vendredi 28 mars 2014

Eloge des bourrelets superflus

Jamais je n'ai autant chéri mes petits bourrelets superflus que depuis 48 heures... Grâce à eux, j'ai évité la fracture du col du fémur, la prothèse de hanche, des genoux et, pourquoi pas, le nez cassé, les pommettes itou et les lunettes en miettes !
Bon, j'exagère un brin mais sait-on jamais ?
Mes amortisseurs bien placés (bas du dos, épaules surtout) auxquels j'ajoute une absence totale d'ostéoporose et une énergie farouche m'ont aidée à me défaire avec un minimum de dégâts d'un malandrin qui en voulait à mon sac ! Comme çà, à 15 heures en plein centre-ville ! Non mais, et puis quoi encore !
Le grand gars, encapuchonné, me tape sur l'épaule, comme si on était copains. Je me retourne, il s'agrippe aux anses de mon sac en cuir que je portais, funeste habitude, en bandoulière à mon épaule gauche. D'instinct, je replie le bras sur le précieux sac (bourré de papiers administratifs, cartes bancaires, carnets de chèques, portable, enfin toute la panoplie d'un sac de femme, autre habitude funeste !) et je me mets à beugler :" espèce de petit merdeux !" etc. Mais lui tire de plus belle, la rue est totalement déserte et finalement je m'étale, lui tirant de toutes ses jeunes forces... Me voilà traînée sur le trottoir, toujours accrochée à ma bourse comme la moule sur son rocher. Vingt deux, il ne m'aura pas, le bougre ! Mais je commence à mollir... C'est là qu'interviennent mes précieux bourrelets dont je me passerais bien quand j'essaye un nouveau vêtement.
Sentant la force me manquer, je tente un "au secours !" voué à l'échec puisqu'il n'y a toujours personne alentour. Et, miracle, l'apprenti brigand détale, les mains vides ! Une voiture arrive enfin, le conducteur me demande ce qui se passe et file derrière l'encapuchonné qui, bien sûr, a disparu derrière un immeuble.
Sans doute ai-je été "sauvée" par l'arrivée opportune de cette voiture.

Rentrée chez moi et après avoir copieusement engueulé un malheureux SDF qui, devant la bouche de métro, me réclamait 50 centimes et qui se reçut en plein figure quelques vigoureux "ah ! vous, foutez-moi la paix, je viens de me faire agresser !" -c'est fou comme çà soulage de se lâcher- je m'aperçois que la manche gauche de mon manteau ne tenait plus que par un fil. Il a vraiment tiré fort, le gaillard...
Mâchée de partout, les genoux couronnés, un magnifique hématome à hauteur de la hanche, l'épaule endolorie, je savoure ma victoire : elle a résisté, la mémé !
Au fond, c'est çà qui a décuplé mes forces ; pas question de céder à la trouille ambiante. Mon instinct de conservation a parlé.
Et mes bourrelets ont fait office de gilet pare-balles. Alors pas question d'entamer un régime pour faire fondre une quelconque mauvaise graisse... Qu'on se le dise dans les chaumières !

Morale de l'histoire pour vous, mes sœurs qu'on appelle "personnes âgées" : ne pas sortir avec un sac en bandoulière. Préférer une pochette portée devant soi contenant le minimum de documents, d'argent liquide ou de clés. Et puis faire comme les Scandinaves : porter un sac-leurre, un vieux sac sans valeur dans lequel on met un vieux parapluie, un bouquin auquel on ne tient pas, quelques trucs pour faire croire que nous transportons le Saint-Sacrement en personne...
Si on nous attaque, on lâche tout et on rigole sous cape.
Mais be careful quand même...

Nanette

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