mercredi 9 janvier 2013

La "manif pour tous" : la démocratie en marche

Combien seront-ils à battre le pavé parisien, dimanche prochain 13 janvier, les opposants au "mariage pour tous" qui fait couler des flots d'encre depuis des semaines? Trois cent mille ? Cinq cent mille ? Un million ? De toutes les provinces, ils arriveront en TGV spéciaux, en bus, en voiture pour défiler derrière des pancartes et des calicots. Beaucoup auront en mémoire l'inoubliable manifestation de 1984 organisée par les parents d'élèves catholiques pour protester contre une loi socialiste défavorable à l'enseignement privé. Partis de Versailles pour arriver à Paris, ces manifestants se comptaient un million à Paris et le président Mitterrand retira le texte incriminé pourtant déjà voté par le Parlement...
Aujourd'hui, le contexte est bien différent : un groupe de personnes, homosexuelles, réclament de pouvoir être intégrées dans la société par le biais du mariage civil au même titre que les hétérosexuelles. Nulle menace, aucun risque de perte de privilège comme c'était le cas pour l'enseignement privé en 1984 ; seulement le désir de se fondre dans la société comme tout un chacun... On estime à environ 2 000 le nombre de couples concernés par ce projet de mariage homosexuel.
Alors, pourquoi tant de polémique, de raffut, de prises de positions extrêmes pour un si maigre butin ? Onze pays, et non des moindrement catholiques -l'Espagne, le Portugal entre autres- ont déjà adopté le mariage civil homosexuel et n'ont pas fait tant de tapage, à l'exception de quelques manifestations et prises de position théoriques de l'Eglise catholique.
Cette "manif pour tous" de dimanche s'annonce comme l'expression la plus vivante de la démocratie participative, chère à Ségolène Royal : devant l'affaiblissement des partis politiques de tous bords -sans parler des querelles intestines de l'UMP- et du poids très relatif des syndicats, le peuple a senti qu'il avait sa place, toute sa place pour manifester son inquiétude face à cette question de société majeure. Car au fil des jours, on s'aperçoit que le débat de fond tant réclamé par l'opinion publique aux instances gouvernementales -qui ont fait la sourde oreille- ce débat s'est instauré de lui-même à travers les medias. Et c'est tant mieux !
La parole s'est libérée via les réseaux sociaux, les journaux, les débats télévisés, les tribunes libres laissant libre cours à l'évolution d'une pensée stéréotypée de part et d'autre. On assiste à la montée en puissance d'une réflexion structurée, étayée, intelligente et compétente hors des circuits officiels ! Tous les représentants des grandes confessions ont pris position, les philosophes et les politologues se sont exprimé, les chefs de partis politiques également. Déjà, chacun, des responsables de l'enseignement catholique au Premier Ministre , ont mis de l'eau dans leurs propos trop vinaigrés. On se positionne en douceur...
Alors peu importe si dimanche la "manif pour tous" réunit 500 000 ou un million de personnes. L'essentiel est ce qui se déroule en ce moment, un peu partout en France, aussi bien dans les écoles, les familles, les entreprises ou sur les plateaux de télévision. On ne confisque pas le débat d'un peuple sur un sujet aussi grave que la filiation ou la marchandisation du corps de la femme. La question du mariage des couples homosexuels est déjà caduque ; tout le monde, ou presque, est d'accord pour l'accepter au nom de l'égalité. Ce qui fait problème, ce qui constitue le coeur  de la réflexion, c'est l'avenir de l'homme, son inscription dans l'humanité en respectant sa dignité d'être à part entière.
Dimanche soir, chacun tirera la couverture à lui, à droite comme à gauche, affirmant avoir gagné !
La France, ce pays si particulier, si prompt à s'enflammer lorsqu'il s'agit de questions fondamentales relatives à la vie en société, va une nouvelle fois poser question à ses voisins européens et d'ailleurs.
 En tout cas, une chose est sûre : cette grande rencontre, ce choc majeur ne pourra être ignoré par le Président Hollande lorsqu'il devra présenter  le texte de loi définitif à débattre au Parlement, le 29 janvier prochain. Sans doute apportera-t-il des correctifs au texte initial pêchant par manque de vision à long terme concernant de possibles dérapages éthiques.
Vivement dimanche soir !


Nanette

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