Envie de raconter ce que furent ces journées consacrées à la rencontre d'ailleurs si proches et pourtant si complexes.
Au retour d'un voyage d'études -du 25 octobre au 3 novembre- proposé par l'association "Chrétiens de la Méditerranée" en partenariat avec le CCFD-Terre solidaire et l'association "Chemins de dialogue", j'ai rédigé une série de quatre articles constituant un reportage écrit au plus près des réalités tunisiennes. En toute liberté.
Le site archéologique de Dougga au nord ouest. Au fond, la frontière algérienne. ©DR
On rêvait d'un voyage. Ce fut une odyssée, une aventure multiforme qui portait « aux rivages lointains, aux rêves incertains » et, tout doucement sans y prendre garde ce fut un « monde nouveau qui s'ouvre à nos cerveaux » comme le chante Barbara.
Peu à peu cette odyssée s'incarnait
en « petit djihad », comme une insensible et bienfaisante
révolution intérieure...
Ce troisième voyage proposé par
« Chrétiens de la Méditerranée » s'inscrivait tout
naturellement dans le droit fil des précédents : le Liban pour
de jeunes adultes en 2009, l'Egypte en 2012 et maintenant la Tunisie
en 2013 en attendant la Palestine en 2014.
Nous étions 40 (25 venus de Paris et
sa région, 15 de Marseille et sa région) à nous être laissés
séduire par cet alléchant « voyage d'études » organisé
par le réseau « Chrétiens de la Méditerranée » avec
la participation de la revue marseillaise « Chemins de
dialogue » et du CCFD-Terre Solidaire. Le trio pensant (Josette
Gazzaniga, Jean-Claude Petit et Patrick Gérault) avait bien concocté
le programme : d'abord nous faire rencontrer des hommes et des
femmes politiques de haut niveau pour nous permettre de mieux
appréhender les problèmes auxquels nous serions confrontés par la
suite : économiques, sociaux, culturels, religieux entre
autres.
Jean-Claude Petit, journaliste et
président de « Chrétiens de la Méditerranée, le réseau
citoyen des acteurs de paix » ne cessa de le dire et le redire
à chacun de nos interlocuteurs tunisiens : «Nous sommes des
citoyens, amis du monde arabe ».
« Nous sommes favorables au
dialogue du monde arabe et du monde chrétien pour la paix »
ajoutait-il pour nos amis religieux.
De fait, ce voyage ne fut qu'une longue
illustration de cette affirmation. Citoyens, laïcs, bien souvent
engagés dans divers mouvements et associations, nous avons peu à
peu découvert, absorbé, intégré, apprivoisé, aimé cette culture
arabo-musulmane qui enserre tout le Maghreb et dont, bien souvent,
nous ne connaissons que des bribes, voire des caricatures
déformantes.
Certes, dix jours ne suffisent pas pour
prétendre connaître un pays dans toute sa complexité mais au moins
avons-nous eu le loisir d'en deviner quelques facettes.
Comment faire abstraction des 3 000 ans
de civilisations d'une richesse prodigieuse qui ont façonné ce
pays, en ont modelé tant les paysages que les hommes ? Comment
oublier ces sarcophages phéniciens d'Utique dont les lourdes pierres
furent apportées des montagnes voisines et cette émouvante
nécropole du Tophet de Carthage où, vraisemblablement, des enfants
furent sacrifiés aux divinités païennes ? Comment ne pas
imaginer l'aqueduc long de 132 kms construit par l'empereur romain
Hadrien, au 2ème siècle après J.C. qui transportait l'eau des
monts de l'Atlas jusqu'à Carthage alors qu'aujourd'hui les enfants
des écoles n'ont pas d'eau potable dans ces régions déshéritées ?
Et, splendeur totale, surtout garder en mémoire, dans le cœur, ces
centaines de mosaïques semblables à des tableaux qui, partout
ornent de leur délicatesse les villas, les maisons, les murs des
musées, témoignages de civilisations au summum du raffinement.
Summum du raffinement aussi que cette
soirée offerte par l'Ensemble Vocal Aloes nous donnant un magnifique
aperçu de son concert intitulé « Nafass », -le
« souffle » en arabe et en hébreu. Une musique, des
chants à l'universelle humanité.
Quelle belle leçon d'humanité
partagée également que cette autre soirée musicale animée à
notre hôtel de Carthage par un trio de tunisiennes talentueuses
jouant de la musique traditionnelle ! Personne ne résista à
l'appel de ces rythmes orientaux ; ni notre amie Africaine Irène
qui donna l'élan, ni les serveurs du restaurant, ni le chef
cuisinier, ni le réceptionniste, ni la jeune serveuse intimidée, ni
même les deux petits plongeurs dansant avec leurs gants de
protection !
Alors quoi ? Il ne nous restait
plus qu'à nous, Français un peu intellos, un peu bridés dans nos
élans corporels, un peu sur notre quant-à-soi occidental, à
repousser les chaises et les tables, à faire place nette et à nous
lancer dans la sarabande... le temps d'oublier ! Le temps du
partage...
Annette BRIERRE
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