jeudi 21 mars 2013

La tendre Mme Ouvroir

Petit message tout en douceur aujourd'hui. Peut-être l'effet du printemps enfin là ?
Mon petit-fils de 10 ans s'est pris récemment de passion pour le tricot. De sa propre initiative, il est allée voir  une dame tenant boutique de laine, broderie, tapisserie et autres merveilles près de chez lui. Une dame souriante, accueillante, un peu rondelette, toujours prête à donner de son temps. Appelons-la Mme Ouvroir. Il lui a dit qu'il voulait tricoter une écharpe pour son frère qui fêtait ses 14 ans, qu'il lui fallait donc des aiguilles et quelques pelotes de laine. Mme Ouvroir, qui ne doit pas avoir tant de jeunes clients aussi acharnés, lui a conseillé des aiguilles en bambou, n° 7 et de la laine alpaga-mérinos. Rien que du beau !
Et voilà mon Antoine qui, depuis quelques semaines, passe tous ses loisirs à aligner les rangs, à s'initier au point mousse, puis au point de riz,  puis jersey, puis aux côtes anglaises... et maintenant il a entrepris de mener à bien la fabrication d'une couverture en patchwork avec des carrés de 20 cms sur 20 cms. Du coup, toute la famille s'y est mise, même la grand'mère qui n'avait plus touché une aiguille ni une pelote de laine depuis plus de 30 ans, au temps de sa dernière grossesse...
Ce petit Antoine est en train de devenir incollable en qualités de laine, en variétés de couleurs, en marques et en provenance ; tout doit être "made in France" ! Il est devenu le grand copain de Mme Ouvroir, va la voir pour le moindre détail, le plus petit problème de point perdu, de nouvelle aiguille à découvrir pour finaliser son ouvrage...
Après tout, pourquoi ne pas lui demander d'essayer de rattraper ce vilain bout de laine méchamment tiré de ma veste depuis plusieurs années ? "J'ai réfléchi au collège, me dit-il, et je crois que j'ai trouvé comment faire" ; et le voilà avec une grande aiguille, tout simplement, réintégrant la laine dans la manche... Je suis confondue !
N'allez pas croire qu'il s'agisse d'un nouveau Saint-Laurent ou du Christian Dior des années 2030 ! Non, parce qu'il aime aussi par-dessus tout jouer de la guitare classique et dessiner, apprendre le solfège et peindre en pleine nature... Ce qui ne l'empêche pas d'avoir 15,5 de moyenne en classe.
Un surdoué ? Sûrement pas. Seulement un enfant "bien dans ses baskets", goûtant la vie avec délices et sans excès.
Finalement, ce n'est pas si compliqué : il suffit d'une paire d'aiguilles à tricoter et d'une pelote de laine...Et de beaucoup de tendresse autour de lui !

