dimanche 12 janvier 2014

CINEMA : trois films inévitables

Une fois n'est pas coutume : j'ai envie de parler de trois films vus très récemment et qui me semblent particulièrement importants pour comprendre l'évolution de nos sociétés.
Il s'agit de deux films français : "Les garçons et Guillaume, à table !", écrit et réalisé par Guillaume Gallienne, et "La vie d'Adèle", d'Abdellatif Kechiche, Palme d'or au dernier Festival de Cannes. Quant au troisième film, il est britannique : "Philomena", du grand Stephen Frears.
Pourquoi faire un tel rapprochement entre ces trois films ? Il me semble qu'on y traite, sous des angles différents, l'essentiel des questions qui bouleversent nos vies intimes : le rapport à la sexualité, le rapport à la spiritualité et aux religions.
On pourrait dire que Guillaume Gallienne, extraordinaire acteur jouant sa propre histoire, et Abdellatif Kechiche abordent l'un et l'autre, par des voies complémentaires, la question du genre, celle de la détermination sexuelle.
Dans le monde très grand bourgeois parisien de Guillaume, on est corseté, engoncé dans les principes et les codes. Tout comme dans celui de "la fille aux cheveux bleus" de "La vie d'Adèle" ; là, ce sont les principes et les codes sociaux d'un monde pseudo-intellectuel parisien, artistique et apparemment libéré. Chez les Gallienne, les garçons sont virils, sportifs et beaux. Chez la fille aux cheveux bleus, on est gay, lesbienne, peintre, cultivé, sans morale ni affect.
Seulement voilà, il y a des grains de sable : madame Gallienne-mère, en manque de fille au milieu de ses quatre garçons, a décidé inconsciemment que Guillaume, le petit dernier qui n'est ni sportif ni très beau, serait une fille... Et la fille aux cheveux bleus, sans foi ni loi, n'avait pas prévu qu'Adèle-la-pure, la passionnée entrerait dans sa vie. Avec toutes les conséquences pour l'une comme pour l'autre.
Car enfin Guillaume va devoir traverser les pires affres pour surmonter les préjugés familiaux et autres faisant de lui un homosexuel qu'il n'est pas. Et Adèle, adolescente en quête de son identité, avec des parents modestes et simples, sortira totalement essorée de son histoire d'amour avec la fille aux cheveux bleus qui, elle, retournera dans son monde pseudo-cultivé et pseudo-libéré après avoir fondé le plus bourgeoisement du monde "une famille" avec une amie qui a eu un enfant par insémination artificielle... La confusion des genres est totale !
Dans un cas, la société bien-pensante a failli rendre définitivement malheureux un homme qu'elle voulait femme. Dans l'autre cas, une autre société bien-pensante, "libérée" celle-là, a cruellement fait perdre tous ses repères sociaux et moraux à une jeune fille simple en quête d'elle-même.

"Philomena" traite d'un sujet déjà connu, bouleversant, terrible : dans l'Irlande ultra-catholique d'il y a encore peu d'années,  de pauvres gamines qui avaient eu le malheur de "tomber enceintes" étaient placées par leurs familles dans des couvents dignes de l'enfer... Il fallait qu'elles paient leur péché et fassent rédemption en travaillant comme des esclaves ! Le plus souvent, quand elles ne mouraient pas en couches et que leur bébé survivait, on le "vendait" à des couples fortunés en mal d'enfants. L'horreur si bien décrite dans un film précédent, "Magdalene Sisters". Cette histoire vraie de Philomena Lee, à qui on arracha son enfant à l'âge de trois ans pour le vendre à un couple d'Américains raconte comment cette infirmière à la foi sincère et simple accomplit sur elle-même et sur le journaliste qui l'accompagne dans tout son périple pour retrouver la trace de son enfant, 50 ans après, un travail à la fois humain et spirituel. Il n'y a en elle nulle révolte, nulle condamnation envers ces religieuses elles-mêmes enfermées dans un système digne du Moyen-Age. Au contraire, elle n'est que bienveillance et pardon. Elle n'est qu'amour de l'autre, quel qu'il soit. Bouleversant.

Encore un petit mot : le pape François a décidé d'organiser un synode sur la famille en octobre prochain au Vatican. Pour préparer ces travaux, un questionnaire a été envoyé à toutes les paroisses du monde dans le but de prendre la température du "peuple de Dieu".
Dans l'une des questions posées, il est rappelé que les divorcés remariés et les personnes vivant en union libre n'ont accès ni à l'Eucharistie, ni au sacrement de réconciliation... Voilà qui devrait faire le ménage ! Il y a au moins un secteur où l'Eglise pourrait faire des économies notoires : l'achat d'hosties.

Nanette

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