mardi 6 octobre 2015

SNCF : le prisonnier et le Bon Samaritain

Allons, tout n'est pas perdu ! Après l'invraisemblable tohu-bohu d'Air France, hier,  je me dois de raconter une belle histoire... Enfin !
Dans le train me conduisant à Paris, la semaine dernière, je vois monter, en gare de Brive-la-Gaillarde je crois, un homme d'une quarantaine d'années, petit, mince, en tee-shirt et jeans, sans bagages à l'exception d'un dossier vert sous le bras. Au contrôleur lui réclamant son billet, l'homme répond : "Je sors de prison, je n'ai pas d'argent". Le contrôleur, très simplement, lui établit l'attestation prévue pour ces cas particuliers et lui souhaite "bon voyage".
L'homme s'installe à ma hauteur et, bientôt, il commence à s'agiter, à marcher dans le couloir, à s'asseoir à nouveau. Discrètement, il roule une cigarette à laquelle il ajoute... quelques brins d'herbe et range la cigarette dans sa poche.
A Limoges monte un jeune homme qui s'assied à côté de lui. Grand, 25 ans environ, les cheveux relevés en catogan, d'un calme impressionnant, il commence à lire et à travailler sur un dossier. L'ex-prisonnier entame la conversation, le grand jeune homme répond, reprend sa lecture puis est à nouveau interrompu et poursuit la conversation avec cet homme qui, manifestement, s'est apaisé. Il va à Reims, ne sait trop comment traverser Paris. Le grand jeune homme tire un plan de Paris de son sac à dos et le lui donne en lui indiquant la gare de l'Est. Un couple de quadragénaires, assis au même niveau de l'autre côté du couloir, a entendu la conversation. Lui, donne à l'ex-prisonnier deux tickets de métro, puis un ticket-restaurant et, lorsque le chariot de restauration arrive à notre niveau, offre un jus de fruit à l'ancien détenu qui n'en revient pas de tant de gentillesse : "C'est la première fois qu'on me donne quelque chose" dit-il très ému.
Jusqu'à l'arrivée à Paris, les deux hommes se parleront. Que se sont-ils dit ? Je l'ignore... Ce que je sais, c'est que ces deux-là sont de belles personnes.
En quittant le wagon, j'ai suivi le grand garçon au catogan : sur son sac à dos était accroché un pin's. "Le lien social plutôt que l'évasion fiscale" était-il écrit... Ils sont partis tous les deux, le grand et le petit, côte à côte comme les plus vieux amis du monde.
J'ai rencontré un Bon Samaritain des temps modernes et j'en suis heureuse pour longtemps...

Nanette

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire