mardi 12 février 2013

Bientôt un pape québécois ?

Vingt-quatre heures à peine après que Benoït XVI eut annoncé sa renonciation à la fonction papale, les députés français votent à une forte majorité en faveur du mariage homosexuel... Encore un coup d'épée dans le coeur déjà si fragile du pape. Il était décidément grand temps qu'il prenne la décision de se retirer pour ne pas terminer sa vie totalement déprimé devant les transformations du monde...
On parle beaucoup, depuis hier, de trois cardinaux papabili dont Marc Ouellet, cardinal québécois de 68 ans, très proche du pape actuel. D'ailleurs depuis 2010 le cardinal Ouellet a intégré la Curie romaine ; il est à la fois préfet de la toute puissante congrégation des évêques et président de la commission pontificale pour l'Amérique latine, qu'il connaît bien puisqu'il vécut deux ans en Colombie.De plus, il parle une demi-douzaine de langues !
En observant de plus près son parcours, on ne peut que deviner que, s'il était élu pape, le cardinal Ouellet n'ouvrirait sans doute pas toutes grandes les portes vaticanes à la modernité. Certes, en 2007 il adressa une lettre ouverte aux Québécois pour leur demander pardon pour les erreurs commises par l'Eglise du Québec avant 1960, date à laquelle la "révolution tranquille" balaya radicalement la très forte influence de l'Eglise dans la Belle Province ; en juin 2012 encore, en Irlande, il demanda pardon au nom du pape pour les abus sexuels commis par les prêtres sur les enfants pendant des décennies... Mais cette attitude de repentance ne doit pas cacher d'autres prises de position beaucoup moins "libérales".
L'histoire du Québec doit énormément à l'Eglise catholique ; ce sont des prêtres et des religieuses, notamment français, qui ont fait le Québec actuel dès le 17è siècle, transformant ce merveilleux territoire en un pays structuré, doté d'institutions solides et d'une population éduquée. Mais la toute puissance de l'Eglise finit par étouffer les Québécois qui, dans les années 60, jetèrent par dessus les moulins prêtres, religieuses, mariages, sacrements et toute l'institution ecclésiale. Ce n'est qu'en 1965 que le Québec se dota d'un ministère de l'Education. Auparavant, seules les congrégations religieuses éduquaient les petits Québécois...
Aujourd'hui, après 50 ans de désert, le Québec connaît un début de renouveau de l'Eglise catholique, surtout grâce aux immigrants venus de Pologne ou d'autres pays de tradition catholique. Mais les "pures laines" ne s'embarrassent plus de dogmes ou de vie paroissiale. Tout au plus assiste-t-on à des offices très suivis à l'Oratoire de Montréal où l'on vénère le frère André, un  homme pieux et simple qui vécut là et que Benoït XVI a canonisé récemment. La ferveur populaire en a fait une sorte de Padre Pio québécois.
On constate également que le renouveau charismatique se fraye un chemin jusque sur le Plateau, le quartier le plus branché de Montréal ; les fraternités de Jérusalem s'y sont installées et attirent de jeunes catholiques très pratiquants. L'Opus Dei est bien installé également à Montréal et ses prêtres ne chôment pas...
Dans ce contexte de renouveau d'un catholicisme bien "délabré" -selon le mot d'un jésuite français de renom- le cardinal Ouellet trouve tout naturellement une place de leader représentatif d'une certaine vision conservatrice de la religion. Très opposé à l'avortement, légal au Québec, il s'est fait de solides ennemies parmi les féministes qui ne l'ont guère ménagé, lui et l'ensemble de l'institution, pendant le congrès eucharistique qui s'est tenu à Québec en juin 2008 !
Alors faut-il se réjouir de voir peut-être monter Marc Ouellet sur le trône de Pierre à l'issue du prochain conclave ? Ce serait sans doute une victoire pour l'Occident conservateur mais certainement pas pour l'Eglise universelle dont 70 % de ses fidèles vivent dans l'hémisphère sud... Un cardinal philippin ou africain
donnerait un autre souffle à cette institution figée dans le passé.

Nanette

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