lundi 28 mai 2012

Les corbeaux du Vatican

La colombe de l'Esprit-Saint a du plomb dans l'aile. Alors que partout dans le monde, l'Eglise catholique célèbre la fête de la Pentecôte symbolisée par la descente de l'Esprit sur les apôtres sous la forme de ce volatile pacifique, voilà que le Vatican est secoué par un nouveau scandale : la mise en prison du majordome du pape Benoît XVI accusé d'être le "corbeau" déstabilisateur du plus petit état du monde.
Cette fois, l'affaire est grave. Ce monsieur, que Jean-Paul II appelait affectueusement "Paoleto", officiait près du pape quasiment 24 heures sur 24, assistant à son lever et à son coucher, lui prêtant aide et assistance  pour le moindre de ses gestes, assis à ses côtés dans la "papamobile", l'entourant de sa prévenance en toutes occasions. Comme quoi on n'est jamais trahi que par les siens. Liliane Bettencourt, la propriétaire milliardaire de l'Oréal, elle aussi trahie par son majordome, en sait quelque chose...
Ce Paoleto donc, si l'on en croit le journal catholique La Croix du lundi 21 mai (déjà !) aurait tout bonnement subtilisé des documents confidentiels dans les tiroirs personnels du pape pour les photocopier chez lui et les envoyer à un journaliste ami qui a publié toute cette manne bénie dans un livre aussitôt publié : "Sa Sainteté : les papiers secrets de Benoît XVI". Pour la modique somme de 16 euros, on peut tout savoir du numéro du compte bancaire du pape sur la banque vaticane, de notes confidentielles sur les uns ou les autres, sur les moeurs homosexuelles de tel autre, sur les Légionnaires du Christ ou les intégristes, sur la paternité de tel cardinal.etc.. Un déballage médiatique impensable qui va, une fois de plus, entacher l'image d'une Eglise déjà secouée par de multiples scandales.
Ce corbeau bien peu charitable serait loin d'être unique. Et la police italienne, appelée à se pencher sur ces actes criminels, va sans doute dans les jours à venir déloger bien d'autres corbeaux de leurs nids douillets.
En fait, pour les experts vaticanesques, tout ceci s'apparente à "un coup d'Etat" destiné à préparer la succession de Benoît XVI, vénérable vieillard si peu porté sur les affaires de ce monde... Théologien estimé et reconnu pour la profondeur et la force de ses écrits, Benoît XVI n'a rien d'un homme d'affaires ou d'un chef d'entreprise comme pouvait l'être son prédécesseur. Excellent pianiste, homme de grande culture et de réflexion, il a voulu faire de son pontificat une oeuvre de purification ; il s'est attaqué aux écuries d'Augias de l'Eglise (affaire des Légionnaires du Christ, transparence financière et lutte contre le blanchiment d'argent, scandales pédophiles etc). Il semblerait qu'au sein de la Curie et de bien d'autres instances vaticanes, on n'apprécie que très moyennement ces pratiques éthiques papales et que la résistance se soit installée au sein même de la sainte maison...Les luttes intestines entre tendances idéologiques opposées font rage sous les ors des palais pontificaux et l'on attend, tapis dans l'ombre, le déclin -pour ne pas dire la disparition- de cet homme pieux et timide qu'est le pape actuel.
Le corbeau Paoleto est le premier à tomber. D'autres suivront sans doute. La pure colombe de la paix, dans sa blancheur virginale, s'est envolée de la place Saint-Pierre...
Bon courage, Monsieur-tout-Blanc, comme le chantait le sulfureux et si talentueux Léo Ferré.

Nanette

vendredi 25 mai 2012

Les casseroles québécoises

Nos cousins québécois découvrent... l'Amérique ! Ou plutôt le charme puissant de la grève et des manifestations de rues; Mais ils savent aussi conserver ce qui fait leur charme à eux : une certaine bonhomie...

