mercredi 30 novembre 2011

Adieu, novembre...

"Voici le vent, le vent cornant novembre..."
Bien fini, ce temps où "la bise fut venue" et le vent cornait novembre ! Les poètes ont toujours raison, soit. Surtout quand ils s'appellent Jean de La Fontaine ou Emile Verhaeren. Oui, en Flandres çà souffle fort sur le plat pays mais ici, le long de la Garonne : point de bise ni de vent fripon ; tout au plus un vent d'autan "qui rend fou".
Alors en ce dernier jour de novembre, tandis que reverdit la pelouse sous ma fenêtre et que tourterelles et pies batifolent encore sans souci d'un lendemain étique, il me vient l'envie de tourner la page.
Trop de politologues, de climatologues, de météorologues (tous ces "logues" qui parlent sans fin !) pour vous filer le bourdon ! L'euro ? Fini sous peu ! Et attendez-vous au chaos interplanétaire. La banquise, les icebergs équilibrant la planète ? Foutus, fondus ! On va basculer la tête en bas et les pieds en l'air ! Le nucléaire, l'électricité moins cher qu'ailleurs ? Abandonné ! Voyez Fukushima ! La forêt amazonienne, poumon du monde ? Il y a belle lurette qu'on en parle plus, bouffée par les gros capitalistes ! Le printemps arabe qui nous a donné tant d'espoir ? Un leurre ! Voyez, partout les islamistes prennent le pouvoir...
Une vraie litanie du désespoir...
Alors... "Il faut savoir raison garder" comme disait ce bon Raymond Barre (ou un autre, tout aussi rassurant, mais qui quitta le pouvoir en laissant un taux d'inflation de 14%). On passe à travers tout : les crises, les inflations, déflations, les tempêtes et les cyclones, les rumeurs et les médisances, les atrocités et les grandes douleurs... On en ressort essoré, meurtri, cabossé, parfois ébloui, émerveillé !
Chacun choisit son camp : le malheur ou le bonheur ?
Bienvenue à toi, décembre chéri ! Le 13, Lucie nous apporte sa petite lumière. La nuit s'estompe, une petite minute de plus et l'aurore arrive de l'Orient...
Laissons advenir ce mois nouveau...

Nanette

lundi 28 novembre 2011

Courageuse Caroline !

En l'écoutant ce matin sur France Inter, peu avant 8 heures, j'ai senti monter en moi une immense compassion pour elle. Puis une immense rage contre eux, ces salopards ivres de haine pour l'Occident, pour la démocratie, pour la femme,  blonde de surcroît, pour l'intelligence et le courage.
Elle, Caroline Sinz, grand reporter à France 3, avait encore la voix tremblante, presque enfantine, à l'opposé de celle qu'on lui connaît quand, en direct de la place Tahrir au Caire ou au coeur de Bagdad en folie, elle raconte, encore et toujours, la réalité des faits d'une voix claire et assurée. Malgré la peur, la dureté d'une vie généralement réservée aux hommes.
Avec presque des sanglots, elle a raconté à des millions d'auditeurs ce que lui ont fait subir ces soudards d'une autre époque : la bousculade et la séparation d'avec son cameraman, puis l'agression inouïe de dizaines d'hommes jeunes la jetant à terre, lui déchirant ses vêtements et ses sous-vêtements et enfin le viol ("puisque juridiquement, dit-elle, la pénétration digitale s'apparente à un viol") ; ils ont voulu l'étrangler, la tuer et elle ne dut sa survie qu'au courage d'un homme sorti de la foule déchaînée qui réussit à l'arracher à ses agresseurs !
En écoutant ce récit, en entendant cette voix si pleine de douleur et cette femme si courageuse d'oser avec tant de lucidité dire l'innommable, je n'ai pu m'empêcher de penser à toutes ces soeurs d'armes : Florence Aubenas, Memona Hintermann, d'autres encore rencontrées dans la presse écrite mais qui se tairont à jamais, la presse papier n'ayant guère droit de cité sur le petit écran. Les nouvelles féministes, ce sont elles !
Il est loin, le temps où Giscard d'Estaing créait, en 1974, un secrétariat d'Etat à la Condition féminine et le confiait à Françoise Giroud ! Il s'en fit du travail, en ces temps-là, pour la promotion de la femme !
Les temps ont changé et maintenant ce ne sont plus les "349 salopes" ayant déclaré un avortement qui sont attaquées mais les journalistes envoyées sur les champs de bataille les plus dangereux du monde.
Car la place Tahrir du Caire est devenue en quelques jours l'un de ces lieux de guerre où se mélangent tout le chaos du monde : analphabétisme, chômage, odeur de pétrole, islamisme le plus radical à quoi s'ajoutent les pulsions humaines les plus incontrôlées...
Oui, décidément, Jean-Marie Cavada avait bien raison lorsqu'il disait, à la fin d'une de ses dernières émissions "La marche du siècle" : "les journalistes sont les derniers remparts de la démocratie".
Caroline Sinz est rentrée à Paris, partiellement détruite. Momentanément, espérons-le. Elle repartira en Egypte, a-t-elle dit. Pour la remplacer sur la place Tahrir, micro à la main, une jeune femme, brune celle-là, est apparue sur nos écrans dès le lendemain...
Chapeau, mes amies !

