mardi 1 mars 2011

Annie, une amie si fragile...

Au moment où, à Hollywood, on attribuait les Oscars du cinéma, Annie Girardot s'apprêtait à s'envoler vers les étoiles, les vraies.
Depuis longtemps déjà, on espérait pour elle que se termine ce calvaire de l'Alzheimer. Mais sa mort me laisse comme un chagrin ; la perte d'une amie devenue proche au fil des ans.
En fait, j'ai suivi sa carrière et sa vie depuis... 1959. J'étais en Terminale et, un dimanche après-midi avec une amie de classe, nous avions été la voir jouer "Deux sur la balançoire" au théâtre à Paris. A la fin du spectacle, nous avions été frapper à la porte de sa loge pour lui faire signer nos programmes. Elle était là avec Jean Marais, son partenaire dans la pièce et Luscino Visconti, le metteur en scène, assis dans un grand fauteuil Voltaire. Temps bénis où deux petites gosses pouvaient ainsi rencontrer des monstres sacrés sans être refoulées par une armée de gardes du corps aux allures de dogue...Annie Girardot avait déjà ce sourire et ce regard franc, sans affectation. "Une personne normale" disent tous ceux qui l'ont bien connue, amis, compagnons, famille qui depuis hier soir viennent parler d'elle publiquement.
Oui une personne normale dans ses façons de vivre et d'être avec les autres. Mais combien douloureuse quand on découvre, et c'est mon cas, la face obscure de son existence ! Femme battue, humiliée par des hommes qui l'ont aimée, certes, mais avec cette violence dont sont capables ceux qui ont des comptes à régler avec leur propre enfance et qui exercent cette violence sur des femmes à l'enfance blessée. Elevée sans père par une mère célibataire, Annie Girardot était toujours en quête d'amour paternel. Beaucoup en ont joué. Puis il y eut l'alcool, la drogue et la descente aux enfers...
Des récompenses à la pelle -deux Molière et trois César- ont couronné une carrière exceptionnelle. Pendant des années, Annie Girardot a été l'actrice préférée des Français, devançant même les Signoret, Delon, Montand etc. Elle a personnifié l'évolution de la femme dans les années 70, celle qui a livré les grandes batailles de la libération des femmes avec courage et lucidité. C'est pour cela qu'on l'a tant aimée.
Si forte et si fragile, enfin apaisée...

Nanette

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