mercredi 7 mars 2012

TUNISIE 2012 : 1 - Les femmes de l'aurore

Le chantier est titanesque, colossal : reconstruire l'identité de tout un peuple anéanti par la corruption, le massacre des valeurs, l'avillissement et la médiocrité. Destructuré par des années de peur, de tortures, d'emprisonnement, de violences en tous genres que la pudeur des femmes musulmanes leur interdit de dire. Depuis quatre mois, quatre petits mois seulement, le peuple tunisien sort du cauchemar, vit une nouvelle aurore. Avec toutes les incertitudes, tout le chaos et toutes les craintes qui accompagnent cette espérance.

Invitée par les femmes du mouvement Ennahdha à l'occasion de la Journée Internationale des Femmes célébrée samedi dernier au Palais des Congrès de Tunis, j'ai passé quatre jours inoubliables, plus riches de rencontres, de découvertes, d'émotions et de joies que je n'aurais pu l'imaginer. C'est mon amie Merhézia Labidi, franco-tunisienne, traductrice et très impliquée dans le dialogue interreligieux, aujourd'hui première vice-présidente de l'Assemblée Constituante de Tunisie, amie très chère avec laquelle pendant plus de dix ans j'ai travaillé au dialogue interreligieux en France, qui avait souhaité m'avoir près d'elle pour cet événement. "J'ai besoin de toi, m'avait-elle dit, je voudrais que tu rencontres les femmes d'Ennahdha". C'est fait, j'ai rencontré celles que désormais j'appellerai "les femmes de l'aurore" tant elles m'ont impressionnée. A Tunis mais aussi à Gammarth, la banlieue bourgeoise de Tunis, et aussi à Tataouine, la lointaine, aux portes du désert, abandonnée de tous malgré ses 140 000 habitants et ses réserves de gaz naturel ; et également quelques Marocaines du mouvement "Justice et Spiritualité" venues à la rencontre des femmes d'Ennahdha pour commencer à travailler ensemble.
Je veux témoigner en toute liberté, même si parfois on me taxera de partialité, d'aveuglement, de naïveté... Autant de termes propres à couper les ailes de l'espoir...
Journaliste de très longue date, j'ai pris le parti de raconter cette réalité peu dite dans les médias français.
Je vais feuilletonner, y compris sur mon blog de Mediapart auquel je suis abonnée depuis le début de cette magnifique expérience de journalisme indépendant (même si je ne suis pas toujours d'accord avec ses prises de position !).
Et j'ai envie de commencer ce feuilleton en cette veille de Journée Internationale des Femmes !

Annette BRIERRE

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