mardi 31 décembre 2013

Sylvestre, au secours !!!

Dans quelques heures, ce sera cuit : 2013 aura basculé dans les oubliettes de l'Histoire...
Et moi, j'en peux plus !
J'en peux plus de voir et d'entendre ces flots de paroles sucrées, archi-convenues, bécasses... et tellement loin (j'espère !) de la réalité !
Il paraît, à en croire les reportages tournés aux halles de Rungis, qu'on se précipite sur la viande de kangourou, de zèbre et même de crocodile ; qu'on va se goinfrer de tonnes d'huîtres et de foie gras, qu'on avalera des hectolitres de champagne et de whisky. Il paraît que le summum du bonheur consiste à se prendre la mufflée du siècle, à se torcher à en crever, à se faire péter la sous-ventrière comme on disait dans ma jeunesse...A se défoncer jusqu'à l'aube sans plus savoir qui on est !
A voir les reportages télévisés, on constate que c'est la cohue sur toutes les pistes de ski, qu'elles soient alpines ou pyrénéennes ; que les queues aux remontées mécaniques s'allongent à l'infini ; que, heureusement, les plus raisonnables trouvent refuge sur les sentiers immaculés réservés aux porteurs de raquettes.
Alors, alors messieurs les sociologues, les économistes, que dites-vous de cette folie collective qu'on nous promet pour cette fameuse nuit du passage à l'an neuf ? "C'est la nuit de toutes les transgressions, dit le sociologue Jean Viard ; celle où tout est permis pour conjurer l'ogre des ténèbres. Nous sommes dans les nuits les plus longues.  Plus la crise fait peur, plus la transgression se doit d'être forte". Du côté des économistes, même son de cloche : on a tellement peur de l'avenir, tellement peur de l'augmentation de 0,5% du taux de la TVA, tellement peur de l'augmentation des impôts, de l'essence, du sucre, du fromage, du papier, de l'eau, de l'électricité, du gaz, du sel, du poivre ("vous m'en repasserez bien un peu ?"), bref de tout, qu'il est urgent de dépenser avant de perdre !
Tristesse...
Pensons une minute à ce fameux Sylvestre dont nous célébrons la fête aujourd'hui. Qui était-il ? Un pape né à Rome en 314, mort en 335, non pas en martyr comme tant d'autres mais benoîtement dans son lit.
Pourquoi est-il saint alors ? Parce que, grâce à lui et à l'empereur Constantin qui venait de se convertir au christianisme, la ville de Rome commença à devenir la grande ville chrétienne qu'elle est encore aujourd'hui. C'est à Sylvestre que l'on doit le début de la construction des premières basiliques du Latran et de saint-Pierre, chefs d'œuvre universels du génie et de la pensée humaine.
Cà vous a une autre gueule que cette grande bouffe planétaire qui se prépare...
Pour ma part, j'ai choisi : je vais déguster, trois heures durant sur Arte, le merveilleux téléfilm de cette grande dame cinéaste qu'est Nina Companeez, "Voici venir l'orage", cette fresque historique retraçant l'épopée de la famille Stern, celle de l'auteure, à travers l'Europe du début du XXe siècle.
 Bonheur assuré ! Quelques toasts de foie gras et une coupe de champagne à la main, tout de même...

Nanette

lundi 16 décembre 2013

L'envol de Madiba

Inutile de rajouter mon grain de sel aux tonnes d'éloges déversées par le monde entier depuis dix jours sur Nelson Mandela, cet homme que l'Histoire n'oubliera pas. Hier encore, lors de son enterrement à Qunu, le village de son enfance, on a pu mesurer toute la complexité de ce continent noir : côte à côte en direct sur l'écran de télévision partagé en deux, des officiels et des "people"venus de toute la planète participaient à un magnifique hommage à l'occidental sous une tente immaculée tandis qu'à quelques kilomètres de là sur une colline verdoyante des hommes vêtus de peaux de bête et armés de bâtons dansaient sur des rythmes ancestraux, rappelant l'appartenance de Madiba à l'ethnie xhosa des Thembu.
Mais quel magnifique symbole que l'ultime image donnée par les caméras où l'on voit le cercueil de Mandela posé sur le caveau ouvert, entouré de six officiers des différentes armées, casquettes à la main, drapeau national replié puis, dans le ciel, le passage de trois hélicoptères portant eux aussi le drapeau d'Afrique du Sud pour revenir, l'image suivante, sur le caveau béant... Pendant que nous levions la tête pour admirer les aéronefs, le corps de Madiba a disparu...
On nous a épargné la douleur de la mise au tombeau !
Avec une délicate pudeur, tellement chère à Madiba, les hommes de télévision ont choisi l'envol vers le ciel plutôt que le retour à la terre.
Chrétien méthodiste, profondément spirituel comme son peuple, Nelson Mandela a rejoint à la fois la terre de ses ancêtres et le ciel de sa foi.

