mardi 10 mars 2015

Florence, sauvée par sa mère.

Tristesse. Grande désolation. Après le départ de Cabu et des autres, voilà que c'est au tour de la guerrière Florence Arthaud de tirer sa révérence... Dans un accident d'hélicoptère, ironie du sort... Bien sûr, il y a tous les autres, les neuf autres morts eux aussi dans cette collision tellement improbable.
Mais Florence Arthaud me touche encore plus que les autres. Question d'âge sans doute, de génération. Elle m'a accompagnée, j'ai suivi ses exploits incroyables sur toutes les mers du globe, ses coups de gueule, son courage à couper le souffle. Et aussi sa grande tendresse pour Pierre Bachelet quand ils chantaient ensemble. Ses quelques mots discrets sur sa fille.
Mais ce qui m'émeut peut-être le plus, ce soir en me remémorant le peu que je sais d'elle, c'est le récit qu'elle fit de son sauvetage en mer, une nuit de 2011 au large du Cap corse. J'entends encore sa voix racontant comment, en pleine nuit dans une Méditerranée déchaînée, coincée sous son bateau qui avait chaviré et voyant sa dernière heure arrivée, elle réussit à sortir son téléphone portable de son pantalon et à faire le seul numéro dont elle se souvenait malgré l'horreur du moment : celui de sa mère.
Puissance du cordon ombilical malgré les années, malgré l'indépendance forcenée, la liberté revendiquée et assumée... Au pire moment de son existence, c'est à sa mère que s'accrochait la navigatrice impétueuse avec la force du désespoir. Et c'est grâce à elle que Florence fut sauvée ! Une sorte de deuxième naissance.

A quoi, à qui pensa-t-elle en ces ultimes secondes lorsque les deux hélicoptères se télescopèrent hier à cent mètres d'altitude seulement, devant des dizaines de personnes tétanisées et impuissantes ? Je n'ose l'imaginer...
Déjà la mort de son alter ego, Eric Tabarly, assommé par un morceau de bois de son voilier alors qu'il naviguait seul, m'avait profondément touchée. Celle de Florence Arthaud ravive ce sentiment d'immense tristesse. Hors du commun, ces artistes nous apportent mieux que du rêve ; ils nous enseignent à vivre.

Nanette 

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