vendredi 2 décembre 2016

François Hollande, Benoît XVI : un même renoncement

Je ne peux m'empêcher de faire un rapprochement, peut-être incongru : le renoncement du Président de la République François Hollande à se présenter à nouveau à l'élection présidentielle et celui du pape Benoît XVI -on parla alors de renonciation- au trône de saint Pierre sur lequel il était assis.
Deux événements jamais vus jusqu'à lors dans l'Histoire !
Pourquoi un tel rapprochement ?
Dans les deux cas, il me semble qu'il y ait eu une "erreur de casting" dès le départ.

Grand intellectuel, le cardinal Ratzinger, devenu le pape Benoît XVI, a démontré au cours de son pontificat qu'il n'était pas taillé pour affronter notre monde nouveau et ses bouleversements sociétaux, sa complexité planétaire, ses guerres et ses traumatismes. Il s'est laissé piégé, à Ratisbonne dès les premiers mois, par les caméras du monde entier à l'affût de ses déclarations devant un auditoire universitaire. Le nouveau pape ne savait pas, pas encore, que les medias ne laissent plus de place à l'aparté, à l'explication profonde mais s'accrochent à la moindre petite phrase qui peut "faire le buzz"...  Peu à peu, cet homme de culture, ce passionné de musique, cet immense théologien, écrasé par la masse des problèmes en tout genre, a compris et ressenti le besoin de laisser la place à un autre. Il s'est retiré sur la pointe de ses mules papales, en douceur comme toujours. Et le pape François, infiniment plus aguerri que lui à la vie du monde, a été élu !

Pour François Hollande, je serais tentée de dire que l'erreur de casting est un peu différente. Très proche de tout ce que la France compte de journalistes politiques, bienveillant et plein d'humour, sans doute bon père de famille, il a magnifiquement manœuvré pour être élu Président de la République. Mais la suite de l'histoire a rapidement démontré, et la publication du livre des deux journalistes du Monde, "Ce qu'un Président ne devrait pas dire..." l'illustre merveilleusement, qu'il avait atteint son "principe de Peter", son seuil d'incompétence. La publication de ce livre prouve à elle seule, et je l'ai ressenti dès l'origine, que François Hollande n'avait jamais endossé le costume de Président de la République. Une fonction trop monstrueuse pour lui, exigeant une force de caractère, un appétit de pouvoir digne de Gargantua, un sens de l'abnégation pour tout ce qui ne touche pas à la fonction, autant de traits de caractère qui lui font défaut.
En renonçant hier soir à tenter de réendosser ce costume trop grand pour lui, François Hollande, comme Benoît XVI, a fait preuve de lucidité mais surtout d'humilité et de dignité.
S'il doit rester un temps fort dans l'histoire du quinquennat de François Hollande, décidément trop "normal", ce devrait être ces dix minutes d'intense vérité qui nous ont livré l'image d'un homme à bout de tout, épuisé, vaincu, tel le cerf aux abois faisant face à la meute livrant son dernier combat avant l'hallali.
Le "Hollande-bashing" a eu raison d'un "humain-trop-humain" qui s'était rêvé roi...

Nanette

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