Depuis plus de cent jours maintenant, ils sont des dizaines de milliers d'étudiants à se retrouver chaque soir dans les rues de Montréal pour protester contre l'augmentation exorbitante des frais d'inscriptions dans les universités. Le gouvernement Charest a fait voter une loi prévoyant d'augmenter de 80 % sur cinq ans le montant des frais de scolarité, provoquant ainsi un beau tumulte parmi les étudiants. Et puis, pour ajouter de l'huile sur le feu, le même gouvernement de centre droit a voté la semaine dernière une loi spéciale aussitôt baptisée par les étudiants "de la matraque" prévoyant d'administrer des amendes monstrueuses à qui participerait à ces manifestations non autorisées puisque non annoncées au moins 8 heueres à l'avance. Et voici quelques soirs, ce sont 700 étudiants qui ont été appréhendés par la police et emmenés au poste...
Diable ! Ce "printemps érable" si joliment baptisé tournerait-il à la poutine rance ?
On voit bien ce qui se joue dans cette confrontation : deux styles de société. D'une part une société ultralibérale à l'américaine où tout se paie au prix fort, qu'il s'agisse de l'éducation ou de la santé et d'autre part une société à l'européenne, et particulièrement à la française, où l'on joue la carte de l'égalité des chances en ce qui concerne l'éducation et de la répartition concernant les retraites ou la santé. Bref, c'est un combat idéologique.
Par nature, le Québécois "pure laine" est pacifique, tolérant et bon enfant. Il suffit de voir comment se règlent les conflits de société, par le biais des "accommodements raisonnables" variant selon les tribunaux devant lesquels paraissent les plaignants.
Dans le conflit actuel, les manifestants font preuve d'une grande modération : plutôt que de tout casser, comme nous savons si bien le faire en France, ils se livrent à d'énormes concerts de casseroles, chaque soir dans les rues du centre de Montréal. Du coup, le reste de la population les suit, toutes générations confondues, dans une joyeuse ambiance de désobéissance civile.
Mais sera-ce suffisant pour obtenir gain de cause ? Pour l'instant le Premier Ministre Jean Charest ne semble pas prêt à lâcher du lest. Tout juste parle-t-on de négociation mais sans proposer de dates.
Au pays de l' érable et de la douceur de vivre, le vacarme des casseroles suffira-t-il à faire plier un Premier Ministre bientôt confronté à de nouvelles élections et qui a sans doute tout intérêt à montrer ses muscles ?

Ce serait bien dommage qu'on en arrive à des débordements tels qu'en ont connu les pays arabes pour faire progresser la démocratie dans la Belle Province, la bien nommée...

Nanette

jeudi 17 mai 2012

Moteur !

Etrange coïncidence. Tandis que Bérénice Béjo, l'héroïne muette du film "The Artist" ouvrait hier soir au Palais des Festivals à Cannes le 65 ème Festival de cinéma, le secrétaire général de l'Elysée annonçait sur le perron d'un autre palais les noms des  ministres du premier gouvernement Ayrault. Images contre images...
La grande surprise, du côté de l'Elysée : l'absence de Martine Aubry. Alors les gazetiers de supputer sur cette disparition des écrans politiques. Caprice d'ambitieuse frustrée de rater Matignon ? Calcul finement stratégique de se garder pour mener les troupes socialistes à la bataille des législatives ? Mise en veille pour pallier des lendemains laborieux de l'équipe dirigeante ?
L'un de ces fins observateurs politiques, journaliste au Figaro, émit une autre hypothèse : très proche de son père Jacques Delors depuis toujours, Martine Aubry qui a été profondément bouleversée par la mort d'une leucémie de son frère Jean-Paul en 1982, vivrait très mal la grande proximité de François Hollande avec son père. Formé par lui, François Hollande est présenté très souvent comme "le fils spirituel de Jacques Delors", ce qui serait à l'origine de l'inimitié de Martine pour le nouveau président de la République...
Cette hypothèse psychologique paraît plausible quand on sait à quel point les sentiments humains guident nos actes.
Il faut souvent chercher la faille originelle pour découvrir les motivations d'un engagement. Ainsi l'énergie phénoménale de Nicolas Sarkozy s'expliquerait-elle par les moqueries endurées pendant l'enfance de ses deux frères plus grands que lui ! La douleur de Martine Aubry expliquerait son peu d'amitié envers celui qui aurait supplanté son frère auprès de son père. Son avenir politique brillera à nouveau, j'en suis convaincue.
Voilà de beaux sujets de films. La tragédie grecque n'est jamais loin de l'actualité. Et comment oublier que le président du Festival de Cannes, Nanni Moretti, avait reçu la palme d'or il y a quelques années, pour un film magnifique, "La chambre du fils", qui racontait la mort d'un enfant...
Moteur !

