mardi 28 mars 2017

PETITE CHRONIQUE RURALE - 3 - Nécessaire...

Nécessaire... Je ne suis plus nécessaire. Quel beau cadeau elle m'a fait, ma chère amie V. avec laquelle je déjeunais hier ! Voilà le mot qu'il fallait me dire. Pas "utile", non. Nécessaire. En d'autres temps, on disait un "nécessaire à couture" pour désigner une jolie boîte remplie d'épingles, de bobines de fil, de boutons, d'aiguilles de tout acabit ; tout ce dont on avait besoin pour réparer. Pour ravauder, pour créer aussi.
Donc je n'ai plus à réparer. Voilà bien ma chance !
J'ai donné sans compter pour tenter de rendre plus légère la tâche éducative de ma fille sans peser trop sur leur cellule familiale. Pendant presque onze ans. Maintenant les voilà devenus "grands", ou presque ! Les besoins, les attentes ne sont plus les mêmes. Aujourd'hui mon appartement m'est devenu trop vaste. Le temps de l'école, puis du collège est terminé. Les repas pris ensemble pendant la semaine, les temps libres passés chez moi entre deux cours, les nuits choisies dans ma chambre d'ami pour atténuer une angoisse trop envahissante, tout cela est à inscrire dans les souvenirs... Les couches sédimentaires s'entassent les unes sur les autres sans amertume ni regret. J'ai revu avec une grande douceur les lieux où j'emmenais les deux bambins jouer au parc, grimper sur d'horribles sculptures représentant un couple enlacé. D'abord il y a eu le temps de la poussette et du bac à sable puis celui des courses échevelées dans les allées puis l'accompagnement à la patinoire et un peu plus tard les escapades à la montagne si belle !
Nulle nostalgie dans toutes ces évocations. Tout juste une impression profonde de joie donnée et reçue  sans avoir eu conscience du temps qui passe.
L'important, ce sont les sédiments. Un socle qui se construit chaque jour en vue d'un nouvel horizon à découvrir.

Nanette

dimanche 26 mars 2017

PETITE CHRONIQUE RURALE - 2 - Le printemps du lièvre

Ce dimanche matin la radio m'informe qu'aujourd'hui nous célébrons les gîtes de France. Sans doute ce coup de pub s'explique-t-il par la montée de la sève printanière dans nos artères. Il faut accompagner l'envie d'aller admirer les arbres en bourgeons, les collines fraîchement labourées et les champs de neige toute neuve par un rappel bienvenu en direction de cette Fédération nationale des "Gîtes de France" qui offre des milliers de lieux d'hébergement chez l'habitant qui font l'un des charmes de notre beau pays.
Pourquoi me suis-je sentie concernée par cette annonce radiophonique ? Instantanément j'ai pensé au lièvre. On dit que le lièvre "gîte". Il gîte dans un terrier. Alors vais-je, comme le lièvre, m'enterrer dans un terrier pour y gîter en toute tranquillité ? En toute terreur ? En toute sagesse comme un vieil ermite hindou ?Ou bien, comme le lièvre, vais-je prendre mes pattes à mon cou pour courir le vaste monde, plus vite que la tortue encombrée par sa carapace alourdie par les ans et les préjugés ?
Il y a de la grandeur à rejoindre son gîte pour y méditer, y accueillir ses amis, s'y entourer de musique et de beauté, gratter un lopin de terre pour y voir pousser des fleurs et des tomates, des herbes fines et du basilic.
Il y a du bonheur à reprendre son sac à dos, à être attentif à ses émerveillements insatiables.
Déguster son gîte ; s'émerveiller du monde : un programme lourd de joie pour un lièvre en quête de senteurs printanières...

Nanette


samedi 25 mars 2017

PETITE CHRONIQUE RURALE - 1 Le temps des cartons

25 mars 1957 : signature du Traité de Rome par six pays européens donnant naissance à l'Union Européenne.
25 mars 2017 : naissance de cette "Petite chronique rurale" qui, je l'espère, m'accompagnera tout au long des mois à venir... En toute modestie !
Soixante ans séparent ces deux actes fondateurs ! J'avais seize ans lorsque nos Pères fondateurs de l'Europe conclurent ce traité qui devait nous protéger de nouveaux conflits meurtriers et remettre en état de marche ces pays anéantis et exsangues.
J'en ai 76 aujourd'hui et je m'apprête à vivre une petite, toute petite, révolution personnelle : je quitte la grande ville pour m'installer à la campagne. Exactement l'inverse de ce que font la plupart des "personnes âgées".
Inconscience ? Coup de folie ? Provocation ? Repli sur soi et ses conséquences ? Ou bien besoin de concentration, de légèreté, de liberté ?
On verra. Déjà la douce sensation de l'aventure s'est glissée à nouveau dans mes veines...
Les cartons envahissent le couloir. La date du déménagement est arrêtée. Là-bas, ma maison est prête à m'accueillir...

Nanette