lundi 29 avril 2013

TUNISIE :

Essayer de faire le point sur ce qui se passe en Tunisie après avoir reçu tant d'informations, ces derniers temps.
Tenter non pas de comprendre, ce serait bien présomptueux, mais au moins de deviner, d'espérer ce que pourraient être les mois et les années à venir dans ce pays si attachant à la lumière des derniers événements.
Ce qui a fâché d'abord, peut-être à tort (le risque toujours présent de céder à la paranoïa !) : le 16 février dernier, le journal "Le Monde" publie dans le cadre de la semaine contre l'illéttrisme le témoignage d'une certaine Meherzia, 53 ans qui "a gravi tous les échelons sans jamais apprendre à lire et à écrire". On présente cette Française d'origine tunisienne totalement analphabète, qui réussit à se faire embaucher comme caissière dans un supermarché à Paris après avoir quitté un mari violent qu'elle connaissait à peine puis grâce à son habileté devient chef de rayon, l'équivalent d'un poste à bac + 4 etc. Bref, tous les poncifes bien connus sont utilisés dans cet article pour faire l'apologie de la débrouille et de l'apparence. Un journal tunisien hostile au parti Ennadha, "Le Maghreb", a repris cet article du Monde, dans son édition du 15 mars, en y ajoutant le nom de famille Labidi, laissant croire que la Meherzia analphabète du "Monde" ne serait autre que Meherzia Labidi, vice-présidente de l'Assemblée Constituante, membre du parti Ennadha et quatrième personnalité dans la hiérarchie du paysage politique tunisien.
Les réseaux sociaux, tunisiens prioritairement, ont sauté sur l'occasion pour enfoncer le clou et entretenir la confusion... Certes, en politique tous les coups sont permis, on le constate tous les jours mais les proches de Mme Labidi ont réagi en rappelant son palmarès universitaire : DEA de Littérature et Civilisation des pays celtiques, DEA d'études théâtrales, Master en traduction économique et juridique de l'ESIT-Sorbonne (trilingue). De quoi clouer le bec à ses détracteurs... De plus, sa remarquable capacité de médiatrice lui vient de ses nombreuses années consacrées au dialogue interreligieux au sein de l'ONG reconnue par l'ONU "Conférence Mondiale des Religions pour la Paix" qui lui ont valu de parcourir le monde en tant qu'ambassadrice de la paix. Preuve vivante qu'il est possible de concilier islam et modernité, religion et féminisme et pourquoi pas "francité" et "tunicité", Meherzia Labidi agace et fait peur parce qu'elle casse bien des images fausses que certains ont tout intérêt à développer et à propager. Par les réseaux sociaux entre autres.
Heureusement, le 12 avril dernier, à l'Institut du Monde Arabe à Paris, le président de la République tunisienne, Moncef Marzouki donnait une conférence à l'occasion de la sortie d'un livre consacré à la démocratie tunisienne en marche, "L'invention  de la démocratie" (Edition de La Découverte). Ce fut l'occasion d'entendre une parole sans intermédiaire, en live.
Que d'intelligence et d'espoir dans ses propos !

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