Nanette

mardi 15 mai 2012

Foudroyant !

Incroyable ! A peine avait-il décollé, à 17 h 17 très précises, que l'avion transportant le président de la République nouvellement investi, François Hollande, était frappé par la foudre et contraint de rentrer à Villacoublay. On emprunte alors l'avion de secours et on redécolle vers Berlin où la chancelière Angela Merkel attendait le nouveau président français.
Au  moins François Hollande aura-t-il eu une excuse pour son retard... Car, si l'on en croit les gazettes, notre président "normal" est fâché avec les montres... Et aujourd'hui, visiblement, il s'est offert de multiples bains de foule, aussi bien à l'Elysée qu'à l'Arc de Triomphe ou à l'hôtel de ville de Paris, tout entier emprunt d'une émotion très palpable. Les minutes filaient, le retard s'accumulait... Et Angela allait s'impatienter ! Alors ?
Tout de même : comment se peut-il qu'un équipage de pilotes ultra confirmés, seul maître à bord, conscient de surcroit qu'il transportait le président de la République et sa compagne au terme d'une journée historique d'un tel retentissement, ait pu à ce point soit méconnaître les conditions météorologiques soit vouloir forcer cette réalité météo et s'enfoncer dans un orage pour rattraper le retard ? Car avant de décoller, les pilotes connaissaient forcément ces conditions détestables. Déjà au départ de Villacoublay, on voyait bien que la tempête sévissait : les cheveux de François Hollande étaient dressés sur sa tête, ses vêtements battaient dans le vent tandis que le ciel était d'un noir inquiétant...
Décidément, rude journée pour ce nouveau "roi" : déjà le matin il remontait les Champs-Elysées sous une pluie battante et c'est le costume luisant et la chemise rendue transparente par l'averse qu'il ranima la flamme du soldat inconnu... De quoi attraper une pneumonie.
Et voilà que quelques heures plus tard, son avion était frappé par la foudre...
Sombre présage ?
Non ! Surtout pas de ces mauvaises pensées en cette journée pleine d'espérance...

Nanette

Foudroyant !

mercredi 9 mai 2012

Ségolène-la-douce

Que lui est-il arrivé, à Ségolène Royal, l'icône de la gauche à l'élection présidentielle de 2007 ? Celle qui, au fil des mois et des sondages, était devenue l'archétype de la femme idéale, de plus en plus désincarnée et portée à l'incandescence par des foules en délire, vient de vivre une véritable métamorphose...
Tout a commencé, me semble-t-il, au soir de l'élection de son ex-compagnon François Hollande à la primaire socialiste. On a vu la dure Ségolène lâcher les vannes ; ses pleurs ont ému jusqu'à ses détracteurs... Enfin elle devenait humaine, à croire même, à bien scruter ses regards, qu'elle était toujours amoureuse de son François.... Son visage s'est adouci, ses joues se sont arrondies, sa voix s'est posée, son regard s'est fait attentif à l'autre... Elle semble avoir pris la mesure de bien des choses. Elle a trouvé sa vraie place, à la fois au sein du parti socialiste et devant les Français.
Du coup, la voilà devenue sympathique ! Son horrible voix de crécelle s'est envolée, son timbre est devenu juste. Quand elle sourit, elle est vraiment belle. Belle de l'intérieur et non plus par des artifices.
Pendant toute cette campagne présidentielle, faite d'outrances et de violence, Ségolène Royal a parfaitement été loyale ; elle a joué le jeu de l'équipe qui doit gagner : elle s'est coltiné des milliers de porte-à-porte, sachant que son charisme ferait merveille auprès des électeurs, n'a pas bronché lors des retrouvailles avec Martine Aubry qui lui avait joué un mauvais tour lors du dernier congrès du PS à Reims et s'est effacée sans donner l'impression de souffrir lorsque François Hollande et sa compagne Valérie se sont présentés devant les caméras du monde entier, dimanche soir à Tulle puis place de la Bastille à Paris. Ségolène a trouvé sa place au sein de l'équipe socialiste, sa juste place.
Une fois de plus, on constate que c'est dans les épreuves que se forge le caractère. Mme Royal vient de gagner ses galons de femme d'Etat !

