mercredi 30 janvier 2013

Voiles en tout genre

Voilà des entrechoquements comme je les aime : inattendus, éphémères, lourds de sens.
Juste à l'instant, je rentrais chez moi les bras chargés de paquets, marchant dans cette petite rue sans caractère particulier d'une petite ville moyenne du Sud-Ouest sans charme  particulier si ce n'est sa grande tranquillité, sa douceur de vivre et son église du XIVè siècle...
Face à moi arrive une vieille, vieille voiture presque dorée, la fameuse 3 CV Citroën qui succéda à l'immortelle 2 CV chère à nos coeurs  de septuagénaires... Au volant, une adorable vieille dame, gantée, chapeautée de noir conduisant son trésor avec une infinie délicatesse. Vision de ma grand'mère... Emue par cette image d'un autre temps, je me retourne pour voir encore ce charmant spectacle. En reprenant mon chemin, j'aperçois devant moi, sortant de l'immeuble faisant face au mien, une musulmane tout de noir vêtue à la façon des saoudiennes ; près d'elle une jeune fille, peut-être âgée de 12, 13 ans, vêtue elle aussi de longs vêtements gris. Toutes deux s'en allaient, tels de grands oiseaux aux ailes déployées, sans doute... faire des courses comme tout le monde !
Et me voilà toute déboussolée !
Ce choc des civilisations à ma porte, cette confrontation si radicale -au moins dans les apparences- de mondes qui s'ignorent, au mieux, qui se craignent ou, au pire, qui se heurtent, comment l'aborder, comment tenter d'en adoucir les contours ? J'aurais aimé faire se rencontrer cette vieille dame très digne et cette musulmane vivant si près de moi pour partager nos bonheurs, nos peurs ; pour nous dire ce qui fait sens dans nos vies. Peut-être un jour...
En tout cas, voilà de quoi me redonner un peu d'espérance alors que j'apprends qu'au collège de mon petit-fils les surveillants et certains enseignants font grève tant ils ne parviennent plus à endiguer les flots d'insultes que leur déversent les élèves de 3ème ; alors qu'à l'Assemblée Nationale les députés de tous bords s'invectivent, et pour longtemps encore, autour de la future loi sur le mariage homosexuel ; alors qu'un reportage  de M6 montre un couple de femmes homosexuelles tentant des injections de sperme d'un parfait inconnu recruté sur internet pour essayer d'être mères... Mon Dieu, pauvres enfants en puissance !
Pourvu que dans sa grande sagesse, le Président de la République "donne du temps au temps", comme disait si justement son prédécesseur socialiste.

Nanette

vendredi 11 janvier 2013

Divine Emmanuelle Riva !

Enfin une nouvelle à rougir de plaisir...
Emmanuelle Riva est nominée pour l'Oscar de la meilleure actrice pour son rôle dans "Amour", ce chef d'oeuvre de Michael Haneke, déjà primé comme meilleur film européen mais auquel les Français n'ont réservé qu'un "succès d'estime".
Croisons les doigts, brûlons des cierges pour que les jurés de Hollywood couronnent, à 85 ans, cette dame si belle, si élégante dans sa distinction et sa discrétion, si raffinée et tellement française... Bien sûr, on a tous en tête sa magnifique performance d'actrice dans "Hiroshima mon amour" qui, en 1959 reçut la Palme d'Or au Festival de Cannes. Mais c'est bien loin et depuis Mme Riva sut garder la distance nécessaire, non pas pour se faire désirer à la fois par le public et par les professionnels du cinéma mais pour protéger sa personne. Il y eut quelques autres films mais jamais d'épanchements dans les médias people, jamais de secrets d'alcôves jetés en pâture, jamais de scandale ou de caprices de star.
Emmanuelle Riva est une dame qu'on aimerait avoir pour amie, pour soeur.
Si elle obtenait cette fameuse statuette qui bouleverse une existence, elle serait la troisième actrice française à   la décrocher : après Simone Signoret -qui la méritait bien, elle aussi- et après Marion Cotillard, clone d'Edith Piaf adulée par les Américains mais n'appartenant pas à la même catégorie qu'Emmanuelle Riva. Question de génération peut-être mais plus sûrement question de business remarquablement orchestrée par des producteurs américains.
Les jurés des Oscars s'honoreraient en distinguant Emmanuelle Riva, symbole de ce que la France peut encore porter d'élégante humanité et de profonde civilité, malgré les turbulences de ce temps. Cette statuette témoignerait de la reconnaissance de nos amis américains pour une culture enracinée dans l'Histoire et dans notre civilisation tant malmenée.
 Mieux qu'une actrice exceptionnelle mondialement reconnue, Emmanuelle Riva est  avant tout une femme libre qui, au soir de sa vie, atteste par la fraîcheur de sa voix et la douceur de ses propos, par la qualité de ses (rares) prises de parole et le choix de ses engagements que jusqu'au bout résister est un devoir.
En lice pour quatre autres Oscars (film, réalisateur, scénario original et film étranger) "Amour" décrochera sans doute une ou plusieurs récompenses. Mais la plus douce à mon coeur, ce serait bien sûr celle de la meilleure actrice...

