mardi 26 novembre 2013

TUNISIE : AN 2 DE LA REVOLUTION (1) - Le temps du partage

Envie de faire partager ce voyage en Tunisie à ceux qui aime le monde arabe et ses incroyables richesses. A ceux qui acceptent de se décentrer de leurs a priori et de leurs certitudes souvent mortifères...
Envie de raconter ce que furent ces journées consacrées à la rencontre d'ailleurs si proches et pourtant si complexes.
Au retour d'un voyage d'études -du 25 octobre au 3 novembre- proposé par l'association "Chrétiens de la Méditerranée" en partenariat avec le CCFD-Terre solidaire et l'association "Chemins de dialogue", j'ai rédigé une série de quatre articles constituant un reportage écrit au plus près des réalités tunisiennes. En toute liberté.


Le site archéologique de Dougga au nord ouest. Au fond, la frontière algérienne. ©DR

    

On rêvait d'un voyage. Ce fut une odyssée, une aventure multiforme qui portait « aux rivages lointains, aux rêves incertains » et, tout doucement sans y prendre garde ce fut un « monde nouveau qui s'ouvre à nos cerveaux » comme le chante Barbara.

Peu à peu cette odyssée s'incarnait en « petit djihad », comme une insensible et bienfaisante révolution intérieure...



Ce troisième voyage proposé par « Chrétiens de la Méditerranée » s'inscrivait tout naturellement dans le droit fil des précédents : le Liban pour de jeunes adultes en 2009, l'Egypte en 2012 et maintenant la Tunisie en 2013 en attendant la Palestine en 2014.

Nous étions 40 (25 venus de Paris et sa région, 15 de Marseille et sa région) à nous être laissés séduire par cet alléchant « voyage d'études » organisé par le réseau « Chrétiens de la Méditerranée » avec la participation de la revue marseillaise « Chemins de dialogue » et du CCFD-Terre Solidaire. Le trio pensant (Josette Gazzaniga, Jean-Claude Petit et Patrick Gérault) avait bien concocté le programme : d'abord nous faire rencontrer des hommes et des femmes politiques de haut niveau pour nous permettre de mieux appréhender les problèmes auxquels nous serions confrontés par la suite : économiques, sociaux, culturels, religieux entre autres.

Jean-Claude Petit, journaliste et président de « Chrétiens de la Méditerranée, le réseau citoyen des acteurs de paix » ne cessa de le dire et le redire à chacun de nos interlocuteurs tunisiens : «Nous sommes des citoyens, amis du monde arabe ».

 « Nous sommes favorables au dialogue du monde arabe et du monde chrétien pour la paix » ajoutait-il pour nos amis religieux.

De fait, ce voyage ne fut qu'une longue illustration de cette affirmation. Citoyens, laïcs, bien souvent engagés dans divers mouvements et associations, nous avons peu à peu découvert, absorbé, intégré, apprivoisé, aimé cette culture arabo-musulmane qui enserre tout le Maghreb et dont, bien souvent, nous ne connaissons que des bribes, voire des caricatures déformantes.

Certes, dix jours ne suffisent pas pour prétendre connaître un pays dans toute sa complexité mais au moins avons-nous eu le loisir d'en deviner quelques facettes.

Comment faire abstraction des 3 000 ans de civilisations d'une richesse prodigieuse qui ont façonné ce pays, en ont modelé tant les paysages que les hommes ? Comment oublier ces sarcophages phéniciens d'Utique dont les lourdes pierres furent apportées des montagnes voisines et cette émouvante nécropole du Tophet de Carthage où, vraisemblablement, des enfants furent sacrifiés aux divinités païennes ? Comment ne pas imaginer l'aqueduc long de 132 kms construit par l'empereur romain Hadrien, au 2ème siècle après J.C. qui transportait l'eau des monts de l'Atlas jusqu'à Carthage alors qu'aujourd'hui les enfants des écoles n'ont pas d'eau potable dans ces régions déshéritées ? Et, splendeur totale, surtout garder en mémoire, dans le cœur, ces centaines de mosaïques semblables à des tableaux qui, partout ornent de leur délicatesse les villas, les maisons, les murs des musées, témoignages de civilisations au summum du raffinement.



Summum du raffinement aussi que cette soirée offerte par l'Ensemble Vocal Aloes nous donnant un magnifique aperçu de son concert intitulé « Nafass », -le « souffle » en arabe et en hébreu. Une musique, des chants à l'universelle humanité.

Quelle belle leçon d'humanité partagée également que cette autre soirée musicale animée à notre hôtel de Carthage par un trio de tunisiennes talentueuses jouant de la musique traditionnelle ! Personne ne résista à l'appel de ces rythmes orientaux ; ni notre amie Africaine Irène qui donna l'élan, ni les serveurs du restaurant, ni le chef cuisinier, ni le réceptionniste, ni la jeune serveuse intimidée, ni même les deux petits plongeurs dansant avec leurs gants de protection !

Alors quoi ? Il ne nous restait plus qu'à nous, Français un peu intellos, un peu bridés dans nos élans corporels, un peu sur notre quant-à-soi occidental, à repousser les chaises et les tables, à faire place nette et à nous lancer dans la sarabande... le temps d'oublier ! Le temps du partage...




Annette BRIERRE







      

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire