jeudi 12 mai 2011

Prichnou-aux-coquelicots

C'était beau comme une promenade au coeur d'un Claude Monet : un champ de coquelicots agités par un léger vent d'autan tout près de la Garonne, une colonne d'amis serpentant en silence à travers des rues embaumant le réséda, le chèvrefeuille, la rose, le jasmin ; des cerisiers vert et rouge, des milliers de salades plantées comme des bataillons de petits soldats, des jardins familiaux où l'on se cotoyait armés de bêches et de rateaux pour retourner une dernière fois la terre avant les semailles...
C'était notre "prichnou-aux-coquelicots" en cette douce matinée printanière, notre rendez-vous mensuel autour de textes donnant à penser, ensemble ou séparément, le temps d'une matinée partagée. Aujourd'hui, nous étions accompagnés, grâce aux Actes des Apôtres, par Philippe et l'eunuque éthiopien, ce gros plein de sous haut fonctionnaire s'en retournant de Jérusalem après être venu "adorer Dieu".
Sur la route, entre Jérusalem et Gaza (!), il rencontre Philippe qui, lui, a déjà compris bien des choses en ce domaine...Dans son char, l'eunuque lit...le prophète Isaïe. Seulement il n'y comprend goutte. Et Philippe, bien inspiré par l'ange, court derrière lui, monte dans le char et lui propose une explication de texte ! Que le gros plein de sous accepte avec une humilité totale. Quelle merveille ! Du coup les explications de Philippe concernant la Bonne Nouvelle deviennent limpides pour notre haut fonctionnaire confortablement assis dans son char ; il découvre une nouvelle dimension à la vie, il est passé derrière le miroir. Il a été touché au coeur. Et sans plus réfléchir il demande à Philippe de le baptiser... Un point d'eau sur la route, on arrête le char et hop, les deux hommes se retrouvent dans l'eau, l'apôtre baptisant l'Ethiopien...Et puis, comme sur la route d'Emmaüs, l'apôtre disparaît aux yeux du nouveau chrétien. Le voilà maintenant sur la route d'Ashdod, appelé à de nouvelles aventures...Et l'eunuque, tout joyeux, poursuit son chemin !
Jérusalem, Gaza, Ashdod : des noms qui résonnent souvent douloureusement en ce temps de paix difficile à inventer.
Il a suffi d'un champ de coquelicots, de parfums subtils répandus au fil des rues, de chants d'oiseaux, de silence et de belles amitiés partagées pour qu'une fois encore ces textes millénaires s'ouvrent à nos coeurs et à nos intelligences. Pour qu'ils nous aident à mieux vivre aujourd'hui. "Beauté du monde et souffrance des hommes" disait François Varillon.

Nanette

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