vendredi 25 mai 2012

Les casseroles québécoises

Nos cousins québécois découvrent... l'Amérique ! Ou plutôt le charme puissant de la grève et des manifestations de rues; Mais ils savent aussi conserver ce qui fait leur charme à eux : une certaine bonhomie...

Depuis plus de cent jours maintenant, ils sont des dizaines de milliers d'étudiants à se retrouver chaque soir dans les rues de Montréal pour protester contre l'augmentation exorbitante des frais d'inscriptions dans les universités. Le gouvernement Charest a fait voter une loi prévoyant d'augmenter de 80 % sur cinq ans le montant des frais de scolarité, provoquant ainsi un beau tumulte parmi les étudiants. Et puis, pour ajouter de l'huile sur le feu, le même gouvernement de centre droit a voté la semaine dernière une loi spéciale aussitôt baptisée par les étudiants "de la matraque" prévoyant d'administrer des amendes monstrueuses à qui participerait à ces manifestations non autorisées puisque non annoncées au moins 8 heueres à l'avance. Et voici quelques soirs, ce sont 700 étudiants qui ont été appréhendés par la police et emmenés au poste...
Diable ! Ce "printemps érable" si joliment baptisé tournerait-il à la poutine rance ?
On voit bien ce qui se joue dans cette confrontation : deux styles de société. D'une part une société ultralibérale à l'américaine où tout se paie au prix fort, qu'il s'agisse de l'éducation ou de la santé et d'autre part une société à l'européenne, et particulièrement à la française, où l'on joue la carte de l'égalité des chances en ce qui concerne l'éducation et de la répartition concernant les retraites ou la santé. Bref, c'est un combat idéologique.
Par nature, le Québécois "pure laine" est pacifique, tolérant et bon enfant. Il suffit de voir comment se règlent les conflits de société, par le biais des "accommodements raisonnables" variant selon les tribunaux devant lesquels paraissent les plaignants.
Dans le conflit actuel, les manifestants font preuve d'une grande modération : plutôt que de tout casser, comme nous savons si bien le faire en France, ils se livrent à d'énormes concerts de casseroles, chaque soir dans les rues du centre de Montréal. Du coup, le reste de la population les suit, toutes générations confondues, dans une joyeuse ambiance de désobéissance civile.
Mais sera-ce suffisant pour obtenir gain de cause ? Pour l'instant le Premier Ministre Jean Charest ne semble pas prêt à lâcher du lest. Tout juste parle-t-on de négociation mais sans proposer de dates.
Au pays de l' érable et de la douceur de vivre, le vacarme des casseroles suffira-t-il à faire plier un Premier Ministre bientôt confronté à de nouvelles élections et qui a sans doute tout intérêt à montrer ses muscles ?

Ce serait bien dommage qu'on en arrive à des débordements tels qu'en ont connu les pays arabes pour faire progresser la démocratie dans la Belle Province, la bien nommée...

Nanette

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