lundi 19 septembre 2011

DSK face à 13 millions de Français

Plus de 13 millions de Français ont regardé l'interview télévisée de DSK, hier soir sur TF1 !!! Soit un peu moins d'un Français sur quatre... Un chiffre qui démontre, s'il en était encore besoin, la profondeur de la secousse ressentie par tout un peuple en état de sidération. Le coup de poing à l'estomac que fut cette malheureuse affaire DSK.
Sommes-nous exorcisés pour autant ? A-t-on l'impression que nous voilà définitivement débarassés de cette sale petite histoire qui a pourri notre été ? Pas sûr...
DSK n'aurait pas du parler ; il devait se taire et se faire oublier, le temps qu'il faudra pour panser cette blessure nationale. Mais puisqu'il avait décidé de s'exprimer, au moins aurait-il pu être honnête, ce qu'il n'a pas été. Je ne reprendrai pas son argumentation pour tenter de faire croire au "non lieu". Personne n'a été abusé par sa manipulation grossière du rapport du procureur, occupé, lui, prioritairement à se faire réélire procureur de New York, au détriment de la vérité.
Passons.
Ce qui me fascine, ce sont ces 13 millions de personnes devant leur petit écran, espérant une libération qui n'est pas venue. Dommage. La boule au creux de l'estomac est toujours là, un peu plus petite mais pas totalement disparue.
Il eut fallu à DSK une authentique dignité, une loyauté palpable vis-à-vis du peuple français pour dissiper le malaise qui ne s'efface pas.
13 millions de Français étaient bien au rendez-vous. Mais pas à celui qu'espérait Dominique Strauss-Khan au mois de mai 2012.

Nanette

lundi 12 septembre 2011

Petit cousin vagabond

Comme je l'aime, ce petit cousin vagabond !
Comme j'aime son audace, son intrépidité, à lui, l'ingénieur informaticien "bien sous tous rapports" comme on disait du temps où les familles arrangeaient les mariages... Eh bien lui, justement, cet Antoine-là, il a tout plaqué : son bon boulot en CDI, sa couette, ses amis, sa sécurité et le voilà parti, à 27 ans, sur les routes du monde. Tout seul. Pour un temps indéterminé. Ses économies en poche. Pour vivre, pour "profiter à fond" comme il me l'écrit du fond de la Mongolie via internet ! Non mais quelle merveille ! Recevoir des petits billets pleins d'enthousiasme, de poésie, de liberté ; des photos belles à pleurer du bout du monde, avec quelques morceaux de phrases : je quitte la Mongolie, je passe à Pékin, Shanghaï puis au Yunnan, j'ai envie de voir les "gorges du Tigre bondissant" rien que pour rêver, j'irai peut-être patauger dans les rizières, ou bien m'enfoncer dans la jungle ; mais le Tibet est tout proche et de toute façon bientôt c'est le Népal...
Elle est bien loin, Alexandra David-Neel, déguisée en homme pour réussir à entrer au Tibet...
Bienheureux petit cousin vagabond, petit-fils de cette Alexandra qui a fait des émules sous toutes les latitudes, qui a donné le goût de l'aventure et de la liberté à des générations entières, poursuis donc ta quête, oublie nos affaires glauques dans lesquelles nous pataugeons, nous dans cette France trop médiatique...
Et puis il y a aussi ce Simon, tout juste sorti de Centrale, parti à pied à Jérusalem, seul lui aussi, pour se mettre à l'épreuve, en quête d'une identité qu'il pressent.
Et puis encore cet autre Antoine, reparti pour deux ans au Japon qu'il aime tant, malgré Fukushima...
Et cet autre Mika, nouvellement baptisé, qui s'engage pour plusieurs mois comme bénévole à Taizé avant de partir en coopération en Afrique...
Allons, la terre ne tourne pas si mal, après tout. Tant que le désir de découvrir, de vibrer, de s'émerveiller, de donner habitera l'humanité, l'espérance ne sera pas morte !

Nanette

vendredi 9 septembre 2011

9/11 for ever

11 septembre 2001 : encore une date inscrite au plus profond de ma mémoire. J'étais en route pour Chambéry avec mon fils. Pas de radio dans notre vieille bagnole. A 19 heures, arrivée au CROUS de Chambéry. La dame du CROUS, toute chamboulée, nous annonce 120 000 morts à New York. Forcément : 4 tours comptant chacune 30 000 personnes s'étaient effondrées, nous dit-elle.
Quelques années plus tard, en 2004, visite à Ground Zero avec mon fils. Visite sépulcrale, chargée d'émotion. Tout le quartier est encore en état de sidération. Et pourtant quelle énergie dans ce New-York porteur d'espérance indestructible ! Une longue visite à Eilis Island en apprend plus que tous les livres d'histoire sur la capacité humaine à la résilience...
Autres dates inscrites dans le cortex : le D Day, 6 juin 1944, jour du Débarquement allié en Normandie ; novembre 1963 : assassinat de John Kennedy à Dallas, le tailleur rose de Jakie maculé du sang de son mari ; novembre 1963 encore, le 22 je crois, mort d'Edith Piaf à Paris et dans l'après-midi mort de Jean Cocteau, son ami... Merveilleux ! Je fais partie des 100 000 Parisiens qui vont se recueillir sur le cercueil de la chanteuse dans son appartement du boulevard Lannes.
Ce matin, sur France Inter, de belles voix se font entendre à propos du 9/11 ; il se dit des choses fortes, intelligentes. On parle de la tour de Babel, de l'Apocalypse, de l'arrogance américaine, du rendez-vous manqué du peuple américain avec l'Histoire...
Autant de raisons de penser aux 2 932 victimes des Tours jumelles et des milliers d'autres, blessées, malades, meurtries à jamais.

