jeudi 16 mai 2013

Trocadero : vu du ciel

Ce qui s'est passé au Trocadero (sans accent, s'il vous plaît, puisqu'il s'agit d'un bourg andalou, situé dans la baie de Cadix et dont les forts furent enlevés en 1823 par les troupes françaises du duc d'Angoulême) laisse pantois. Un tel déferlement de violence de la part d'une bande de casseurs quasi professionnels pour saccager tout un quartier huppé, parmi les plus beaux de Paris, prouve, si besoin en était encore, la profondeur du malaise qui habite une part de plus en plus importante de la jeunesse désoeuvrée.
Les images de ces scènes de pillage,  de cette dévastation, de la mise à sac d'un bus de touristes auxquels on a volé tous leurs bagages rangés dans la soute, de l'acharnement d'une violence inouïe à détruire tout ce qui se trouvait à portée de barre de fer, ces images ont fait le tour du monde... Qu'en pensent les Qataris qui injectent des millions de dollars dans le PSG et ses footballeurs multimillionnaires, alors qu'ils espéraient des images d'une équipe victorieuse portant haut un trophée vaillamment gagné sur fond de Tour Eiffel, cliché idéal pour la promotion de leur pays-confetti gorgé d'or noir ?

Au cimetière de Passy, surplombant la place du Trocadero, deux amis très chers reposent en paix depuis quelques années. Lui fut un grand Résistant, torturé par les nazis, déporté en Allemagne et rentré en France dans le funeste "train de la mort". Il avait 20 ans et sa vie ne fut qu'un long calvaire. Elle, sa femme, Résistante également et psychanalyste de grand talent, analysée par un élève de Freud, active jusqu'à 80 ans passés. Une de ces fortes personnalités qui a consacré sa vie à accoucher des centaines d'êtres en mal d'humanité.
Impossible de ne pas penser à eux, en cette triste soirée de carnage, de gâchis : qu'auraient-ils dit, comment auraient-ils réagi devant ce spectacle désolant d'une France déchirée, affaiblie, en proie à ses démons les plus misérables ? Ils me manquent. J'aimerais entendre de leur part une parole d'intelligence, d'érudition, de mise à distance, de rapport au fric, ce fric qui pervertit tout,  de morale civique, de fermeté aussi. Une parole de belle humanité qui redonne du cœur à l'ouvrage...
De leur ciel, ils ont tout vu. Et je ne peux m'empêcher de pleurer avec eux...

Nanette

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