Nanette

vendredi 13 décembre 2013

Partage ferroviaire...

Allons, allons, les cheminots sont de braves gens ! Parfois ils se mettent en grève juste au moment où on avait prévu un petit voyage mais souvent, tout de même, les trains roulent dans notre beau pays. Et parfois même ils arrivent à l'heure !
Justement, la semaine dernière j'ai eu droit à un joli coup au coeur dans un TGV.
Je lisais benoîtement, transportée en douceur par un de ces beaux wagons décorés par le couturier Christian Lacroix et j'avais à côté de moi un jeune homme d'une petite vingtaine d'années. Rien ne le distinguait du jeune "moderne": écouteurs vissés sur les oreilles, T-shirt orange et baskets blanches. Il grignotait des chips lorsque, tout à coup, il me propose une barre chocolatée. Eberluée, je refuse, prétextant... n'importe quoi ! Alors il insiste : "Vous voulez des chips ?" Là, j'éclate de rire... Et lui de continuer : "De l'eau ?" Cà, çà ne se refuse jamais ! Et puis je serais vraiment passée pour une vieille ronchon anti-jeune. Et me voilà glougloutant à la régalade à sa bouteille !
J'ai été tellement éberluée de tant de gentillesse, d'attention que je n'ai pas pu m'empêcher de lui dire ce que je pensais : "Cà vous arrive souvent de proposer de donner ce que vous avez à une vieille dame alors qu'il y a tant de jeunes filles autour de vous ?" Et lui de me répondre : "Ben, oui ! J'en avais trop pour moi !"
Tout simplement...
Ce petit gars-là, il faudrait l'inviter à la table de nos gouvernants occidentaux, repus. Pour qu'il leur parle de partage, tout simplement.

Nanette

lundi 2 décembre 2013

La TVA fait du yoyo

A quoi jouent-ils, nos gouvernants ? Au bilboquet ? Au yoyo ?
A l'approche des cadeaux de Noël, voilà remis à l'honneur ces jeux bien innocents de notre enfance. Manquent à l'appel le diabolo, le hulla houp et le jokari..
Mais encore ?
Depuis quelques jours, deux nouvelles occupent les ondes et les écrans médiatiques : la ministre de la santé, Marie-Sol Touraine (que de méchantes langues droitières surnomment MST) a trouvé l'arme fatale contre la propagation du sida : diminuer la TVA sur les préservatifs de 7 à 5,5%, ce qui ferait une économie de 10 à 20 centimes d'euros par boîte ! Je ne sais pas combien de préservatifs contient une boîte et j'en suppose 10. Ce qui ferait tout de même baisser le prix de la "capote" (comme on disait en ces temps lointains où ce bon Lucien Neuwirth oeuvrait pour la libération de la femme) d'un ou deux centimes d'euro. Youpi !
En regard, superbe cabriole pour les quelque 2 000 centres équestres dont les tarifs de prestations doivent passer de 7 à 20% de TVA... D'où des augmentations spectaculaires de prix difficilement compatibles avec des porte-monnaie déjà bien sollicités ces temps-ci. Est-ce à dire, comme on l'entend dans les reportages, que nombre de chevaux risquent de finir à la boucherie dans les mois à venir ? Que des centaines d'emplois sont menacés également de disparaître ?

Il faut courir voir le magnifique film de Guillaume Gallienne, si plein de pudeur et de subtilité pour ce qu'il est convenu d'appeler "la différenciation sexuelle".
Il y a dans ce film ("Les garçons et Guillaume, à table !") une admirable scène qui se déroule dans un manège, justement : terrorisé par l'animalité qu'il pressent en lui et le paralyse, Guillaume découvre à cheval qu'il peut se libérer de cette peur archaïque inconsciente qui entrave son hétérosexualité à condition de faire confiance à la fois au maître de manège empathique et au cheval puissant et bienveillant.
Et puis il y aurait tant de garçons et de filles malheureux de ne plus pouvoir parler à l'oreille de leur confident pour quelques euros de trop...
Des économies, il y a tant d'autres façons d'en faire...


Nanette