samedi 20 août 2011

Marciac blues...

Quelle étrange sensation...Chaque année, c'est la même chose mais cette fois-ci les langues se délient : la bouchère me dit être "perturbée", mon amie Maryse s'avoue toute barbouillée, sans énergie, toute flasque... Barbara-l'américaine pense que tout le village subit une déflation généralisée et que les énergies se sont enfuies en même temps que l'énorme chapiteau de 5 000 places!
Bref, le Marciac d'après festival se dégonfle comme une vieille baudruche ! Il paraît même qu'une jeune femme a préféré déménager, voici quelques années, tant cet après-festival la mettait dans un état schizophrénique.
A vrai dire, il y a de quoi : pendant 18 jours, cette année, la bastide gasconne passe de 1 200 âmes à 200 000, le quotidien est chamboulé, les relations de voisinage n'existent plus, le calme et le silence -qui sont la richesse du village- se sont volatilisés. On reçoit, on accueille, on partage ; les cousins, les amis, les enfants, petits-enfants se succèdent à la maison ; la vie entre à pleins poumons dans la bastide.
Et puis, oups, d'un coup de baguette magique, plus rien : les baraques, les stands, les chapiteaux, ont disparu dans la nuit. Ne subsistent que les containers débordant de bouteilles vides, de sacs poubelle autour desquels s'activent les employés municipaux.
Alors on se frotte les yeux : ce n'était qu'un rêve ?
Il y a de quoi en effet perdre la boule...
J'en parle d'autant plus facilement que j'ai retrouvé mon autre "chez moi", en ville cette fois.
Mais je comprends que pour ceux qui vivent à longueur d'année à Marciac, le réveil est rude et qu'il faut une bonne dose d'équilibre, d'intériorité pour vivre ces à-coups répétés sans subir le fameux "blues post-partum" bien connu des mères !
Il n'est pas si facile de vivre à la campagne, les premiers enthousiasmes passés. Celà demande qu'on puisse se suffire à soi-même, trouver en soi la nourriture nécessaire et suffisante pour ne pas dépendre de tous ces apports extérieurs que l'on nomme, à tort, "civilisation".
La vraie vie a repris à Marciac, comme dans toutes ces communes qui chaque année un peu partout en France accueillent des festivals en tout genre.
Maryse et Ingrid ont repris le chemin des "jardins partagés".
Barbara a retrouvé son énergie en cueillant ses pommes et ses tomates, qui l'attendaient en rougissant.
La bouchère continue de proposer des tranches de gigot d'agneau élevé à quelques kilomètres de là.
Le sommeil d'Alice ma voisine n'est plus interrompu par les vociférations bien arrosées d'adolescents découvrant les joies de la liberté... Et Josette n'en finit pas de ramasser ses haricots verts pléthoriques cette année, à tel point qu'elle les distribue à tout le monde : "C'est le resto du coeur ici, dit-elle ; je ne sais plus quoi en faire !"
"Dieu s'est arrêté à Marciac" écrivait joliment Christian Bobin dans son livre "Ressusciter".
Et s'il avait raison ? Peut-être f aut-il un temps entre parenthèses, comme celui du festival, pour en apprécier la saveur...

1 commentaire:

  1. Nous aussi en Normandie après 5 jours de JIM, on a eu le Marciac blues, le manque de trompette et de saxo et de petit jardin partagé... Alors, on vous comprend !

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