Nanette

mercredi 7 septembre 2011

Bouche-trou

A quoi sert une grand'mère un jour de rentrée scolaire ?
A rien, bien sûr. C'est l'affaire de la maman, plus anxieuse que ses rejetons ; à la rigueur du papa qui, fièrement, ira les conduire à l'école...Mais la grand'mère... Tout a été prévu, minuté, préparé depuis début juillet ; on a acheté les fournitures, les chaussures, le cartable. Enfin la litanie débitée par tous les médias, sans une once de réflexion. Tous les ans la même chanson ! Comme si ces chers petits se retrouvaient tout nus le 1er juillet et qu'ils avaient besoin d'une nouvelle garde-robe pour affronter la rentrée !
Et la grand'mère dans l'histoire, elle sert à quoi ? Eh bien à faire le bouche-trou ; c'est elle qu'on sollicite à la dernière minute parce que, en ces temps encore estivaux, les étudiants ne sont pas rentrés, eux, et que personne n'est disponible pour aller chercher le petit dernier à la sortie de l'école et les garder jusqu'au retour de maman ; parce que, justement ce jour-là, la maman est prise toute la journée par un symposium hyper important et qu'elle ne peut absolument pas s'absenter pour aller les récupérer à la sortie ; et que la baby-sitter est toujours à la plage...Parce que le papa, si fier de servir à quelque chose, justement ce jour-là il est en voyage d'affaires...
Alors la grand'mère comme solution de remplacement, c'est drôlement pratique ! Cà peut même se libérer à midi pour faire déjeuner les chérubins et leur éviter la cantine ! Ca peut même farfouiller dans l'armoire à pharmacie pour dénicher l'anti-septique,  la compresse de gaze et le sparadrap indispensables au petit bobo du plus grand. Cà peut même...
Bref, une grand'mère çà peut (presque) tout, à condition de n'être qu'un bouche-trou !
Mais aujourd'hui mercredi le bouche-trou a pris ses vacances, na !
A la maman de couvrir les livres, d'inscrire les loupiots à la musique, au dessin, au hand, à l'équitation...
A chaque âge ses plaisirs !

Nanette 

dimanche 4 septembre 2011

Le nid vide...

La peur du vide... Mais pas de n'importe quel vide : celui du nid, du nid existentiel où l'on accueille son enfant, d'abord dans son ventre puis dans sa maison, quelle qu'elle soit, où qu'elle soit.
Ce nid-là, on ne le voudrait jamais vide. Pour nous, les mères, il s'agit du déchirement le plus intime, le plus profond, le plus douloureux qui soit. Rien ne peut nous en consoler. Nos tripes hurlent définitivement quand l'heure est venue de la grande séparation...
Et pourtant ! Pourtant, il faut bien y consentir à cette amputation originelle si nous voulons que nos enfants grandissent, fassent leur vie etc. Nous connaissons bien la théorie : "tu quitteras ton père et ta mère et tu iras dans le pays que je te montrerai..." et tant d'autres préceptes encore, tant de conseils de Françoise Dolto, Winnicot, Aldo Naouri etc.
Cet été, j'ai entendu cette plainte diffuse, secrète, réprimée chez beaucoup de mes amies, plus jeunes généralement ; leurs enfants quittent le nid, une fois le bac terminé, pour continer leurs études à Paris, dans de grandes écoles, pour vivre à l'étranger, pour poursuivre leur route tout simplement. Et mes amies sont en émoi : l'angoisse les étreint, jamais elles n'auraient imaginé qu'une ère nouvelle s'ouvrirait si vite et si radicalement. Car quand un enfant s'en va, y compris pour de bonnes raisons, rien n'est jamais plus comme avant. De celà, mes amies quinquagénaires s'en doutaient mais aujourd'hui elles en font l'expérience, douloureusement, avec étonnement. Elles n'imaginaient pas que leurs tripes parleraient si fort...Certaines tentent, d'autant plus maladroitementque leur chagrin est profond, de faire semblant, de les retenir en proposant des réunions de familles, des voyages. Mais rien n'y fait, il faut laisser faire la nature humaine...
Que leur dire pour atténuer cette boule au ventre, pour calmer ce chagrin qui se love là, définitivement comme un manque existentiel ?
C'est le prix à payer des plus grands bonheurs.
Mais patience, mes chéries ! D'ici une petite dizaine d'années, moins pour beaucoup d'entre vous, vous remplirez à nouveau votre nid ! Vous serez sollicitées par vos enfants chéris, ceux qui vous ont fait tant souffrir, pour garder leur progénitrue ! Ils seront tout heureux de vous confier leurs chérubins impétueux le temps de souffler un peu... Et vous, vous serez aux anges : enfin votre nid retrouvera son utilité mais cette fois, vous aurez le beau rôle. Pas question de jouer la grand'mère rigoriste et revêche. Vous n'aurez envie que de partager de la belle complicité et des émerveillements imprévus.Vous vous découvrirez toute étonnée de tant recevoir alors que vous aviez l'impression de donner !
Croyez-en mon expérience : le nid primordial retrouve de la vigueur sans l'avoir cherché... Et puis, si le coeur vous en dit, vous pourrez encore le ravigoter, votre nid, une génération plus tard : vous serez alors arrière-grand'mère...Mais peut-être sera-t-il un peu racorni, ce petit nid douillet qui vous a fait tant souffrir et tant aimer !

Nanette