dimanche 4 septembre 2011

Le nid vide...

La peur du vide... Mais pas de n'importe quel vide : celui du nid, du nid existentiel où l'on accueille son enfant, d'abord dans son ventre puis dans sa maison, quelle qu'elle soit, où qu'elle soit.
Ce nid-là, on ne le voudrait jamais vide. Pour nous, les mères, il s'agit du déchirement le plus intime, le plus profond, le plus douloureux qui soit. Rien ne peut nous en consoler. Nos tripes hurlent définitivement quand l'heure est venue de la grande séparation...
Et pourtant ! Pourtant, il faut bien y consentir à cette amputation originelle si nous voulons que nos enfants grandissent, fassent leur vie etc. Nous connaissons bien la théorie : "tu quitteras ton père et ta mère et tu iras dans le pays que je te montrerai..." et tant d'autres préceptes encore, tant de conseils de Françoise Dolto, Winnicot, Aldo Naouri etc.
Cet été, j'ai entendu cette plainte diffuse, secrète, réprimée chez beaucoup de mes amies, plus jeunes généralement ; leurs enfants quittent le nid, une fois le bac terminé, pour continer leurs études à Paris, dans de grandes écoles, pour vivre à l'étranger, pour poursuivre leur route tout simplement. Et mes amies sont en émoi : l'angoisse les étreint, jamais elles n'auraient imaginé qu'une ère nouvelle s'ouvrirait si vite et si radicalement. Car quand un enfant s'en va, y compris pour de bonnes raisons, rien n'est jamais plus comme avant. De celà, mes amies quinquagénaires s'en doutaient mais aujourd'hui elles en font l'expérience, douloureusement, avec étonnement. Elles n'imaginaient pas que leurs tripes parleraient si fort...Certaines tentent, d'autant plus maladroitementque leur chagrin est profond, de faire semblant, de les retenir en proposant des réunions de familles, des voyages. Mais rien n'y fait, il faut laisser faire la nature humaine...
Que leur dire pour atténuer cette boule au ventre, pour calmer ce chagrin qui se love là, définitivement comme un manque existentiel ?
C'est le prix à payer des plus grands bonheurs.
Mais patience, mes chéries ! D'ici une petite dizaine d'années, moins pour beaucoup d'entre vous, vous remplirez à nouveau votre nid ! Vous serez sollicitées par vos enfants chéris, ceux qui vous ont fait tant souffrir, pour garder leur progénitrue ! Ils seront tout heureux de vous confier leurs chérubins impétueux le temps de souffler un peu... Et vous, vous serez aux anges : enfin votre nid retrouvera son utilité mais cette fois, vous aurez le beau rôle. Pas question de jouer la grand'mère rigoriste et revêche. Vous n'aurez envie que de partager de la belle complicité et des émerveillements imprévus.Vous vous découvrirez toute étonnée de tant recevoir alors que vous aviez l'impression de donner !
Croyez-en mon expérience : le nid primordial retrouve de la vigueur sans l'avoir cherché... Et puis, si le coeur vous en dit, vous pourrez encore le ravigoter, votre nid, une génération plus tard : vous serez alors arrière-grand'mère...Mais peut-être sera-t-il un peu racorni, ce petit nid douillet qui vous a fait tant souffrir et tant aimer !

Nanette

1 commentaire:

  1. Aille aille aille, tout ceci est bien dit mais au moment de le vivre c'est autre chose... Ceci dit je connais des personnes dont le nid ne pourra jamais se vider, et là aussi les tripes hurlent. Alors que dire ? Que faire ?...

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