vendredi 26 juillet 2013

TUNISIE : le projet de Constitution au crible du Conseil de l'Europe

Avec ce nouvel assassinat d'un leader politique de l'opposition de gauche, hier à Tunis, les esprits à nouveau s'enflamment et l'installation d'une démocratie apaisée apparaît plus fragile que jamais. Certes la Tunisie n'est pas l'Egypte et on peut légitimement espérer que le sens de la négociation et du compromis l'emporteront sur le chaos mais je voudrais proposer aux commentateurs, journalistes, politologues et experts de tous calibres de lire in extenso, pour une fois, le document passionnant que le Conseil de l'Europe via la Commission européenne pour la démocratie par le droit (Commission de Venise) vient de rédiger à la demande du Président de l'Assemblée Nationale Constituante (ANC), M. Mustapha Ben Jaafar.
Le 3 juin dernier, M. Ben Jaafar a sollicité l'avis de la Commission de Venise, composée de onze juristes experts européens, sur le projet final de la constitution de la République tunisienne, sur laquelle travaillent les députés de l'ANC depuis plus d'un an et demi. Ce rapport long de 40 pages analyse dans le détail la totalité des articles rédigés par les députés tunisiens et y apporte des observations tout à fait passionnantes. Les rapporteurs proposent "certaines suggestions ne visant qu'à apporter une assistance à l'Assemblée Constituante" peut-on lire dans le préambule de ce rapport d'une extraordinaire finesse et rigueur juridiques. Si les députés tunisiens tiennent compte de ces suggestions et observations, la nouvelle constitution serait alors parfaitement conforme aux principes démocratiques qui régissent le droit international tout en acceptant que l'islam soit reconnu comme "religion du pays". La Tunisie deviendrait sans conteste le premier pays arabe à accéder véritablement au rang des démocraties modernes.
Les rapporteurs européens ont rendu leur copie le 17 juillet pour que les travaux de l'ANC concernant cette constitution puissent être terminés avant octobre 2013.
Le texte intégral de ce rapport de la Commission de Venise est accessible sur internet ! Il suffit d'avoir envie de le lire...
A longueur de journée, et plus particulièrement depuis l'assassinat hier de Mohamed Bramhi, on entend dire que le projet de constitution est au point mort, que les députés de l'ANC s'occupent de bien d'autres choses que de la constitution, que chacun  tire à hue et à dia pour freiner le processus démocratique etc... Tout cela est certainement vrai.
Mais il m'a semblé tout de même intéressant de prouver que des travaux sérieux et honnêtes intellectuellement sont réalisés, loin des agitations politico-médiatiques...
Ce rapport est à consommer sans modération !

Nanette

lundi 22 juillet 2013

Le doigt de Christopher

Cet homme-là ne peut pas être un tricheur. On aura beau analyser son sang, ses urines et Dieu sait quoi encore, Christopher Froome ne sera pas convaincu de dopage, j'en mettrais presque ma tête sur le billot...
Pourquoi une telle certitude alors qu'il faut attendre trois semaines pour que les laboratoires détenteurs des précieux prélèvements rendent leur verdict ? Parce que Christopher Froome, vainqueur du 100è Tour de France, s'est émerveillé comme un enfant, hier soir sur les Champs-Elysées. Remontant les Champs à toute allure alors que le soleil embrasait l'Arc de Triomphe, il leva soudain la tête et pointa du doigt la patrouille de France qui survolait la plus belle avenue du monde en laissant dans le ciel ces longs lacets de fumée tricolores que l'on connait si bien.
Emerveillé comme le petit prince devant sa rose, Christopher Froome semblait ne plus ressentir la fatigue accumulée tout au long de ces 3404 kilomètres qu'il venait d'avaler avec une facilité déconcertante pendant ces trois semaines. A-t-il triché ? S'est-il dopé avec tant de discrétion qu'il puisse passer à travers les mailles des filets les plus efficaces ?
Ce doigt d'enfant plein de fraîcheur, ce regard émerveillé et, un peu plus tard sur le podium des vainqueurs, ce sourire éclatant de gentillesse et comme surpris par tant de bonheur ne peuvent pas appartenir à un vilain garçon ! Et que dire de sa douce fiancée, elle aussi fraîche comme une rose énamourée, si bellement accordée à lui ?
Il vient de Johannesburg, l'une des villes les plus dangereuses du monde, il a 28 ans, il a tenu tête aux sifflets, aux injures entendus sur le Tour contre lui qu'on soupçonnait de dopage après l'avoir vu s'envoler au mont Ventoux ; malgré tout il a gagné de la plus belle manière, avec la grâce, le charme d'un athlète irréprochable.

Nanette