mercredi 18 février 2015

Apaiser la suffocation

Bienfaisant Jean-Claude Guillebaud, l'ami et confrère... Je tombe par hasard (je n'aime pas ranger !) sur son bloc-notes du 27 juin 2013 dans l'hebdomadaire La Vie intitulé "Un renard a surgi !"
Et tout à coup un merveilleux bain de jouvence m'envahit : voilà ce qu'il nous faut en ces temps plus que troublés où les medias nous assaillent en permanence d'horreurs commises sur tous les continents au risque de nous noyer sous des flots de terreur et d'angoisse irrépressible. Des décapitations de journalistes et de musulmans par DAECH en Syrie à celles de coptes égyptiens en Libye en passant par les assassins de Charlie-Hebdo, de l'hyper casher et de Copenhague sans oublier les combats en Ukraine et la fuite éperdue des populations civiles, la profanation du cimetière juif alsacien et maintenant celle du cimetière catholique normand, la suffocation arrive à son comble.

Alors oui, la parole de l'ami Jean-Claude fait du bien : "On ne vit pas que de mots et d'idées, écrit-il. Il faut quelquefois changer de regard, poser son sac, apaiser son esprit". Et de raconter comment, rentrant de nuit dans sa campagne charentaise après quelques jours à Paris, "la tête bourdonnante des comités de rédaction et des débats du jour", il aperçut dans les phares de sa voiture deux chevreuils "qui s'éloignaient sans hâte" puis sans transition surgir un renard devant le capot : "Un vrai bonheur !" s'exclame le journaliste-écrivain, tout à coup replongé dans "la vraie vie, la vie têtue qui perdure dans nos campagnes". Cette double rencontre nocturne, accompagnée d'un moment de contemplation de la nature endormie sous les étoiles, suffit à Jean-Claude Guillebaud pour "remettre d'aplomb tout un monde intérieur". A cette époque, on s'interrogeait en haut lieu pour savoir s'il convenait d'envoyer des troupes en Syrie pour combattre Bachar El Hassad... On est bien loin de ces préoccupations un an et demi plus tard. Aujourd'hui, les conflits se sont disséminé dans tout le Moyen-Orient et l'Afrique ; l'Europe est la cible des terroristes, nos rues sont quadrillées par des militaires en arme et nous avons plus que jamais besoin de doux chevreuils et de malins renards sauvages qui peuplent encore nos forêts ensorcelantes.
Le printemps est à nos portes. Ne le laissons pas filer sans le voir... Il nous aidera à remettre d'aplomb notre monde intérieur.

Nanette