Nanette

dimanche 27 novembre 2011

Clowneries jubilatoires...

Les préjugés, c'est comme les feuilles à l'automne : c'est fait pour tomber. Ces jours-ci, j'en ramasse à la pelle... Avec délectation !
Ainsi ce week-end : depuis des lustres, j'étais persuadée que le théâtre, les impros, les clowneries, ce n'était pas pour moi. Que j'étais incapable de changer de peau, d'endosser un autre moi-même que ma petite personne et que, même si je ne la trouve pas particulièrement passionnante, elle me collait à la peau pour le restant de mes jours...
Que nenni ! Depuis hier et aujourd'hui, toutes ces belles théories ont volé en éclats et je me suis... éclatée comme jamais depuis... des décennies, là aussi. Comme quoi, même ce qui nous est le plus proche nous reste étranger bien plus qu'on ne le pense.
Foin de lapalissades, j'ai donc participé à un stage de "clown culturel" ce dernier week-end.
En fait, "culturel", je ne sais pas trop ce que celà signifie mais le résultat est là : la bonne quinzaine de stagiaires présents, sous la houlette assurée d'un "maître-clown" et de son assistante, sont allés à la découverte de trésors intérieurs enfouis depuis l'enfance. Nul recours à la psychologie des profondeurs, de subterfuges plus ou moins bizarres ou inquiétants pour s'en aller vagabonder au milieu de ses sensations, de ses désirs, de ses émotions et d'accepter de les laisser monter à la surface. Alors, sans même le vouloir, toute cette immense richesse intérieure s'organise, se structure pour devenir relation à l'autre, empathie, création. Il suffit d'un nez rouge pour que la magie opère... On laisse sa vieille carcasse dans les coulisses, ses horipeaux quotidiens de tracas, de souffrances, d'inquiétudes au vestiaire ; on devient tout neuf, prêt à donner et à recevoir...
Et c'est jubilatoire. Rien de plus simple en ces jours sombres qui nous enserrent dans le catastrophisme et la panique à venir.: un nez rouge et hop ! C'est le bonheur...

Nanette

mardi 22 novembre 2011

Danièle-la-rebelle

Danièle Mitterrand n'aura pas connu la dégradation physique. Elle est morte comme elle a toujours vécu : en combattante. Quelques petits jours à l'hôpital Georges-Pompidou et puis elle s'est éclipsée avec élégance. Une élégance dont cette rebelle invétérée a fait preuve tout au long de sa vie. Sauf peut-être une fois ; c'était au moment de la sortie de prison de son fils Jean-Christophe, "Papa-m'a-dit" pour les humoristes : incarcéré de longs mois pour trafics en tous genres avec quelques potentats Africains, il allait être libéré et sa mère l'attendait à la porte de la prison. Face aux nombreuses caméras qui filmaient l'événement, elle se déchaîna avec toute la force de la passion dont une mère est capable et invectiva la justice française avec une violence peu digne d'une veuve de président de la République. A ce moment-là, les tripes parlaient et non plus "le sens de l'Etat".
Mais peut-on reprocher à une mère de défendre bec et ongles son fils, quoi qu'il ait fait ? Rebelle, là encore.
Pour moi, la plus belle leçon de dignité et de grandeur d'âme que donna Danièle Mitterrand et dont je me souviendrai, c'est la façon dont elle accepta la présence de Mazarine, la fille de François Mitterrand, et de sa mère, aux obsèques de Jarnac. "Je le savais depuis le début", répondit-elle simplement au journaliste qui l'interviewait sur ce sujet quelques années avant sa mort.
Une leçon qu'a sans doute retenue une certaine Anne, confrontée elle aussi à la vie plus que tumultueuse de son mari...