Nanette

mercredi 9 janvier 2013

La "manif pour tous" : la démocratie en marche

Combien seront-ils à battre le pavé parisien, dimanche prochain 13 janvier, les opposants au "mariage pour tous" qui fait couler des flots d'encre depuis des semaines? Trois cent mille ? Cinq cent mille ? Un million ? De toutes les provinces, ils arriveront en TGV spéciaux, en bus, en voiture pour défiler derrière des pancartes et des calicots. Beaucoup auront en mémoire l'inoubliable manifestation de 1984 organisée par les parents d'élèves catholiques pour protester contre une loi socialiste défavorable à l'enseignement privé. Partis de Versailles pour arriver à Paris, ces manifestants se comptaient un million à Paris et le président Mitterrand retira le texte incriminé pourtant déjà voté par le Parlement...
Aujourd'hui, le contexte est bien différent : un groupe de personnes, homosexuelles, réclament de pouvoir être intégrées dans la société par le biais du mariage civil au même titre que les hétérosexuelles. Nulle menace, aucun risque de perte de privilège comme c'était le cas pour l'enseignement privé en 1984 ; seulement le désir de se fondre dans la société comme tout un chacun... On estime à environ 2 000 le nombre de couples concernés par ce projet de mariage homosexuel.
Alors, pourquoi tant de polémique, de raffut, de prises de positions extrêmes pour un si maigre butin ? Onze pays, et non des moindrement catholiques -l'Espagne, le Portugal entre autres- ont déjà adopté le mariage civil homosexuel et n'ont pas fait tant de tapage, à l'exception de quelques manifestations et prises de position théoriques de l'Eglise catholique.
Cette "manif pour tous" de dimanche s'annonce comme l'expression la plus vivante de la démocratie participative, chère à Ségolène Royal : devant l'affaiblissement des partis politiques de tous bords -sans parler des querelles intestines de l'UMP- et du poids très relatif des syndicats, le peuple a senti qu'il avait sa place, toute sa place pour manifester son inquiétude face à cette question de société majeure. Car au fil des jours, on s'aperçoit que le débat de fond tant réclamé par l'opinion publique aux instances gouvernementales -qui ont fait la sourde oreille- ce débat s'est instauré de lui-même à travers les medias. Et c'est tant mieux !
La parole s'est libérée via les réseaux sociaux, les journaux, les débats télévisés, les tribunes libres laissant libre cours à l'évolution d'une pensée stéréotypée de part et d'autre. On assiste à la montée en puissance d'une réflexion structurée, étayée, intelligente et compétente hors des circuits officiels ! Tous les représentants des grandes confessions ont pris position, les philosophes et les politologues se sont exprimé, les chefs de partis politiques également. Déjà, chacun, des responsables de l'enseignement catholique au Premier Ministre , ont mis de l'eau dans leurs propos trop vinaigrés. On se positionne en douceur...
Alors peu importe si dimanche la "manif pour tous" réunit 500 000 ou un million de personnes. L'essentiel est ce qui se déroule en ce moment, un peu partout en France, aussi bien dans les écoles, les familles, les entreprises ou sur les plateaux de télévision. On ne confisque pas le débat d'un peuple sur un sujet aussi grave que la filiation ou la marchandisation du corps de la femme. La question du mariage des couples homosexuels est déjà caduque ; tout le monde, ou presque, est d'accord pour l'accepter au nom de l'égalité. Ce qui fait problème, ce qui constitue le coeur  de la réflexion, c'est l'avenir de l'homme, son inscription dans l'humanité en respectant sa dignité d'être à part entière.
Dimanche soir, chacun tirera la couverture à lui, à droite comme à gauche, affirmant avoir gagné !
La France, ce pays si particulier, si prompt à s'enflammer lorsqu'il s'agit de questions fondamentales relatives à la vie en société, va une nouvelle fois poser question à ses voisins européens et d'ailleurs.
 En tout cas, une chose est sûre : cette grande rencontre, ce choc majeur ne pourra être ignoré par le Président Hollande lorsqu'il devra présenter  le texte de loi définitif à débattre au Parlement, le 29 janvier prochain. Sans doute apportera-t-il des correctifs au texte initial pêchant par manque de vision à long terme concernant de possibles dérapages éthiques.
Vivement dimanche soir !