Nanette

mercredi 13 mars 2013

François, le pape des pauvres

Joie, bonheur, fierté... Quoi encore : dilatation de l'âme face à ce coup de tonnerre reçu comme un cadeau à 20 h 11 en ce mercredi 13 mars, en direct du balcon du Vatican...
Un nouveau pape nous est donné, venu de l'autre côté de l'Océan, "du bout du monde" comme il le dit lui-même dans un sourire. Un Jésuite, érudit, équilibré, pastoral, d'une simplicité franciscaine ; Jorge Mario Bergoglio, "l'ascète proche des pauvres" comme titrait le journal La Croix, le vendredi 8 mars dans sa présentation des figures du conclave susceptibles de succéder à Benoît XVI.
Sur la place St-Pierre, dans la rue de la Conciliation, noires de monde, tout à coup la clameur s'est tue. Comme si la foule était en état de sidération à la vue de cet homme blanc tellement surprenant, déjouant tous les pronostics. En état de choc. Lui, l'homme de l'autre hémisphère, du continent américain qui n'avait encore jamais donné de pape à l'Eglise, se présente à eux, demeure de longs instants totalement figé, les bras ballants, simplement vêtu de cette soutane blanche unique au monde, l'air tellement calme qu'il semble leur dire : "Eh bien, oui, c'est moi que les cardinaux ont choisi, moi qui vient vers vous dans ma pauvreté et mon humilité, avec pour seule mission celle de vous conduire sur le chemin de l'Evangile".
C'était tout simplement prodigieux.
Les premiers mots du pape François -puisque c'est ainsi qu'il a choisi de s'appeler en référence à François d'Assise, le povorello- furent pour prier pour Benoît XVI, un "Notre Père", la prière enseignée par le Christ, puis un "Je vous salue, Marie" ; et ces quelques phrases improvisées engageant le peuple à le suivre "sur le chemin de la fraternité, de l'amour entre nous". Et encore cette attitude d'humilité demandant au peuple face à lui de "prier le Seigneur pour qu'Il me bénisse"... Et cet immense silence emplissant la place St-Pierre, chargé d'une prière fervente. Enfin, il devient pape en revêtant l'étole, le temps de donner sa première bénédiction "urbi et orbi" puis il enlève l'étole et redevient l'humble évêque de Rome au service de ses frères...
Quelle rupture avec la fameuse pompe vaticane tant raillée. Quelle première leçon de retour aux sources essentielles du message chrétien : la pauvreté évangélique, l'attention aux plus petits, aux déshérités. Déjà on raconte des anecdotes le concernant : la vente de la résidence des archevêques de Buenos Aires et son choix de vivre dans un petit appartement proche de la cathédrale ; le soutien qu'il apportât à l'un de ses prêtres menacé de mort par les narcotrafiquants en allant vivre plusieurs jours avec lui dans son bidonville.
Oui, le pape François va nous étonner. Ce sera le pape de la révolution tranquille, celle du coeur qui choisit l'autre plutôt que lui-même, le service plutôt que la satisfaction de ses désirs, la fraternité plutôt que l'intolérance.

Nanette

samedi 2 mars 2013

Assomption papale

Images inoubliables que celles du pape Benoît XVI s'envolant, jeudi en fin d'après-midi, dans le ciel romain après s'être appliqué à lui-même l'injonction des "printemps arabes", "Dégage !"
Merveilleuse parabole à inscrire dans l'histoire de la papauté que ce pape s'élevant dans les airs, à bord d'un hélicoptère tout blanc, comme sa soutane, et survolant le dôme de St-Pierre puis le Colisée qui vit se dérouler tant de jeux du cirque pratiqués sous tant de règnes d'empereurs romains...
Comment nommer cet envol : ascension ? assomption ? envol tout simplement ?
Oui, Joseph Ratzinger a choisi, en son âme et conscience, de "dégager".La stupeur passée, il reste comme un grand fou rire intérieur : il a osé ! Au nez et à la barbe du monde entier, il a osé poser un acte d'homme totalement libre, choisissant ce qu'aucun cinéaste -pas même Nanni Moretti- n'aurait osé imaginer : tirer sa révérence avec élégance et discrétion.
Encore un petit discours à la fenêtre de ses appartements privés destiné à une foule immense massée place St-Pierre ; et puis, à peine arrivé à Castel-Gandolfo, un petit bonsoir du haut du balcon à l'adresse d'une petite foule venue l'acclamer une dernière fois. "Bonne nuit" leur a-t-il dit en ultime adieu... Fascinant !
Dès que le nouveau pape sera élu, il rentrera au Vatican, accueilli dans un doux monastère où l'on veillera sur lui avec affection. Il pourra jouer du piano, cultiver ses roses, prier, écrire, lire...Bref, Sa Sainteté vivra sans doute encore de longues et paisibles années de retraité, à l'abri des turbulences du monde, après huit années papales trop lourdes pour ses frêles épaules.
"Sa Sainteté a bien dormi" a précisé son entourage dans un communiqué de presse, le lendemain matin...
Tout juste a-t-il troqué ses chaussures rouges... pour des chaussures marron !
Décidément, nous vivons une drôle d'époque...

Nanette