lundi 28 novembre 2011

Courageuse Caroline !

En l'écoutant ce matin sur France Inter, peu avant 8 heures, j'ai senti monter en moi une immense compassion pour elle. Puis une immense rage contre eux, ces salopards ivres de haine pour l'Occident, pour la démocratie, pour la femme,  blonde de surcroît, pour l'intelligence et le courage.
Elle, Caroline Sinz, grand reporter à France 3, avait encore la voix tremblante, presque enfantine, à l'opposé de celle qu'on lui connaît quand, en direct de la place Tahrir au Caire ou au coeur de Bagdad en folie, elle raconte, encore et toujours, la réalité des faits d'une voix claire et assurée. Malgré la peur, la dureté d'une vie généralement réservée aux hommes.
Avec presque des sanglots, elle a raconté à des millions d'auditeurs ce que lui ont fait subir ces soudards d'une autre époque : la bousculade et la séparation d'avec son cameraman, puis l'agression inouïe de dizaines d'hommes jeunes la jetant à terre, lui déchirant ses vêtements et ses sous-vêtements et enfin le viol ("puisque juridiquement, dit-elle, la pénétration digitale s'apparente à un viol") ; ils ont voulu l'étrangler, la tuer et elle ne dut sa survie qu'au courage d'un homme sorti de la foule déchaînée qui réussit à l'arracher à ses agresseurs !
En écoutant ce récit, en entendant cette voix si pleine de douleur et cette femme si courageuse d'oser avec tant de lucidité dire l'innommable, je n'ai pu m'empêcher de penser à toutes ces soeurs d'armes : Florence Aubenas, Memona Hintermann, d'autres encore rencontrées dans la presse écrite mais qui se tairont à jamais, la presse papier n'ayant guère droit de cité sur le petit écran. Les nouvelles féministes, ce sont elles !
Il est loin, le temps où Giscard d'Estaing créait, en 1974, un secrétariat d'Etat à la Condition féminine et le confiait à Françoise Giroud ! Il s'en fit du travail, en ces temps-là, pour la promotion de la femme !
Les temps ont changé et maintenant ce ne sont plus les "349 salopes" ayant déclaré un avortement qui sont attaquées mais les journalistes envoyées sur les champs de bataille les plus dangereux du monde.
Car la place Tahrir du Caire est devenue en quelques jours l'un de ces lieux de guerre où se mélangent tout le chaos du monde : analphabétisme, chômage, odeur de pétrole, islamisme le plus radical à quoi s'ajoutent les pulsions humaines les plus incontrôlées...
Oui, décidément, Jean-Marie Cavada avait bien raison lorsqu'il disait, à la fin d'une de ses dernières émissions "La marche du siècle" : "les journalistes sont les derniers remparts de la démocratie".
Caroline Sinz est rentrée à Paris, partiellement détruite. Momentanément, espérons-le. Elle repartira en Egypte, a-t-elle dit. Pour la remplacer sur la place Tahrir, micro à la main, une jeune femme, brune celle-là, est apparue sur nos écrans dès le lendemain...
Chapeau, mes amies !

Nanette

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