Nanette

samedi 5 janvier 2013

B.B. : une icône au pays de Roublev !

Quel naufrage... Quelle pathétique détresse chez celle qui fit fantasmer les hommes du monde entier...
Brigitte Bardot, notre B.B. nationale semble avoir perdu les pédales . La voilà emboîtant le pas à notre Gégé, national lui aussi, l'un et l'autre s'enlisant dans les sables du ridicule.
Dans une interview de ce jour à un quotidien niçois, Brigitte Bardot s'enflamme : "Je fais don de mon statut d'icône à la Russie !" lance-t-elle en défi à la planète entière. Y a-t-il une tonne d'humour dans cette exclamation ? J'ose l'espérer. Ce serait un beau clin d'oeil en direction du pays de Roublev, l'illustre peintre d'icônes, que d'aller s'installer au royaume de Poutine, son "grand ami", qui apprécie tant de se faire filmer au cours de ses parties de chasse. C'est peut-être du 3ème, voire du 4ème degré que cette proposition de quitter la France qui "déteste tant les animaux" sous prétexte de sauver deux pauvres éléphants menacés d'euthanasie pour cause de tuberculose, à Lyon.
Au moins on ne peut attribuer à B.B. de sordides pensées fiscales dans cette affaire. Gérard Depardieu se retrouve citoyen russe presque "à l'insu de son plein gré", tout heureux de ne débourser que 13% de ses revenus pour payer ses impôts en Russie tandis que Brigitte Bardot ne veut, elle, que défendre ces pauvres éléphants. C'est infiniment plus glorieux.
Mais comment peut-on à ce point se cacher la cruelle réalité ? Qui peut encore croire, de nos jours, que B.B. apparaît toujours comme une icône ? Elle le fut, certes, et de la plus belle manière ! Elle fut la plus belle femme du monde, dans les années 60, celle qui entraîna à sa suite des millions de femmes éprises de liberté et de féminité épanouie. Pas un homme digne de ce nom n'aurait osé nier la fascination qu'elle exerçait sur lui,  sa sensualité électrisait le plus coincé des adolescents !
Mais, telle Greta Garbo, B.B. devrait savoir que les années passant, c'est  l'imaginaire qui permet de durer...Icône elle fut ; icône elle restera à condition de ne pas donner des verges pour se faire battre. A 78 ans révolus, le corps bien abîmé par la vie, elle demeurera dans nos mémoires éblouies la plus magnifique des femmes, celle de "Et Dieu créa la femme", une icône ayant acquis un statut d'éternité.

Nanette