Ce serait une véritable révolution : attribuer le Prix Nobel de la Paix 2011 à Jean Vanier, le fondateur des communautés de l'Arche, ces lieux de paix où vivent ensemble des personnes avec ou sans handicap mental. Un peu partout dans le monde, dans les 40 pays où existent de telles communautés depuis 1964, on s'active actuellement -et jusqu'à la fin du mois !- pour mobiliser des "personnalités", des "nominateurs" en faveur de cette candidature hors du commun. L'accueil est toujours favorable : hommes et femmes politiques, universitaires, Académiciens, écrivains, représentants des grandes religions, anciens Prix Nobel de la Paix, tous applaudissent à cette initiative tant ils l'estiment justifiée.
Pour Jean Vanier, sorte de saint laïc à la carrure de bucheron canadien d'une douceur extrême, ce sont les personnes handicapées, fragiles, souvent humiliées et rejetées qui nous ouvrent le chemin de la paix. Ce sont elles qui nous font découvrir notre "jardin intérieur", hors de toute culture, de toute classe sociale, de toute religion, "ce lieu où l'on est en paix, où l'on découvre la source de notre humanité".
Donner le Prix Nobel de la Paix à Jean Vanier, ce serait reconnaître qu'au-delà de la politique (et le Nobel 2010 attribué au dissident chinois Liu Xiabo n'en perdrait aucunement sa valeur !) existe une réalité dix mille fois plus puissante : la paix intérieure travaillée au plus profond de soi, en communion avec l'humanité toute entière et qui fait de chacun de nous de véritables "artisans de paix et d'unité dans un monde de division".
Présidé par un homme, le comité Nobel pour la Paix compte quatre femmes. Tous sont Norvégiens.
Sauront-ils entendre la voix ténue, discrète, humble de ce géant octogénaire à la silhouette de coureur des bois canadien et au coeur d'enfant ?
Ce serait une véritable révolution...
Nanette
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