mardi 8 novembre 2011

Débordements

Tout déborde. Partout. A la surface du globe et dans nos têtes. Les rivières et les fleuves sont en crue, les routes sont coupées, des personnes partent au fil de l'eau, d'autres perdent tout espoir.. Dans l'Antarticque, on assiste en direct à la naissance d'un iceberg gros comme New-York tout entier ! Fukushima n'en finit  pas de cracher sa radioactivité.
Dans nos têtes, tout tourne fou : la Grèce et son théâtre antique, l'Italie et son bouffon de commedia dell'arte, à Cannes nos deux "grands hommes" qui se congratulent sans vergogne pour les télévisions françaises emprisonnées dans la com pré-électorale. Chez nous, on nous assène la rigueur, l'austérité, la sueur et les larmes, avec des faces d'enterrement...Et puis on nous dit : vous allez voir à Noël : ce sera de la folie ! On va s'éclater, dépenser, dépenser comme jamais ! Jouisseurs de tous pays, unissez-vous !
Et moi dans tout ce maëlstrom ? Moi aussi je déborde. De joie : j'emmagasine des rencontres, des informations, des voyages, des intuitions que tout cela est tellement porteur d'espérance... Non, tout ne va pas mal, au contraire ! Le monde est comme un dragon, comme diraient les Chinois, qui se réveille et nous bouscule périodiquement. Nous en avions besoin, assoupis que nous sommes dans notre confort, notre époque rassasiée de gens repus (du moins pour beaucoup, en France !).
Le printemps arabe poursuit son avancée, difficilement, de façon cahotique mais il avance inexorablement.Un peu partout se réunissent des gens de bonne volonté, prêts à s'engager pour que progresse la paix, pour que les barrières tombent, pour que l'interculturel, l'interreligieux  se fassent un chemin dans les têtes et les coeurs.
Yala ! comme disait soeur Emmanuelle, la chiffonnière du Caire qui vivait avec les plus miséreux sur des tas d'immondices.
Le soir tombe. Devant ma fenêtre, sur la branche d'un acacia encore feuillu un couple de pies énamourées se fait la cour. L'heure est légère, apaisée. La nature ne se trompe jamais...
Le monde est en ordre...

Nanette

mardi 1 novembre 2011

La Callas, poussière d'étoile

Décidément, en ce jour de Toussaint, la poussière m'obsède...
Hier soir vu sur Arte un portrait inédit et tellement bouleversant de l'immense Maria Callas, diva parmi les divas. Qu'on se souvienne comme elle fut adulée à travers toute la planète !
Mais le plus bouleversant, c'est ce qu'il en advint après sa mort. On la retrouva morte dans sa salle de bains, emportée par une embolie pulmonaire. Elle avait 53 ans et vivait dans une solitude totale dans son appartement de l'avenue Georges Mendel à Paris. Selon ses voeux, elle fut incinérée. Ses cendres, à peine déposées dans une urne au cimetière du Père-Lachaise, furent volées par un admirateur mais pour satisfaire à ses dernières volontés, il fallait les disperser dans la Mer Egée, là où elle vécut sa plus belle histoire d'amour avec Aristote Onassis. On emplit donc l'urne de cendres anonymes, sans doute... Et à bord d'un bateau, une main amie se chargea de vider l'urne dans la mer. Un vent contraire refoula les cendres vers les passagers du bateau...
On pourrait se moquer, ironiser sur une telle anecdote.
Elle me rappelle l'épisode du soldat inconnu, gisant à tout jamais sous l'Arc de Triomphe, place de l'Etoile à Paris, symbolisant le sacrifice de millions d'hommes morts pour la France.
Qui donc a pris la place de la Callas dans les eaux de la Mer Egée ? Nul ne le saura jamais.
Qu'importe d'ailleurs: l'inoubliable Maria Callas vogue à jamais au milieu des étoiles et son chant n'aura pas de fin.

Nanette