre son implantation dans les classes moyennes tunisoises. Beaucoup d'hommes aussi, tout aussi captivés par les discours des responsables féminines se succédant au pupitre, devant une forêt de micros.
L'atmosphère est chaleureuse, intense, reflétant cette ambiance palpable de grande attente du public envers ses députées et ses leaders. Les femmes sont jeunes, joyeuses ; tout le monde parle français.
Les prises de parole tourneront autour de diverses problématiques soulevées par le thème général de la conférence : "La femme et les révolutions arabes ; réalités et perspectives". Venue du Caire où elle est professeur de Sciences Politiques à l'Université, coordinatrice du Programme de Recherche et d'Education sur la Société Civile et spécialiste du dialogue entre les civilisations, le docteur Heba Raouf Ezzat donnera son analyse sur cette année extraordinaire vécue par les femmes du monde arabe en révolution. Puis Merhézia Labidi, députée des Tunisiens de l'étranger et 1ère vice-présidente de l'Assemblée Constituante, mettra tout son charisme et toute sa générosité à expliquer encore et encore comment il est possible de conjuguer laïcité et islam, modernité et tradition, démocratie et respect des autres différents. Une leçon d'espérance accueillie dans l'enthousiame et la ferveur. A mon tour, je dirai la réalité française de ces citoyennes associant vie civique, engagements laïcs et foi musulmane. Et j'insisterai sur la naissance de cette "3ème femme" proposée par des sociologues constatant l'évolution universelle de la femme moderne.
Et tout à coup, la salle se lève et applaudit à tout rompre : Rached Ghannouchi vient d'entrer. Le président-fondateur du mouvement Ennahdah qui a vécu 22 ans en exil à Londres et n'est rentré en Tunisie que le 30 janvier 2011 porté en triomphe par ses partisans, haranguera les militants et sympathisants pendant plus d'une demi-heure. Le discours est semblable à celui de Mme Labidi, plus véhément parfois : l'avenir est à la réconciliation avec tous les Tunisiens, les partis politiques doivent travailler main dans la main tant la tâche de reconstruction est colossale ; il faut apprendre la démocratie, éradiquer la corruption qui a miné le pays.
Le message passe, le public est conquis.
Et puis, comme à la fin de chaque meeting, l'assemblée debout entonne l'hymne national : il s'intitule "La volonté de vivre" ; un chant puissant, profond, aux accents semblables à notre "Chant des partisans". Composé par le poète tunisien Abou Al Kacem avant même l'arrivée au pouvoir de Bourguiba, il symbolise la volonté d'indépendance de tout le peuple. Ecarté par Bourguiba qui lui préféra un hymne à sa gloire personnelle, il a été repris par les révolutionnaires du 14 janvier 2011. Véritable jaillissement monté des profondeurs de la terre tunisienne, "La volonté de vivre" est devenu l'hymne de toutes les révolutions arabes !
En entendant ce chant poétique repris avec une telle ferveur par toute l'assemblée, je ne pouvais que mieux comprendre les souffrances endurées pendant des décennies par ces hommes et ces femmes emprisonnés, torturés, violés et deviner l'ampleur des blessures enfouies, des traumatismes jamais révélés. Des identités anéanties.
Peu à peu j'ai pris conscience de l'ampleur du désastre...

Annette BRIERRE