Nanette

lundi 7 mai 2012

François-le-Bienveillant

La France a besoin de bienveillance, de sérénité, d'apaisement. Elle n'a pas besoin de protection ; les Français sont un peuple majeur. Ils ont besoin de reprendre leurs esprits, de considérer les choses "normalement", sans haine ni stigmatisation de toute sorte. Ils ont envie de s'investir dans la solidarité, la fraternité, la tolérance, autant de mots entendus hier soir dans la bouche de tous ces jeunes qui, pour la plupart, n'ont jamais connu de gouvernement de gauche.
C'est ce qu'ils ont dit en élisant François Hollande hier soir, à une courte majorité -ce qui est encore une preuve d'équilibre. François Hollande apparaît comme l'homme de la situation. Non pas "l'homme providentiel" comme un De Gaulle. Ces temps-là sont heureusement révolus. Les guerres ne menacent plus nos frontières. Le nouveau président se présente comme celui qui connaît parfaitement les forces et les faiblesses du pays dans sa totalité, de la France la plus profonde à celle des banlieues les plus chaudes. Il connaît la situation plus que précaire de nos finances, de notre endettement. Il n'a pas promis "de la sueur et des larmes", pas plus qu'un tapis de roses mais il a su trouver les mots et les accents pour redonner l'espoir, même semé d'embûches, à toute une génération qui l'a acclamé hier soir place de la Bastille à Paris et dans toutes les grandes villes.
François Hollande se présente dans sa simplicité, sa réserve naturelle, son empathie pour son prochain, quel qu'il soit, sa modestie aussi devant l'ampleur de la tâche qui l'attend. Il ne promet ni le grand soir, ni des lendemains radieux. D'une grande intelligence, il me fait plutôt penser à Henri IV, ce grand roi de France qui su réconcilier catholiques et protestants qui s'entredéchiraient, donner "la poule au pot tous les dimanches" à chaque foyer familial. Et puis souvenons-nous aussi du "bon pape" Jean XXIII qu'on disait falot et inconsistant et qui lança le concile Vatican  II qui révolutionna l'Eglise...
Alors "gentillet", François Hollande comme le disent ses détracteurs ?
Méfiance...
Pour ma part, je suivrais plutôt l'avis du chroniqueur de France Inter Bernard Guetta qui voit en lui "le fils spirituel de Jacques Delors", ce grand constructeur de l'Europe. François-le-Bienveillant n'a pas fini de nous étonner...

Nanette

samedi 5 mai 2012

La fête ou la défaite ?

Vite tant qu'il en est temps encore ! Demain soir il sera trop tard...
Mon petit-fils qui aime la politique (il a 13 ans !) s'amuse à jongler avec ces deux mots : fête ou défaite. Un bon exercice d'orthographe qui ouvre le champ à tous les possibles selon qu'on préfère l'un ou l'autre !
Comme dit l'un sans jamais nommer l'autre : "le candidat président". Comme dit l'autre sans jamais nommer l'un : "le candidat de gauche". Qu'en termes élégants, ces choses-là sont dites !
Comment s'étonner que les étrangers, les vrais, ceux qui vivent hors de nos frontières, ne comprennent pas grand'chose à nos arguties ? Depuis des mois nous voguons sur les flots plus ou moins tumultueux d'un océan de propositions, promesses, contre-propositions, utopies, rêveries, "menteries", calomnies, approximations, révélations etc, etc. C'est à en perdre la boule !
 Mais comme c'est excitant, un pays où règne une telle liberté ! Comme c'est bon, un territoire où on ne risque ni la prison, ni la pendaison, ni la main coupée, ni la lapidation pour avoir prononcé telle ou telle parole jugée blasphématoire ou contraire à une certaine loi ! Comme c'est précieux, un pays où l'Etat aide les plus démunis, les plus pauvres, les plus cabossés par la vie même si ces aides sont insuffisantes et permettent bien souvent la seule survie ! Comme il fait bon vivre dans ce pays où l'on prend soin de l'autre seulement parce qu'il est humain !
Il y a tant de pain sur la planche...
Alors dimanche à 20 heures : fête ou défaite ?
Dommage qu'il faille encore attendre cinq ans pour connaître pareille... fête !

Nanette