lundi 18 février 2013

Tunisie : faire confiance

Face aux turbulences qui secouent la Tunisie, si fortement depuis quelques semaines, quelle attitude adopter, nous Français de France, bien au chaud dans ce pays en paix, doté de fortes institutions séculaires qui nous autorisent  de grands débordements verbaux sans risque majeur, ni pour notre sécurité, ni plus encore pour notre vie ?
Surtout, ne pas céder aux oiseaux de mauvais augures qui pullulent sur les ondes et dans les journaux qui font comme si un pays maghrébin, aussi civilisé et aguerri à la démocratie que la Tunisie, avait sombré dans le fanatisme islamiste par le truchement du parti Ennadha. Certes, ce parti compte en son sein des députés aux convictions plus ou moins démocratiques, voire islamiques pures et dures mais il ne faut jamais oublier que l'islam est consubstantiel à la vie des pays maghrébins et qu'il fait partie intégrante de la constitution.
Alors oui, nous pouvons être préoccupés -le mot est faible- par l'évolution actuelle de la vie politique tunisienne. Mais la bonne attitude à adopter me semble de plus en plus être la confiance. Confiance dans les personnes ayant accepté des postes à haute responsabilité comme mon amie Merhézia Labidi, vice-présidente de l'Assemblée Constituante qui poursuit sa tâche avec courage et intelligence auprès de la jeunesse tunisienne avide de renouveau mais tellement démunie matériellement. Actuellement, les députés travaillent sur le brouillon de la future constitution mot par mot, les démocrates ayant à coeur d'y introduire les notions inaliénables de démocratie, d'égalité, de liberté. Tâche rude qui demande du temps, de la négociation, de l'intelligence. Les manifestations publiques, relayées avec gourmandise par des chaînes de télévision friandes de sensationnel, laissent croire que le pays est à feu et à sang et que la France est devenue l'ennemi de la révolution. On a brûlé un drapeau français à Tunis, on a hurlé devant les caméras : "Dégage, la France !" et le ministre de l'Intérieur Manuel Valls a qualifié le parti Ennadha de "fasciste", ce qui a consterné les démocrates du parti. Les hommes politiques au pouvoir tentent de trouver des solutions pour former un nouveau gouvernement, pour organiser des élections fiables, pour enfin faire redémarrer l'économie, source de tous les maux. Mais des forces obscures, liées à la fois au passé et à la finance internationale minent trop souvent les bonnes intentions.
Que penser, comment réagir face à ces turbulences ? Attendre, attendre encore et laisser les Tunisiens s'entendre entre eux, avec courage et confiance dans leur peuple. N'oublions jamais qu'il nous a fallu au moins 2 siècles et des milliers de morts pour faire advenir notre révolution...

Nanette

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